La « positive attitude » n’est pas une qualité innée ! Alors, comment aider les 7-12 ans à retenir le bon côté des choses, surtout quand on a soi-même du mal à rester enthousiaste?
Les enfants seraient optimistes par nature ? Non, en tout cas pas à partir de 7 ans, alors qu’ils commencent à structurer leur pensée et leur vocabulaire. « A cet âge, ils apprennent à mesurer l’aspect positif des choses ou, au contraire, à porter leur attention sur les événements négatifs », souligne Cécile Neuville¹, psychologue. Et, bien sûr, cela dépend de nous, parents. Vous êtes un grand optimiste ? Tant mieux, les neurosciences ont montré que cette qualité était contagieuse. En plus, elle dope les facultés intellectuelles, alimente la réussite, maintient en forme… Forte pression pour les parents un brin défaitistes ! Suivez la méthode pour leur apprendre à voir le verre à moitié plein.
Cultiver la « lucidité positive »
Faustine pense avoir trouvé la parade en épargnant à ses deux enfants de 6 et 8 ans toute nouvelle désagréable. Mauvaise idée. « Chercher à protéger l’enfant est contre-productif, prévient le psychologue Yves-Alexandre Thalmann². Il sent qu’on lui cache des choses et cela ne peut que l’inquiéter. La réalité est une série de faits bruts, c’est notre discours intérieur qui l’habille de sens (généralisations, jugements, suppositions…). Pour armer l’enfant, mieux vaut développer un optimisme lucide ».
Comment ? Ne pas nier une situation qui nous inquiète, sans pour autant se laisser abattre et en se gardant de toute phrase définitive (« Le monde est foutu », « Qu’est-ce qu’on va devenir ? »). Il y a toujours des raisons d’espérer (« On va s’en sortir et aller de l’avant »). Entre plusieurs visions, a priori aussi valables les unes que les autres, on choisit la meilleure.
Par exemple, quand Rémi, 11 ans, se retrouve sans nouvelles de son meilleur ami, il pense aussitôt : « Je ne l’intéresse plus ». On peut l’encourager à envisager une explication tout aussi plausible (maladie, contretemps…). Même si c’est inexact, Rémi apprendra à développer une autre réflexion et, avec elle, un système de défense en positif.
Reformuler nos expressions
Notre manière de parler impacte notre humeur et celle de nos enfants. D’ailleurs, les formulations négatives sont difficilement assimilables par le cerveau : si l’on vous demande de ne pas imaginer un éléphant rose, c’est la première chose que vous ferez ! La règle de base, selon Yves-Alexandre Thalmann : insister sur ce que l’on a, et non pas sur ce qui nous manque.
Comment ? On remplacera « N’aie pas peur » par « Aie confiance » ; « N’oublie pas de… » par « Rappelle-toi » ; « Ce n’est pas grave » par « C’est surmontable »… « Plus que la négation, c’est le mot utilisé qui importe », précise Cécile Neuville. Dire “Je ne suis pas de bonne humeur” ou “Il ne fait pas beau” est préférable à “Je suis triste” ou “Il fait moche”… Anticiper sa façon de relater une contrariété doit devenir un réflexe. Proposez par exemple cet exercice sous forme de jeu en famille. Le premier qui s’exprime de manière critique ou non constructive a un gage ! », propose-t-elle.
Se concentrer sur les aptitudes
Au lieu de vouloir corriger les défauts, capitalisons les forces ! Selon Philippe Gabilliet³, professeur de psychologie à ESCP Europe, elles sont de trois types : les forces effectives, reconnues par nos proches et par nous-mêmes ; les forces « dormantes », inexploitées faute d’occasions ; et les « fausses faiblesses », défauts ou carences pouvant se transformer en points forts dans un autre contexte, avec une autre personne. Avec nos enfants, jouons sur tous ces tableaux à la fois !
Comment ? On incite l’enfant à tenir un journal quotidien de ses réussites. Puis l’on dresse un petit bilan de la journée ou de la semaine en lui demandant ce qu’il pense avoir réussi, appris, ce dont il est fier, quels progrès il a fait… « La confiance en soi aide à penser l’avenir autrement, à ne pas avoir peur de la vie et de ses obstacles », commente Cécile Neuville.
