À chaque rentrée, sa nouvelle sensation américaine, celle de janvier a pour nom Ocean Vuong dont le premier roman est un émerveillement.

La crise des opioïdes, les douleurs de l’exil, l’isolement d’une jeunesse négligée… Il y a tant de contemporain dans ce roman, et Ocean Vuong, né au Vietnam en 1988, est si charismatique et attachant, que l’on pourrait croire à un phénomène de mode. Mais « Un bref instant de splendeur » est un livre aux racines profondes et aux branches dressées vers le ciel. Un ouvrage beau et cru, terrible mais bercé d’une lumière délicate, qui a fait de Vuong une star en Amérique. Un héros presque. Pour les homosexuels, les Asiatiques-Américains, les jeunes, les poètes aussi, lui qui a étudié la poésie à l’université de New York et s’est d’abord fait connaître en publiant ses vers dans les publications les plus réputées du pays.  

« Un bref instant de splendeur » est avant tout une bouteille à la mère. « Chère Maman, j’écris pour me rapprocher de toi », débute-t-il, avant de remonter le fil du temps pour narrer, par images, émotions, sensations, la genèse de son existence et de son enfance dans le giron d’une femme marquée par le traumatisme de la violence. Et puis la découverte, parfois brutale, de la sensualité avec Trevor, un garçon américain, jusque dans ses douleurs les plus vives, qu’il étouffe dans la drogue et l’alcool. Enfin, surtout, il y a l’éveil à la beauté, la sienne et celle du monde, qui darde ses rayons sur chaque passage. Oscillant entre terre et ciel, corps et âme, boue et splendeur, l’écriture d’Ocean Vuong caresse et griffe, imprimant chez la lectrice des images indélébiles : une jeune Vietnamienne face à des soldats américains en 1968, une femme à genoux en train de faire une pédicure à une unijambiste, deux garçons s’apprivoisant dans un champ de tabac… À tous ceux-là, Vuong donne une voix. Qui reste vive une fois le livre refermé.     






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VUONG Ocean COUV Un bref instant de splendeur

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« UN BREF INSTANT DE SPLENDEUR », d’Ocean Vuong, traduit de l’anglais par Marguerite Capelle (Gallimard, 288 p.). En librairie le 7 janvier.

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