Et si on rendait enfin à l’océan tout ce qu’il nous donne ? Les marques de cosmétiques, qui utilisent ses richesses bienfaisantes, se mobilisent aujourd’hui pour protéger les fonds marins. On surfe avec elles sur ce courant salutaire.
Longtemps, la mer a été la poubelle de notre confort. D’après l’ONG Greenpeace, entre 8 et 12 millions de tonnes de plastiques seraient déversées dans les océans chaque année. Sans compter tous les produits que nous rinçons : dentifrice, gel douche, shampooings, après-shampooings, gommage… Beaucoup de ces composants, non-biodégradables, se retrouvent dans les eaux usées ou polluent les nappes phréatiques. Dans l’œil du cyclone, l’industrie cosmétique navigue à vue, mais a bien l’intention de montrer l’exemple. Surtout avec les produits solaires, les plus incriminés, mais elle ne s’arrête pas là. Depuis quelques années, elle fait du bruit pour sauvegarder le monde du silence.
Un océan de bonnes actions
Avant de nettoyer les fonds marins, il faut déjà les respecter. Et ne pas piller leurs trésors. Depuis une quinzaine d’années, Phytomer duplique les algues nécessaires à la formulation de ses soins, par biotechnologie. Cette culture permet de les produire en grande quantité sans les prélever dans la mer et de repeupler la nature sauvage. Pendant les périodes de reproduction, une petite quantité d’ algues est récoltée en milieu originel. Leurs spores sont alors cultivées en labo, dans des couveuses d’algues qui ressemblent à des aquariums géants. Là, elles vont se multiplier grâce à une température de l’eau, une salinité et des éléments nutritifs très contrôlés. Elles sont ensuite réintroduites en mer pour poursuivre leur croissance. C’est le cas de l’algue wakamé, surnommée algue tisseuse, star de la gamme Hydra Originel pour ses propriétés d’hydratation intense. D’autres s’avèrent plus compliquées à faire pousser et nécessitent un bouturage avant une réintroduction délicate en milieu naturel.
Inonder sa peau de vitalité en préservant le poumon bleu de la planète ? C’est possible avec ces aventurières de la cosmétique marine que sont Phytomer, La Mer, Algologie ou encore Biotherm. Cette dernière s’engage plus que jamais au service de la vie aquatique avec un nouveau partenariat avec l’Institut océanographique de Monaco afin de promouvoir une meilleure connaissance et protection des océans. Via le programme Water Lovers, la marque noue aussi des partenariats avec la Fondation Tara Océan pour la recherche ou la Surfrider Foundation Europe, qui en 2020 a nettoyé 540 plages et collecté 465 m3 de déchets. Enfin, 1 % des ventes est reversé pour l’océan… On l’aide en achetant les éditions limitées signées par l’artiste engagée Coco Capitan.
Chez Algologie, le complexe maison Algo 4, qui entre dans la composition de tous les soins, a été élaboré à partir de cellules souches de plantes (chardon bleu, criste marine…) et d’algues marines (Undaria Pinnatifida), obtenues par biotechnologie, cette technique de reproduction in vitro permettant de reproduire à l’infini la partie la plus active des cellules. La microalgue Tetraselmis, utilisée pour ses propriétés oxygénantes dans les soins Yves Rocher, est elle aussi reproduite dans des photobioréacteurs (aquariums) de manière responsable sur l’île d’ Houat (Morbihan), à partir d’une souche prélevée en mer par des experts.
Faire plages nettes
Ren, la marque de cosmétiques bio made in England, a été l’une des premières à prendre la mesure du problème de la pollution par le plastique. Elle soutient l’organisation Surfrider, qui mène entre 800 et 2 000 nettoyages de plage par an dans le monde. Ainsi que l’ONG britannique Plastic Patrol, qui fait de l’éducation, de la sensibilisation, et récupère les déchets dans les cours d’eau avant qu’ils n’arrivent dans l’océan. Fin 2021, tous ses packagings seront recyclables, fabriqués avec du plastique recyclé et réutilisable. Pour accélérer ce mouvement green, la marque a créé We Are Allies, en association avec Bionessance, Caudalie, Herbivore Botanicals et Youth to the People. Chaque marque alliée s’est engagée à fournir des emballages plus respectueux d’ici à 2025.
