Pièce phare du dressing des ados, le crop top séduit autant qu’il dérange. Apparu dès les années 1990, il est aujourd’hui la signature d’une génération engagée, qui s’assume. Décryptage.

Le haut moulant qui s’arrête au-dessus du nombril dérange. Il a un nom : le crop top. Les adolescentes plébiscitent cette pièce du dressing, qu’on retrouve aussi bien sur TikTok que sur le compte d’Emily Ratajkowski. Mais voilà plusieurs jours que des collégiennes et lycéennes se voient refuser l’accès à leur établissement scolaire à cause de leurs tenues jugées inappropriées. Au même titre qu’une jupe trop courte, le crop top pose problème dans la cour des lycées. Pour la journaliste Alice Pfeiffer, ce n’est pas une surprise. «Le ventre est une zone sexualisée et longtemps gardée privée par la mode», rappelle la spécialiste d’anthropologie de la mode et des gender studies. «Je vois cette résistance comme une forme de puritanisme qui demande aux filles de se couvrir, sous-entendant que cette chair dénudée est indécente, à cacher.» Les mentalités peinent-elles à évoluer ? La question se pose.

Le comeback des « nineties »

Dès les années 1990, le haut court fait son entrée dans les placards des ados. Popularisé par les Spice Girls, Christina Aguilera, Britney Spears ou les Destiny’s Child, le crop top signe son âge d’or. «À, l’époque, l’uniforme était souvent un pantalon baggy masculin, un sous-vêtement qui dépasse, un ventre nu puis un t-shirt dit « cropped ». Une pièce qui suggère un geste de rébellion et de réappropriation. Visuellement, cela renvoie l’image d’une adolescente ayant poussé trop vite et débordant de ses habits d’enfants. Le crop top, dévoilant la zone entre les seins et le pubis, est d’office sexualisé», analyse Alice Pfeiffer.

Au fil du temps, la pièce disparaît du vestiaire des jeunes femmes. Jugé «Vulgaire», le crop top n’a pas bonne presse. À mi-chemin entre un haut et une brassière, il brouille les pistes. S’agirait-il en fait d’un sous-vêtement ? L’ambiguïté et la grande vague du vestiaire unisexe le font presque tomber dans l’oubli. Jusqu’à sa renaissance, il y a quelques années. Sur les réseaux sociaux, les influenceuses le collectionnent sous toutes les formes : tantôt à manches longues, tantôt à fines bretelles. Et souvent porté avec un jean taille haute. Alice Pfeiffer décrypte la tendance : «On le voit, les années 2000 reviennent en force. C’est le retour des silhouettes en sablier, du string, que l’on découvre sur les plus jeunes, hyper actives sur TikTok, et qui apportent un nouveau sens à ce revival : une libération sexuelle, une forme d’empowerment pro-sexe.»

L’identité d’une génération rébellion

La tendance du crop top, c’est aussi (et surtout) la signature de la jeune génération rébellion. Une génération engagée, en rupture avec les précédentes, qui compte bien se faire entendre et briser les tabous. Exit le soutien-gorge, on s’assume, un point c’est tout. «Si les jeunes filles en portent, c’est que cela constitue une forme d’affirmation de soi en 2020, relève la journaliste des Inrocks. On peut y lire la réponse à une mode beaucoup plus androgyne ces dernières années, un contrepied à la tendance gender-neutral qui tendait à gommer les différences corporelles entre les genres.» Ici, les corps s’acceptent, se montrent, dans le droit fil de la tendance body-positive célébrée sur les réseaux sociaux. Et les hommes ne sont pas en reste. Dans les années 1980 et 1990, Will Smith ou encore Mark Wahlberg montraient leur nombril en enfilant des crop tops. Depuis, ils ont rangé la sangle abdominale, mais le haut court masculin fait son grand retour. On le trouve sur Internet, quelques épaules célèbres (Justin Bieber, Bilal Hassani…) et même dans la cour des lycées !

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