Ces Françaises aux idées progressistes ont été les premières grandes figures féminines du journalisme.

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Louise-Félicité de Kéralio, première rédactrice en chef

Femme de lettres, historienne et traductrice d’anglais, cette aristocrate d’origine bretonne est initiée à la presse d’Ancien Régime par son père, Louis-Félix de Kéralio, militaire, académicien et rédacteur au Journal des Savants. En 1789, Louise-Félicité épouse la cause révolutionnaire et fonde l’hebdomadaire Le Journal d’Etat et du citoyen, qui deviendra quotidien sous le nom de Mercure national – des publications influentes, mais à la diffusion restreinte. Première rédactrice en chef de l’histoire, elle n’est journaliste que deux ans, le temps de publier 204 numéros et 6700 pages, jusqu’à la naissance de son premier enfant. Elle diffuse ensuite ses idées républicaines dans les salons. Mais elle décède en exil à Bruxelles sous la Restauration, en 1822.

Delphine de Girardin, chroniqueuse spirituelle

Née Delphine Gay en 1804, fille d’un financier et d’une écrivaine qui dirige la revue Les causeries du monde, la jeune poétesse est une figure des salons littéraires. Son mariage avec Emile de Girardin, fondateur du quotidien La Presse, lui en ouvre les colonnes. Ses chroniques hebdomadaires signées Charles de Launay traitent de l’ordinaire et de l’exceptionnel avec beaucoup d’esprit. Elles connaissent un grand succès. Delphine de Girardin ne révèlera son identité aux lecteurs qu’en 1848. Journaliste de boudoir certes. Mais son influence dépasse le cadre du papier. Ses salons sont fréquentés par de grandes plumes : Victor Hugo, Alexandre Dumas, George Sand, Théophile Gautier… Elle consacre même un roman à la canne aux turquoises de son ami Honoré de Balzac.

Séverine, reporter engagée

La vocation de Caroline Rémy naît de sa rencontre avec Jules Vallès, communard exilé, fondateur du quotidien Le Cri du peuple. Initiée au journalisme et au socialisme, elle l’aide à relancer le titre en 1883 grâce aux donations de son mari. Elle y publie Les idées d’une Parisienne, sous le pseudonyme de Séverine, avant de prendre la direction du journal. Féministe, elle choisit ensuite la liberté et signe dans plusieurs journaux sous différents noms de plume. Elle est considérée comme la première reporter professionnelle, réalisant de véritables enquêtes de terrain, déguisée notamment en ouvrière.

Marguerite Durand, frondeuse féministe

Son grand-père était journaliste, sa mère signait dans Gil Blas. Actrice, elle-même se fait d’abord connaître à la Comédie-Française. Mariée à Georges Laguerre, créateur de La Presse, Marguerite Durand (1864-1936) découvre avec lui le journalisme. Elle signe dans Le Figaro, puis dirige son supplément, Le Courrier du Figaro. Féministe, elle lance La Fronde, quotidien puis mensuel entièrement conçu par des femmes (des journalistes aux typographes), mais destiné à un lectorat mixte. Puis ce sera L’Action, quotidien anticlérical et socialiste. Elle a légué à la ville de Paris sa documentation sur l’histoire des femmes, à l’origine d’une bibliothèque spécialisée qui porte son nom.

Jane Misme, pour le droit de vote

Jeanne Maurice, dite Jane Misme, découvre le journalisme à plus de 30 ans, à la fin du XIXe siècle. Dans Le Figaro, Le Matin et La Revue de Paris, elle écrit sur le rôle social des femmes et sur leurs droits. Critique dramatique pour La Fronde, elle crée en 1906 La Française, un hebdomadaire féministe – mais ouvert aux signatures masculines. Le journal, plus modéré que pamphlétaire, devient l’organe officiel du Conseil national des femmes françaises, qui regroupe nombre d’associations féminines. Elle s’est ardemment battue pour le droit de vote des femmes, qui deviendra réalité neuf ans après sa mort en 1935.

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Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Histoire n°15 septembre-octobre 2020

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