Les bienfaits du chrome sur notre santé sont nombreux : nécessaire à l’organisme, il permet de réguler les glucides sécrétées par le pancréas, à maîtriser l’arrivée du sucre de l’alimentation dans le sang ou encore booster la masse maigre au détriment du gras. 

Le point sur les promesses de ce coup de pouce minceur. 

À quoi sert le chrome ?

On ne badine pas avec le chrome : cet oligoélément ultra-efficace, est essentiel à l’organisme. Sachant que l’on peut passer d’un bénéfice incontestable à une efficacité zéro selon la dose prise et les besoins de chacune, qui a intérêt à en avaler en comprimé ?

C’est le coéquipier de l’insuline, l’hormone de stockage et de régulation des glucides sécrétée par le pancréas. Il l’aide à maîtriser l’arrivée du sucre de l’alimentation dans le sang, à le faire pénétrer dans les cellules et à en stabiliser le taux sanguin – la glycémie – à un niveau normal. Lorsque le système se détraque, lorsque les cellules sont moins sensibles aux sécrétions d’insuline, l’organisme doit en produire davantage.

Le corps finit par développer une résistance (l’insulino-résistance), qui va souvent de pair avec un déficit en chrome. Ce qui fait le lit, entre autres, du stockage massif du gras dans les adipocytes.

En effet, le sucre ingéré non utilisé par l’organisme est transformé en lipides et stocké dans les cellules graisseuses.

Autres conséquences de ce dysfonctionnement : le syndrome métabolique (les lipides se fixent spécifiquement au niveau du ventre et de l’estomac avec, en plus, soit un taux de sucre et/ou de triglycérides à la hausse, soit un cholestérol HDL – le bon – à la baisse), le surpoids, bien sûr, et le diabète.

De plus, « une insuline inefficace entraîne une augmentation de la lipogénèse et du stockage des lipides. On perd alors des protéines musculaires. Mais, au contraire, si l’insuline fonctionne normalement, on maintient la synthèse des protéines et on préserve notre masse maigre », explique la professeure Anne-Marie Roussel, de l’université Joseph-Fourier de Grenoble. Le chrome accentue justement l’action de l’insuline.

De plus, il augmente le cholestérol HDL – le bon cholestérol – et fait baisser les triglycérides, participant ainsi à prévenir l’accumulation des graisses à l’intérieur des vaisseaux.

De quelle dose journalière de chrome avons-nous besoin ?

Nos besoins journaliers en chrome sont de 60 à 65 microgrammes (µg). Or nous n’en absorbons guère plus de 40 µg.

« Même avec une alimentation équilibrée, on peut être déficitaire, sans être carencée pour autant », souligne le professeur Xavier Leverve, du laboratoire de nutrition humaine et sécurité des aliments à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).

On trouve du chrome principalement dans le foie, les épices, le jaune d’œuf et la levure de bière, mais à des doses infimes.

Ces dernières n’atteignent pas 10 µg/100 g pour les céréales complètes, le thym, les fruits de mer et les végétaux (brocolis, haricots verts, pommes de terre, prunes, germes de blé, champignons). Pour bien faire, il faudrait les avaler non raffinés et sans lésiner. Ainsi, 1 kg de blé entier fournit 175 µg de chrome; une fois raffiné, il n’en reste plus que 23 µg.

Par ailleurs, « il y a une grande différence entre le taux de chrome d’un aliment et la quantité qui profite véritablement à l’organisme. La même dose dans des menus différents peut aboutir à une absorption moindre, du fait de l’interaction de certains composants », ajoute le chercheur à l’Inra. Le stress aussi augmente nos besoins.

Le chrome, un booster de métabolisme

Le petit déficit de nos assiettes est-il à l’origine de nos bourrelets ? Non puisqu’il est trop faible.

En revanche, si on est en ménopause ou pré-ménopause, si on a de la graisse abdominale ou un surpoids important, il est possible que l’on ait un réel déficit en chrome. Une résistance à l’insuline accentue votre tendance à accumuler les graisses.

Second point important : le chrome, en soi, ne fait pas mincir. 

En revanche, « il augmente la masse maigre, c’est-à-dire les muscles. Or ces derniers sont grands consommateurs d’énergie. Grâce au chrome, le métabolisme de base est donc augmenté – le corps brûle plus de calories qu’il n’en dépense habituellement pour faire battre le cœur, maintenir la température à 37 °C, sécréter les hormones… Au final, on consomme davantage d’énergie, et donc plus de gras », explique la nutritionniste Kathy Bonan.

