• Après une annulation et deux reports en un an et demi, la troisième édition de Séries Mania va enfin se dérouler du 26 août au 2 septembre.
  • Dans un entretien accordé à 20 Minutes, Laurence Herszberg, directrice générale du festival international de séries, revient sur cette période compliquée et explique en détail le programme de ce cru 2021 si particulier.

Enfin. Après une annulation en 2020 et deux reports à cause de la pandémie, la troisième édition de Séries Mania débute ce jeudi 26 août à Lille et va s’étendre jusqu’au 2 septembre. Après deux premières éditions nordistes plutôt réussies, le festival international des séries a été stoppé en plein élan par la crise sanitaire.

Un an et demi après la date prévue, Séries Mania reprend donc son envol à des dates inhabituelles et sans immenses stars internationales en raison du contexte actuel. Mais comme l’explique Laurence Herszberg, directrice générale de Séries Mania, l’essentiel était surtout de relancer la machine et de retrouver le public pour cette édition 2021 forcément particulière

Après une annulation en 2020 et deux reports à cause de la pandémie, la troisième édition de Séries Mania va enfin débuter ce jeudi à Lille. Êtes-vous soulagée ?

C’est sûr qu’on est heureux de retrouver le public, de retrouver les Lillois et de pouvoir faire notre métier en fait. Il y a de nouveau un contact entre les spectateurs, les créateurs, ceux qui viennent faire les conférences et toute l’équipe de Séries Mania qui fait le liant entre tous. Après, vous dire que c’est simple serait mentir. Ce n’est pas facile d’organiser un festival fin août en période de pandémie. Mais c’est stimulant et on sent que tout le monde a envie de se retrouver. Et ça, c’est plutôt bien.

Avez-vous douté jusqu’au bout de la tenue de cette troisième édition ?

Non. A partir du moment où on a annoncé que ça se passerait fin août, je n’ai plus eu de doutes. Je savais qu’on ajusterait avec par exemple des invités internationaux qui ne viendraient pas ou la mise en place du pass sanitaire qui fait qu’on aura certainement des jauges un peu moins importantes que d’habitude dans les salles. Mais je ne vais pas compter le festival en termes de fréquentation cette année. Je vais l’évaluer en termes de bonne humeur et de retrouvailles. C’est ça qui m’importe. Etre là, c’est déjà bien.

Au vu de tous les bouleversements de ces 18 mois de pandémie, avez-vous eu des envies de jeter l’éponge ?

Non. J’étais stressée, j’ai mangé beaucoup de chocolat mais on est une équipe formidable et très soudée à Séries Mania. Et à chaque fois, on a rebondi ensemble. Quand il y en avait un qui avait un peu moins le moral, tous les autres venaient le soutenir. C’est la meilleure équipe que j’ai eue depuis que je travaille dans la culture. Et la force de ce groupe fait qu’on a réussi à surpasser les difficultés.

Les deux premières éditions avaient eu lieu fin mars. Est-ce que Séries Mania pourrait être désormais programmé fin août ?

Jamais, plus jamais en août. Ce n’est pas commode car tout le monde est en vacances en juillet-aout et c’est compliqué de travailler. En plus, on a besoin des étudiants pour ce festival à Lille où il y en a beaucoup sauf en été. Et puis il y a aussi d’autres festivals déjà installés sur ce créneau d’août-début septembre comme celui de La Rochelle ou d’Angoulême. Nous, on vient culbuter un jeu déjà installé. Donc non, ce ne sont pas des bonnes dates. Et surtout, ce ne sont pas nos dates.

Ça veut dire que vous travaillez déjà sur une édition pour mars 2022 ?

J’ai déjà quelques idées pour la prochaine édition mais laissez-moi déjà le plaisir de savourer ce festival après deux ans d’absence. Cette édition 2021 a été tellement difficile à accoucher qu’il faut qu’on la vive pleinement.

Justement, que doit-on attendre de cette édition 2021 de Séries Mania ?

C’est vraiment une édition placée sous le signe des retrouvailles et de la convivialité. On a plus de 2.000 accrédités alors qu’on pensait en avoir 1.000 à 1.500. Ce sera un festival populaire avec une programmation exigeante. On aura des feuilletons grand public comme « Demain nous appartient » ou « Un si grand soleil ». Il y aura aussi des invités comme Muriel Robin qui viendra parler de ses rôles dramatiques dans les séries. Et on aura aussi des invités particuliers comme l’ancien premier ministre Edouard Philippe. On lui a demandé de prendre un peu de recul sur les séries et de donner son éclairage sur la politique. Il parlera donc de politique et de séries à l’occasion de l’adaptation de son livre « Dans l’ombre ». Au total, on aura 180 invités.

Qui sera la grande star internationale de ce cru 2021 ?

Ce sera Audra McDonald. Elle est un peu moins connue en France qu’aux Etats-Unis où elle est une super star. C’est à la fois une comédienne, une chanteuse lyrique mais aussi une actrice de séries. Elle sait tout faire et c’est aussi une femme engagée. Elle vient recevoir le premier Etoile award qui est une récompense que l’on crée pour récompenser une personnalité internationale qui a contribué au monde des séries. Elle vient aussi présenter « The Bite », une série qui est le seul show conçu autour du Covid dans cette édition. Elle y incarne une dermato confinée chez elle qui fait ses consultations par Zoom. Et elle se rend compte que les gens infectés par le virus deviennent des zombies. Ce qui donne lieu à des scènes hilarantes.

Quels sont les thèmes principaux abordés cette année dans les séries retenues ?

Ce sont les luttes sociales qu’amorce bien la série Germinal dans une nouvelle adaptation du roman d’Emile Zola. Il y a moins de luttes politiques cette année mais il y a plus de conflits sociaux qui sont abordés dans les séries. On voit les sujets socio-économiques qui percent à travers notamment des figures féminines.

C’est une vision du monde assez pessimiste…

Oui mais il n’y aura pas que ça. Il y aura des séries qui font rire notamment « Nona et ses filles » avec Miou Miou qui se retrouve enceinte à 70 ans. On aura aussi une nuit de la comédie et puis l’arrivée de stand uppers comme Nora Hamzawi ou encore Ramzy Bedia qui viendront parler des séries de stand up qui les ont inspirés. En fait, la tendance n’est pas sombre, elle est assez éclectique.

Avec cette pandémie et ces bouleversements incessants depuis un an et demi, la réalité n’a-t-elle pas dépassé la fiction des séries ?

En fait, les scénaristes ont été les premiers à parler du virus. En 2014, la série néerlandaise Cordon parlait d’un virus échappé d’un laboratoire qui contaminait les gens aux alentours au point de fermer le quartier pour éviter que les gens aillent contaminer d’autres endroits de la ville. Ça a quelques réminiscences avec la situation actuelle. Même chose en 2019 où une série allemande Sloborn voit un virus respiratoire envahir toute une île mise en quarantaine. Les scénaristes ont été les premiers à imaginer qu’un virus pouvait prendre le pas sur les situations de la vie quotidienne.

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