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«Nous prenons aujourd’hui l’ engagement de ramasser et de recycler autant de déchets plastiques que nous en produisons», déclarent Mathilde et Bertrand Thomas, les créateurs de Caudalie. Avec 100 % Plastic Collect, ils se sont associés à l’entreprise environnementale Pur Projet pour collecter, recycler et réemployer un maximum de déchets plastiques en Thaïlande, 6e pays au rang de la pollution mondiale. Et comme être clean, c’est aussi l’ être pour l’environnement, tous les packagings, tubes et flacons seront recyclés, recyclables ou rechargeables dès 2022. Enfin, d’ ici la fin de l’année, ce sont neuf millions d’arbres qui auront été plantés avec 1 % For the Planet. Parmi les pionnières de la beauté marine, Thalgo est mécène de The SeaCleaners, l’association d’Yvan Bourgnon. À bord du Manta, un catamaran géant, le navigateur partira sillonner les mers les plus polluées pour collecter et recycler les plastiques fin 2023. Pour l’heure, un bateau plus petit, le Mobula, est déjà testé en France pour des opérations de collecte. La marque organise également chaque année des nettoyages de plages et participe à la Journée mondiale des océans (8 juin) pour sensibiliser le public à la fragilité des écosystèmes marins.
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L’Occitane s’est lancée dans la lutte contre le plastique en sponsorisant la Plastic Odyssey. Soit un tour du monde de trois ans à bord d’un bateau dépollueur, spécialement conçu pour traiter et recycler les déchets récoltés en mer. Également partenaire privilégié de Plastic Odyssey, Clarins soutient ce projet depuis le début de l’aventure.
Protéger les coraux
Les 14 000 tonnes de produits solaires déversés chaque année dans les océans ne représenteraient que 10 % des dégâts sur les massifs coralliens. C’est peu et trop à la fois. Du coup, dilemme sur les plages.
Comment se protéger des UVA et des UVB responsables de 65 à 85 % des mélanomes sans empoisonner les micro-organismes marins ? Quelle crème étaler avant d’aller nager ? «Les recherches sur le sujet sont récentes. Il y a encore cinq ou six ans, il n’y avait pas d’études en écotoxicologie», explique Philippe Lebaron, professeur en microbiologie à Sorbonne Université. «Il manque aussi un modèle standard pour évaluer l’impact des cosmétiques sur l’environnement», se désole-t-il. «Quatre molécules nocives pour les écosystèmes marins sont déjà mises à l’index par les scientifiques : l’oxybenzone (benzophénone-3) et l’ octinoxate sont interdits de baignades depuis le premier janvier à Hawaï et dans les îles Palau. L’avobenzone et l’octocrylène devraient suivre. Ce dernier cumule les motifs d’inquiétude en se transformant, avec le temps en benzophénone, une molécule à la fois cancérigène pour l’homme, pertubateur endocrinien et responsable de dermatites», alerte le chercheur.
Les ressources du luxe
La célèbre Crème de la Mer sait ce qu’elle doit à son berceau originel. La fondation La Mer Blue Heart Oceans soutient des actions de terrain partout dans le monde : plantations de 30 000 mangroves dans les Caraïbes, protection de l’environnement dans les Açores, les Antilles et la mer de Chine, mission avec l’organisation EarthEcho, fondée par Philippe et Alexandra Cousteau, pour sensibiliser les jeunes aux défis environnementaux.
En France, on a une longueur d’avance. Pas mal de marques, comme Avène, Caudalie, Clarins, Vichy, La Roche-Posay, Esthederm, entre autres, n’ont pas attendu pour remplacer ces filtres suspects et ne comptent pas s’arrêter là.
Avec le mantra Skin Protect Ocean Respect, les solaires Avène ont un impact limité sur le milieu marin et un système filtrant qui respecte la biodiversité. En partenariat avec l’entreprise environnementale Pur Projet, la marque s’est également investie dans la protection des récifs coralliens et des forêts de mangrove en Indonésie. La formule du Stick solaire transparent 50+ de Shiseido ne se dilue que très peu dans l’eau, et ne contient que des filtres non écotoxiques pour les fonds marins (ni oxybenzone, ni octinoxate). Ce produit a été développé dans le cadre du programme Blue Project, en partenariat avec la World Surf League (WSL) dédiée à la protection des océans, qui finance également des projets environnementaux, comme le nettoyage de plages ou la préservation des dunes.
Pour ses nouveaux solaires, Patyka a conçu des formules sans nanoparticules, ni silicones (charte bio), résistantes à l’eau, avec des filtres minéraux non hydrosolubles, respectueux des algues et des coraux. La marque soutient également le projet Blue Center, dont le programme SOS Corales vise à réintroduire des centaines de coraux en Méditerranée.
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