Les responsabiliser
Les pessimistes, plus fatalistes, se résignent facilement (« C’est le destin »), quand les optimistes sont convaincus d’influencer le cours des événements. « Subir, ou en avoir le sentiment, est un facteur d’aggravation du pessimisme », observe Yves-Alexandre Thalmann. Se pencher sur sa part de responsabilité dans ce qui arrive – de bon ou de mauvais – est bien plus positif.
Comment ? En cas d’échec, au lieu de plaindre l’enfant (« Tu n’as pas eu de chance ! ») ou, pire, d’accuser les autres (« C’est la faute d’Hugo »), faites-le réfléchir aux moyens qu’il pourrait mettre en œuvre à l’avenir pour augmenter ses chances de réussite : meilleure préparation, clarification du but à atteindre…
« Défocaliser » l’attention
Quand l’optimiste perçoit une difficulté comme passagère et contextuelle, le pessimiste a tendance à la grossir. « Cette erreur de focalisation est un biais cognitif consistant à accorder trop d’importance à ce que l’on pense au moment où on le pense, estime Yves-Alexandre Thalmann. Or, dès 7 ans, on peut apprendre à un enfant à relativiser et à se méfier des tours que peut lui jouer sa pensée ».
Comment ? « En lui disant d’abord : “Ça ira mieux demain.” Trois fois sur quatre, le problème paraît moins insurmontable ou s’est résolu », considère le psy. Rappelez-lui une épreuve passée : « Honnêtement, quel souvenir en gardes-tu ? » Cet exercice montre aussi que, avec le temps, la difficulté ou le chagrin n’apparaissent plus comme une montagne à gravir.
Encourager les petits plaisirs
On peut toute sa vie attendre le « grand bonheur » mais, pour doper son moral, mieux vaut apprendre à repérer les petites satisfactions du quotidien. Voilà qui provoque de la gratitude, le plus sûr moyen de cultiver un état d’esprit positif, selon le psychologue Robert Emmons4, dont les recherches montrent que les individus enclins à la reconnaissance manifestent plus d’énergie, éprouvent plus souvent des émotions positives, sont moins sujets à l’envie ou à l’agressivité.
Comment ? Au moment du coucher, lorsque l’enfant est réceptif, on peut lui demander de réfléchir sur les « trois bonnes choses », même minimes à ses yeux, qui lui sont arrivées dans la journée. Cela va obliger son cerveau à passer cette période en revue pour y repérer les points positifs. On peut aussi l’inviter à remercier régulièrement ses proches (pour un service, un cadeau, une attitude…) par gratitude et pas seulement par politesse. Lui montrer l’exemple sera, bien sûr, plus efficace qu’un long discours !
Positiver même les épreuves
C’est le secret des optimistes : savoir tirer du positif d’un chagrin ou d’une déception, en faire une occasion d’apprentissage. Et ce n’est qu’en puisant dans ses ressources que l’on apprend à se connaître et à grandir ! « Il s’agit d’aider l’enfant à ne pas raisonner uniquement en termes de satisfaction immédiate, à voir un peu plus loin que le bout de son nez », résume Yves-Alexandre Thalmann.
Comment ? S’engager dans une action ou une cause qui ne procure pas nécessairement de la joie sur le moment est un bon moyen d’en éprouver le bénéfice « secondaire ». Quand l’enfant offre un de ses jouets à une association, ramasse des mégots sur une plage ou respecte les consignes pour faciliter la vie de famille, il en découvre rapidement l’effet bénéfique sur son moral.
Il existe même des cours…
Le Réseau ateliers du bonheur, supervisé par la psychologue Cécile Neuville, organise régulièrement des sessions, partout en France, spécialement pour les enfants. Au programme : des tests pour révéler leurs forces, des jeux et des exercices de coaching issus des théories de la psychologie positive pour booster sa confiance en soi et apprendre à positiver. 15 € les deux heures d’atelier. Réservations sur atelierdubonheur.net.
1. Auteure de Mon p’tit cahier, pensée positive, Solar.
2. Auteur de la Psychologie positive : pour aller bien, Odile Jacob.
3. Auteur d’Eloge de l’optimisme, Saint-Simon.
4. Auteur de Merci !, Belfond.
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