• Les humains contaminés par la Covid doivent rester à l’écart de leurs animaux
  • Un possible risque de myocardite identifié par une étude franco-britannique
  • Les souris, de nouvelles hôtes des variants brésilien et sud-africain ?

Des chercheurs de la Texas A&M University aux États-Unis ont annoncé le 15 mars que le variant anglais (B.1.1.7) du SARS-CoV-2 avait été détecté pour la première fois dans le pays chez un chien et un chat du même foyer dans le comté de Brazos au Texas.

Les animaux, asymptomatiques, avaient été testés positifs à la Covid-19 le 12 février dernier. Deux jours auparavant, leur maître avait également été testé positif. Un séquençage génomique effectué un mois plus tard a permis d’identifier le variant anglais.

Les humains contaminés par la Covid doivent rester à l’écart de leurs animaux 

« La surveillance du SARS-CoV-2 chez les animaux dans et autour des ménages, et les enquêtes génétiques sur le virus d’animaux infectés sont d’une importance cruciale pour comprendre la transmission et l’évolution du virus ainsi que pour prédire ce qui pourrait se passer ensuite », estime la Dre Sarah Hamer, vétérinaire et épidémiologiste du Texas A&M College of Veterinary Medicine & Biomedical Sciences, dans un communiqué. 

Depuis juin 2020, des chercheurs de la Texas A&M University se rendent régulièrement chez des personnes atteintes de la Covid-19 pour tester leurs animaux de compagnie. Plus de 450 animaux vivant dans la région du comté de Brazos ont déjà été testés.

« Sur plus de 60 animaux contaminés, moins d’un quart présentaient des signes de la maladie au moment du diagnostic du propriétaire, précise l’université. Ils présentaient le plus souvent des éternuements, de la toux, de la diarrhée et étaient moins actifs qu’en temps normal. Tous les animaux symptomatiques se sont rétablis sans avoir besoin de soins vétérinaires. »

Les objectifs de cette étude sont d’en savoir plus sur la transmission du virus entre les humains et les animaux, de connaître l’impact potentiel du virus sur la santé animale et de déterminer si les animaux peuvent être un réservoir pour le virus. 

« Les travaux menés par les chercheurs de l’université montrent que les animaux de compagnie peuvent également être infectés par des variants du SARS-CoV-2. Parce que ce virus peut se propager entre les humains et les animaux, il est important pour les personnes atteintes de la Covid-19 de rester à l’écart des animaux domestiques et des autres animaux, tout comme elles le font avec les autres personnes, afin d’éviter la propagation de ce virus », conseille la Dre Casey Barton Behravesh, directrice du Bureau One Health des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). 

Les CDC rappellent tout de même que sur la base des informations disponibles à ce jour, le risque que les animaux de compagnie transmettent le virus responsable de la Covid-19 aux humains est considéré comme faible (contrairement à l’inverse). La maladie se propage principalement d’un humain à un autre, par le biais de gouttelettes respiratoires. 

Un possible risque de myocardite identifié par une étude franco-britannique

Une étude franco-britannique, pré-publiée sur le site BioRxiv le 18 mars, rapporte également des premiers cas d’infections de chats et de chiens domestiques au variant britannique dans le sud-est de l’Angleterre. 

« Nous avons découvert que de nombreux propriétaires de ces animaux avaient développé des symptômes respiratoires et été positifs à la Covid-19, trois à six semaines avant que leurs animaux ne tombent malades, écrivent les auteurs. Fait intéressant, tous ces animaux infectés par le variant anglais ont développé des manifestations cliniques atypiques, y compris des anomalies cardiaques sévères secondaires à une myocardite (inflammation affectant le myocarde, c’est-à-dire le tissu musculaire au niveau du cœur, NDLR) et une altération profonde de leur état de santé général, mais sans aucun signe respiratoire primaire. »

Les auteurs précisent à la revue Science que l’incidence de cette inflammation du myocarde est passée de 1,4 à 12,8%, entre décembre 2020 et février 2021. Une augmentation qui coïncide avec l’émergence du variant au Royaume-Uni. 

Les chercheurs se sont plus précisément penchés sur les cas de onze animaux domestiques : huit chats et trois chiens. « Aucun des animaux n’avait d’antécédents de maladie cardiaque, mais tous avaient présenté des symptômes comme une léthargie, une perte d’appétit, une accélération de la respiration et des évanouissements, précisent-ils. Les tests en laboratoire ont révélé des anomalies cardiaques, y compris des battements cardiaques irréguliers et du liquide dans les poumons, des symptômes observés chez des humains atteint par la Covid-19 ».

Selon eux, « compte tenu de l’infectiosité et de la transmissibilité accrues du variant anglais pour les humains, la découverte de chats et de chiens infectés par ce variant met plus que jamais en évidence le risque que les animaux de compagnie puissent potentiellement jouer un rôle significatif dans la dynamique de l’épidémie de SARS-CoV-2, plus important qu’on ne le pensait jusqu’à présent ».

Un avis que ne partage pas Scott Weese, professeur à l’école vétérinaire de l’université de Guelph au Canada. « C’est une hypothèse intéressante, mais rien ne prouve que le virus soit à l’origine de ces problèmes », analyse-t-il dans Science.

Les souris, de nouvelles hôtes des variants brésilien et sud-africain ?

Une troisième étude pré-publiée sur BioRxiv par une équipe de chercheurs de l’Institut Pasteur, avance que les souris peuvent elles aussi être contaminées par les variants du SARS-CoV-2 dits « préoccupants » ou VOCs (variants of concern). « Ces VOCs identifiés en Grande Bretagne (souche B.1.1.7), en Afrique du Sud (souche B.1.351) ou encore au Brésil (souche P.1) présentent un certain nombre de mutations, dont des changements dans la protéine de spicule (la clé d’entrée qui permet au SARS-CoV-2 de pénétrer dans les cellules humaines) », précise les scientifiques. 

Etienne Simon-Lorière, responsable du laboratoire de Génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur et dernier auteur de l’étude, précise que « les données obtenues montrent que les VOCs sont naturellement capables d’infecter des souris de laboratoire, contrairement à la souche historique du SARS-CoV-2 initialement identifiée. »

Cependant, « il n’est, à ce stade, pas établi si les VOCs peuvent être transmis de souris infectées à des souris qui n’ont jamais été infectées par le SARS-CoV-2, dites naïves ou à l’Homme, que ce soit par contact étroit ou par aérosol. Cependant, ces résultats démontrent que les VOCs étendent le spectre d’hôtes du SARS-CoV-2 au moins aux souris (en laboratoire ou dans la nature) et éventuellement à d’autres rongeurs », précise Xavier Montagutelli, responsable du laboratoire Génétique de la souris à l’Institut Pasteur.

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