En outre, « en assistant l’insuline, le chrome normalise une glycémie constante, sans pics, ce qui réduirait le stockage du gras », indique Pascale Seite, pharmacienne du laboratoire Forté Pharma.

Il permettrait aussi de tordre le coup au trio infernal hypoglycémie/coup de pompe/fringales sucrées. « Une étude publiée en 2005 dans le “Journal of Psychiatric Practice” montre que le chrome diminuerait les grignotages compulsifs sucrés, ajoute la docteure Bonan, notamment lors de coups de blues, des moments de fatigue en fin d’après-midi et lors du syndrome prémenstruel ».

Que penser des compléments alimentaires au chrome ?

« On peut compléter la part de l’alimentation avec 25 µg pour atteindre les 60 à 65 µg recommandés », indique la professeure Roussel. Le déficit est petit, la dose aussi. Mais pour booster la masse maigre au détriment du gras, il faut augmenter sérieusement les doses.

Un geste intéressant chez certaines femmes: « Oui à cette supplémentation, efficace et utile, pour celles dont les apports en chrome sont déficitaires – à savoir les femmes qui sont autour de la ménopause ou qui présentent une graisse abdominale dans un syndrome métabolique, un surpoids important ou une obésité. Elles vont restaurer leur masse maigre et la maintenir », clarifie Anne-Marie Roussel.

Un atout intéressant, quand on sait que la baisse de la masse maigre c’est l’épanouissement annoncé de la masse grasse.

Mais attention : « Prendre une supplémentation préventive élevée pour rester mince, cela n’a aucun effet chez les femmes jeunes en pleine santé », insiste la professeure. Pour être sûre d’ingérer la bonne quantité de chrome, il faut lire scrupuleusement les étiquettes et ne pas se contenter de l’appellation « chrome ».

Les scientifiques sont unanimes: « En dessous de 25 µg, le chrome ne sert strictement à rien, c’est du marketing« , prévient Anne-Marie Roussel.

Chrome : attention aux dosages !

L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments va plus loin, concernant les  fabricants : « Mettre un tout petit peu de chrome ne coûte pas très cher et permet de dire au consommateur que le produit en renferme tout restant dans les directives de la législation. Avec, au final, un produit inutile, sans intérêt nutritionnel », déclare la professeure Irène Margaritis, responsable de l’unité d’évaluation sur la nutrition et les risques nutritionnels.

Si le dosage recommandé en France est de 25 µg, les directives européennes sont autres.

Ces dernières sont fondées sur le principe de « libre circulation des denrées alimentaires entre les pays ». Or les compléments alimentaires sont considérés comme des aliments et non des médicaments. En clair, si un complément est déjà autorisé sur le marché espagnol, britannique ou portugais, à un dosage nettement supérieur et sous une forme différente de celle autorisée en France, ce même complément – bien que non autorisé dans l’Hexagone – peut être vendu en toute légalité européenne dans nos pharmacies et parapharmacies.

On trouve donc tous les dosages : 25, 60, 100, 200 µg… La professeure Roussel suggère de prendre des compléments de « 120 µg par cure de trois mois, avec un arrêt d’un mois, uniquement pour les femmes qui sont dans la seconde partie de la vie ou qui présentent les symptômes évoqués précédemment ».

Reste que, selon l’expérience de chaque nutritionniste et l’avancée des différentes études, la science ne s’accorde pas toujours à l’unisson.

Ainsi, partant du principe que « même en suivant un régime non strict, les apports en minéraux sont réduits », la nutritionniste Kathy Bonan préconise aux femmes adultes « 180 µg de chrome en début de régime, puis, dès la phase de stabilisation, en cure d’un mois tous les trois mois; ou à l’année, en entretien, si l’on est particulièrement sujette aux pulsions sucrées et si l’on supporte de prendre des comprimés non-stop ».

Y a-t-il des risques de surdosage ? Absolument pas. « Notre organisme sait se protéger. Lorsque l’on n’a pas besoin de chrome ou lorsqu’il y en a en trop grande quantité dans l’organisme, l’absorption diminue. Aucun impact non plus sur la thyroïde avec du chrome pris par voie orale, en complément ou dans l’alimentation, rassure le professeur Xavier Leverve.

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