- Les danseurs québécois Alex Francoeur et Alexandre Carlos tentent leur chance à La France a un incroyable talent cette année.
- Ils ont proposé une chorégraphie sur le thème du coming-out, racontant la réaction d’un père lorsque son fils lui révèle être homosexuel.
- Leur numéro sera diffusé mardi 24 novembre sur M6 mais il a été mis en ligne sur les réseaux sociaux de la chaîne mardi. En quelques heures, la vidéo avait été vue des dizaines de milliers de fois.
Comment s’affirmer en tant que gay face au regard paternel ? C’est la question qu’abordent Alex Francoeur et Alexandre Carlos, alias Alex et Alex, dans leur chorégraphie présentée dans La France a un incroyable talent. Au rythme de Kid, le tube d’
Eddy de Pretto dézinguant l’injonction à la virilité, les deux Québécois livrent une performance émouvante sur le thème du
coming-out. Le numéro sera diffusé mardi soir prochain sur
M6 mais il a déjà été dévoilé sur les réseaux sociaux où il ne laisse pas indifférent.
20 Minutes a profité de l’occasion pour s’entretenir, par Zoom, avec les deux danseurs.
La chorégraphie que vous avez présentée parle du coming-out. Pourquoi ce thème ?
Alexandre Carlos : Nous avons déjà dansé cette chorégraphie l’an dernier dans une émission [le concours de danse Révolution] à Montréal. Nous voulions un numéro personnel, qui nous réunisse. Le thème du coming-out est venu assez vite. Alex et moi avons fait le nôtre à l’âge de 17 ans. On a voulu jouer les personnages du père et du fils, avec le père qui réagit brutalement à la nouvelle. Nos parents n’ont pas réagi comme ça. Ils se sont adaptés et faits à l’idée que nous étions gays. Ils sont là pour nous et nous encouragent tout le temps. Notre chorégraphie représente beaucoup de choses qu’on a entendues, notamment de la part d’amis proches qui n’ont pas vécu leur coming-out aussi facilement que nous. Si on n’arrive pas à se faire accepter par sa famille, ça peut conduire à des gestes cruels comme le suicide. On montre la prise de conscience du parent qui comprend que la vie de son enfant vaut plus que tout.
A.F. : La chorégraphie et son message partent du mot « vulnérabilité ». Au-delà du coming-out ou d’être homosexuel, deux hommes, dans notre société ont du mal à ne serait-ce que se dire « Je t’aime ». On a choisi de mettre en scène un père et un fils. On est choyés, nos pères nous ont appris qu’il n’y avait pas de honte à pleurer. On a été élevé dans cette idée-là et je crois qu’on a aussi aidé nos pères à assumer leur vulnérabilité. La société a besoin de ce message. Notre chorégraphie montre que ce n’est pas facile, mais qu’on peut y arriver et qu’à l’arrivée, il y aura de l’amour et du réconfort.
Vous pensez que cela peut inspirer, aider, des jeunes qui n’ont pas encore fait leur coming-out ?
A.F. : Le sentiment de pouvoir ouvrir des discussions dans les foyers des gens est quelque chose qui nous motive. On a reçu énormément de témoignages à travers la présentation de cette chorégraphie depuis un an. Des parents nous disent : « On vient d’avoir un enfant et ça nous conscientise. Cela nous incite à ouvrir cette discussion avant même de savoir si notre enfant est homo ou non ». Ces réactions nous amènent à nous dire que l’art sert à quelque chose, peut avoir un but, au-delà de nous, et qu’on peut joindre l’utile à l’agréable.
A.C. : Ce matin, je me suis réveillé et j’ai reçu un message de quelqu’un en France nous disant que c’était son numéro coup de cœur, qu’il avait vécu du harcèlement scolaire et que de voir ça l’avait ramené à cette période. Cela prouve que des numéros comme ça peuvent transmettre un message et faire une légère différence. Au Québec, le public avait super bien réagi, on avait reçu énormément de soutien. Et recevoir ce mot ce matin m’a fait vraiment du bien. On est content que notre message passe aussi de l’autre côté de l’Atlantique.
La vidéo de votre prestation dans « La France a un incroyable talent » a été mise en ligne mardi soir. Les réactions sont nombreuses ?
A.F. : Il y a de l’intérêt. On le voit à travers nos réseaux sociaux. Hier [mardi], je ne pouvais pas décrocher mon téléphone, je n’arrêtais de recevoir des notifications. Ce matin, la vidéo en est déjà à plus de 600.000 vues. On voit que les gens ont besoin de ce message, sont touchés. Je crois que ça va être encore plus fort quand ils vont voir cette chorégraphie assis dans leur salon, en étant attentifs à l’écran. On a hâte que cette danse entre chez les gens, dans leur salon, et qu’elle puisse ouvrir la discussion.
D’incroyables quatorzaines
La pandémie de coronavirus n’a pas épargné La France a un incroyable talent. En plus de compliquer la préparation de l’émission – et notamment le casting, effectué à distance –, le Covid-19 a obligé la production a reporté le tournage après que le juré Eric Antoine a été testé positif. Pour les candidats, il a fallu jongler entre les gestes barrière et le casse-tête des voyages internationaux. Alex et Alex, en tant que Québécois, en savent quelque chose. Alex Francoeur raconte : « On devait être à l’affût des mesures sanitaires, de ce qui changeait ou non. Nous sommes venus une première fois fin août pour l’audition et c’était le jour où Eric Antoine a été testé positif au Covid-19, donc on a fait le voyage pour rien (rires). A notre retour à Montréal, on a dû se mettre en quatorzaine. On avait vraiment envie de revenir dans l’émission et la production aussi, donc on a organisé notre second trajet vers Paris, anticipé la nouvelle quatorzaine qu’on devrait faire au retour. Mais revenir en France valait le coup, parce qu’on a reçu beaucoup d’amour. »
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