Rami Sahli, un Niçois de 22 ans, a été filmé à son insu dans le blockbuster Sentinelle, diffusé sur Netflix, rapporte Nice-Matin vendredi 11 juin 2021. Traité de « barbu » dans le film, cet électricien a déposé plainte pour provocation publique à la discrimination, à la haine raciale.
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C’est une histoire rocambolesque qui s’est déroulée dans les rues de Nice. Rami Sahli, un électricien de 22 ans, a été filmé contre son gré dans le film Sentinelle, réalisé par le Français Julien Leclercq et diffusé sur Netflix, rapporte Nice-Matin vendredi 11 juin 2021. Le jeune homme ignorait totalement que son image avait été utilisée pour ce blockbuster, porté par l’actrice et mannequin franco-ukrainienne, Olga Kurylenko. C’est en recevant près de 80 messages sur son téléphone portable, quelques heures après la mise en ligne du film sur la plateforme de streaming en mars 2021, qu’il a été mis au courant. Il faut dire que ce film d’action cartonne, puisqu’il est arrivé en tête aux États-Unis et a été classé numéro deux en France. Mais Rami Sahli se serait bien passé de cette découverte…
Sentinelle raconte l’histoire de Klara, une interprète de l’Armée française traumatisée par la guerre en Syrie. À son retour en France, elle est affectée à l’opération Sentinelle à Nice. Dans la scène en question, Rami Sahli et l’un de ses collègues sont visés par le fusil d’assaut Famas de l’héroïne. « Deux jeunes barbus munis de sacs à dos se serrent la main et se séparent », entend-on dans l’audiodescription. « Certains étaient amusés, d’autres menaçants », confie le jeune homme au sujet des messages qu’il a reçus, dans les colonnes de Nice-Matin. « Ça va Rami ? Je t’ai vu dans un film sur Netflix, j’suis choqué. On parle de barbus, je comprends pas. Tout le monde parle de ça, fais attention à toi », lui a envoyé une connaissance. Un exemple parmi d’autres.
« Je vais commettre un attentat parce que j’ai un sac à dos et que je suis Maghrébin ? »
Auprès de nos confrères, Rami Sahli revient sur cette journée où la séquence a été tournée. « Le 2 décembre 2019, je sortais d’un chantier électrique près des restaurants de plage de la Prom’, avec un collègue. On s’est salués, et je suis rentré chez moi. Je n’ai pas vu de camion de tournage, rien », assure-t-il. Par ailleurs, aucun contrat n’a été signé pour qu’il figure dans ce film, précise le quotidien local. « L’audiodescription me traite de barbu. Je n’ai rien à voir avec l’islamisme, le terrorisme. La scène est tournée à l’endroit même de l’attentat Nice ! Je ne comprends pas comment le réalisateur peut me faire passer pour un terroriste », déplore-t-il avant de poursuivre : « Juste parce que je suis Maghrébin ? Parce que j’ai un sac à dos ? Et quoi ? Je vais commettre un attentat parce que j’ai un sac à dos et que je suis Maghrébin ? Ça fait plus de suspens, d’argent ? C’est ça le but ? » Le Niçois et son avocat, Maître Jean-Pascal Padovani, ont déposé plainte au pénal pour provocation publique à la discrimination, à la haine raciale. Ils ont également attaqué au civil pour atteinte au droit à l’image. L’audiodescription a, depuis, été modifiée. Quant à Netflix, « ils disent qu’il n’y a pas de préjudice », rapporte Maître Jean-Pascal Padovani. De son côté, Rami Sahli réclame des excuses et le retrait de son image dans le film et la bande-annonce.
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