Si la semaine dernière, une étude britannique émettait l’hypothèse que l’immunité basée sur les anticorps d’une personne guérie pouvait disparaître au bout de quelques mois, à l’international, la Recherche continue de se mobiliser pour l’élaboration d’un vaccin contre la COVID-19 et certains premiers résultats sont encourageants.
Les essais cliniques de deux projets de vaccin ont ainsi été publiés dans la revue médicale The Lancet, lundi 20 juillet. L’un est chinois, l’autre est britannique et selon un billet publié sur le site de l’université d’Oxford le même jour, ce dernier produirait « une forte réponse immunitaire« .
Pour mettre au point ces projets, les chercheurs anglais et wuhannais sont partis d’un adénovirus qui a été génétiquement modifié pour produire la « spike » (ou protéine de pointe) du SARS-CoV-2, dans le but que le système immunitaire du patient puisse l’identifier si la personne est infectée.
Des essais cliniques en phase préliminaire
Le projet britannique a été développé par le groupe pharmaceutique AstraZenaca et les chercheurs de l’université d’Oxford. Vingt-huit jours après l’injection du candidat-vaccin, plus de 90% des 1077 patients volontaires présentaient des anticorps neutralisants dans leur sang. On y trouvait aussi – chez tous les patient – des lymphocytes T (qui détiennent un rôle important dans la réponse immunitaire secondaire).
Le projet chinois a lui été financé par CanSino Biologic et est le fruit du travail de chercheurs basés à Wuhan et dépendants de plusieurs organismes. 508 personnes ont participé au test et un peu moins de 85% d’entre elles présentaient, à la suite de l’injection, des anticorps neutralisants et 90% produisaient des lymphocytes T.
Cependant, il s’agit là de la phase préliminaire (phase 1/2 et 2) pour les deux projets de vaccin. Cette phase montre notamment la tolérance et l’apparition d’une réponse immunitaire en réaction au vaccin, comparé à un placebo.
Avant de pouvoir envisager l’idée d’une commercialisation, il faudra d’abord passer par une dernière phase de test (essai de phase 3), celle-ci permettra d’établir, ou non, l’efficacité des vaccins sur un échantillon de personnes plus important.
Pas d’effets secondaires graves mais une efficacité moindre chez les patients âgés
Pour l’instant, les deux essais n’ont pas provoqué d’effets secondaires graves. Malgré tout, ils peuvent entraîner de la fièvre, des maux de tête, de la fatigue ou encore une douleur au niveau de la piqûre selon les premières observations.
Cependant, tous les profils ne semblent réagir de la même façon à l’injection. Si seul l’essai des chercheurs de Wuhan incluait des personnes de plus de 55 ans, les taux d’anticorps observés chez elles étaient moins élevés que chez les patients plus jeunes.
Selon le Pr Wei Chen de l’Institut de biotechnologie de Pékin, co-auteur de l’étude et cité par Le Monde : « il est possible qu’une dose supplémentaire soit nécessaire pour entraîner une réponse immunitaire plus forte dans la population âgée. »
Un pas dans la bonne direction, mais pas une victoire
L’avancée notable n’a pas manqué de susciter les réactions comme celle du Premier Ministre britannique, Boris Johnson, lui-même touché par le nouveau coronavirus il y a quelques mois. Dans un tweet, il a salué le travail des équipes de chercheurs en qualifiant la nouvelle de « très positive », mais s’est voulu prudent en ajoutant un « nous n’y sommes pas encore ».
Du côté des chercheurs, la réserve est aussi de mise, même si Sarah Gilbert de l’université d’Oxford reconnait auprès de l’agence de presse Reuters que « si [leur] vaccin s’avère efficace, c’est une option prometteuse, car ce type de vaccin peut être fabriqué facilement à grande échelle. »
Mais selon le Dr Bruno Hoen, directeur de la recherche médicale à l’Institut Pasteur, la mise en disposition d’un vaccin au grand public n’est pas pour demain. « Ce ne sera pas en 2020 et si c’est en 2021, ce sera juste un exploit », a-t-il déclaré à France Info, lundi 20 juillet.
Une chose est sûre, en attendant un traitement efficace contre la COVID-19, le meilleur moyen de se protéger reste d’appliquer les gestes barrières au quotidien.
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