Elles sont quatre. Les anciens mannequins Carré Otis, Jill Dodd, Ebba Karlsson, ainsi que la journaliste Lisa Brinkworth ont ces dernières semaines porté plainte pour « viol et agression sexuelle » – y compris sur mineures- contre Gérard Marie, agent de mannequin iconique.
Après que le parquet de Paris a ouvert une enquête et que trois nouvelles femmes ont pris la parole, rejointes c samedi par à cinq autres femmes, la top modèle Linda Evangelista, marié avec l’agent entre 1987 et 1993 a décidé de prendre parti pour les présupposées victimes de son ex-mari.
« Je crois qu’elles disent la vérité »
C’est un nouveau coup de tonnerre qui frappe l’industrie de la mode après une année bouleversée par la covid-19. Une fois encore, l’une de ses personnalités iconique se retrouve sur le banc des accusés. Gérald Marie, ancien patron de l’agence de mannequins Élite Europe qui officie aujourd’hui au sein de Oui Management est accusé de viol et agression sexuelle par quatre femmes pour des faits remontant aux années 80 et 90.
S’il a été accusé des mêmes faits dans le passé, et à plusieurs reprises, pour la première fois l’agent de mannequins pourrait bien se retrouver devant les tribunaux. Dans les années 90, devant les révélations d’une enquête de la BBC, Gérald Marie fait le tour des plateaux tv pour redorer son blason.
Au cours de ma relation avec Gérald Marie, je ne savais rien de ces allégations sexuelles contre lui
Lorsque Christine Bolster, mannequin et ancienne compagne pendant 6 ans, raconte en 1995 au journaliste américain Michael Gross comment Gérald Marie l’aurait violé dans son bureau alors qu’elle n’avait que quinze ans, l’homme répond sur un plateau télé : Pauvre chérie. Elle ment sur son âge et elle se venge parce que je l’ai quittée pour Linda Evangelista. »
Le nom de Linda Evangelista, supermodèle légendaire des années 90, considérée comme l’une des plus belles femmes du monde, réputée pour sa phrase : « Je ne me lève pas le matin à moins de 10 000 dollars », tombe ici comme un couperet et sert de paravent face aux accusations. Avec une telle femme à son bras, cet homme peut-il vraiment être un agresseur ?
« Au cours de ma relation avec Gérald Marie, je ne savais rien de ces allégations sexuelles contre lui, donc je n’ai pas pu aider ces femmes ». Ce sont ces mots qu’a prononcés Linda Evangelista, moins d’un mois après le début de la polémique entourant son ancien compagnon, à The Guardian’s Weekend magazine ce 16 octobre 2020.
En les entendant maintenant, et en me basant sur mes propres expériences, je crois qu’elles disent la vérité
Elle ajoute : « En les entendant maintenant, et en me basant sur mes propres expériences, je crois qu’elles disent la vérité. Cela me brise le cœur, car ce sont des blessures qui ne guérissent peut-être jamais, et j’admire leur courage et leur force de prendre la parole aujourd’hui ».
Une prise de parole et de position claire et concise qui prouve que la supermodèle refuse que son nom puisse continuer à être utilisé comme faire valoir et protection de Gérald Marie. Evangelista devient ainsi l’une des rares femmes à apporter publiquement son soutien aux victimes supposées de son ex-mari.
9 femmes mettent désormais Gérald Marie en accusation
Tandis que Linda Evangelista prend la parole, cinq autres femmes ont décidé de porter des accusations contre Gérald Marie et quatre d’entre elles prennent la parole dans The Guardian ce samedi 1è octobre, aux côtés des premières à avoir révélé les agissements de l’agent. Wendy Walsh, Ann Maguire, EJ Moran, Shawna Lee disent toutes avoir été sexuellement agressées par Gérald Marie entre 1980 et 1998.
Déjà, le 14 octobre, L’Obs publiait un article dans lequel l’avocate de Lisa Brinkworth, Anne-Claire Lejeune, révélait : « J’ai entre les mains les témoignages de huit anciens mannequins qui ne se connaissent pas et qui, pourtant, décrivent des faits similaires : Gérald Marie les attirant chez lui au prétexte de leur montrer des photos et les violant avec une grande brutalité. »
Face à ces nouvelles accusations, l’homme continue de nier. « Il ne serait pas approprié pour moi de commenter pour le moment les allégations d’actes répréhensibles historiques portés contre moi, sauf pour préciser que je les nie catégoriquement. » a-t-il expliqué au Sunday Times.
À l’heure où nombreux sont les médias comme les personnalités publiques à discuter -et à se méfier- de la « cancel culture« , de peur qu’une parole libre mette des innocents en accusation ou promeuve la censure, un cas comme celui de Gérald Marie -et bien d’autres- tend à entacher cette vision réactionnaire.
Marie Anderson, ancienne booker et vice-présidente d’Elite Chicago conclut auprès du Guardian : « Je ne peux plus trouver un emploi dans l’industrie du mannequinat car j’ai été ostracisé pour avoir parlé de ce genre de choses », soulignant par la même que Gérald Marie lui soit toujours impliqué dans une agence. Elle ajoute : « C’est la preuve vivante que la mentalité sectaire existe toujours et que le code du silence demeure. »
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