Voilà de quoi lui redonner de l’élan, alors qu’une saison 3 ne semble pas prête de voir le jour. Ce mardi 25 août, TF1 démarre la diffusion de la série Big Little Lies, avec un casting incroyable : Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Laura Dern, Shailene Woodley et Zoë Kravitz.
Lancée en 2017, tirée du best-seller éponyme de Liane Moriarty, Big Little Lies offre un thriller haletant, alors qu’un cadavre est découvert à l’issue d’une fête déguisée dans une ville bourgeoise californienne, Monterey, située au bord de l’océan. L’intrigue se joue sur fond de solidarité féminine, avec des personnages féminins ambigus, passionnants et attachants.
D’abord diffusée sur OCS en France, cette série a raflé quatre Golden Globes, dont celui de la Meilleure mini-série, amplement mérité. Voici trois bonnes raisons de la (re)voir.
Des personnages féminins soudés et tourmentés
Beaucoup ont désigné Big Little Lies comme « le nouveau Desperate Housewives« . Mais si la série, l’une des plus cultes des années 2000, a su renouveler le type de personnages féminins présentés à l’écran et aborder avec humour et tendresse de nombreux enjeux spécifiques aux mères essayant de jongler entre tous les aspects de leur vie, Big Little Lies se veut beaucoup plus sombre et réaliste.
Tout commence avec la découverte d’un cadavre, dès le début du premier épisode, à l’issue d’une soirée endimanchée et déguisée. C’est le moment de bascule pour cette bourgade tranquille et aisée, où les 4X4 se croisent au moment d’aller chercher les enfants à l’école.
Ce cadavre a été retrouvé entouré d’une petite bande formée par des mères à qui tout semble réussir, et qui ne travaillent pas pour la plupart : Madeline (Reese Witherspoon), aux abords parfaits et au fort caractère, remariée et toujours en colère contre son ex-mari ; sa meilleure amie Celeste (Nicole Kidman), ancienne avocate aux prises d’un mariage toxique ; et Jane (Shailene Woodley), jeune mère célibataire, modeste, venant tout juste de s’installer, pour offrir une meilleure vie à son fils.
Autour d’elles gravitent également Bonnie (Zoë Kravitz), nouvelle compagne de l’ex-époux de Madeline, professeure de yoga dont l’aura cool l’agace profondément, par pure rivalité un peu dépassée ; et Renata (Laure Dern), femme d’affaires accomplie et fière, mais affublée d’un mari pathétique. Sans doute le meilleur personnage de la série : une femme assurée, qui n’a pas peur d’afficher sa réussite, quitte à en faire des caisses, offrant des répliques sensationnelles.
Ces femmes se croisent, s’épaulent, alors que Madeline décide de prendre Jane sous son aile. Si leur existence semble paisible, elle est pourtant parsemée de traumatismes et tensions parmi lesquels elles surnagent, essayant de garder la tête hors de l’eau. Proches les unes des autres, chacune passe pourtant à côté d’éléments cruciaux de la vie de l’autre.
Inversée, la narration nous amène peu à peu à cette soirée marquée par un drame, jouant avec nos nerfs. L’angle féministe se joue notamment dans les interrogatoires menés par une détective.
Face à ses questions, les langues des habitants de Monterey se délient à leur propos. Non pas pour dévoiler des éléments cruciaux sur leurs vies, mais révéler une haine profonde, aux racines misogynes, de ces femmes faisant la pluie et le beau temps sur la ville.
Le montage, très réussi, montre le contraste violent entre les propos sexistes tenus dans leur dos, et le fait que peu de gens osent leur tenir tête, notamment Renata et Madeline, tandis qu’on les voit aux prises de grandes difficultés personnelles.
Un thriller féministe sur fond de violences conjugales
Au premier abord, on pourrait penser que Big Little Lies est une série superficielle, un énième thriller sur fond de drama et disputes entre copines quadra riches qui s’ennuient autour d’un verre de Chardonnay (même si cette scène, inévitable du genre, a lieu).
Mais la psychologie des personnages, très travaillée, et le soin apporté à la mise en scène et au montage, attestent du contraire.
En cela, le personnage de Celeste est emblématique. Cette femme sublime, délicate, mère de jumeaux, est aux prises d’un mari violent, joué de manière terrifiante par Alexander Skarsgärd, que les sériephiles auront notamment reconnu de True Blood. Charismatique, jaloux, possessif, manipulateur, cet homme d’affaires souvent absent terrorise son épouse, qui ne parvient pas à le quitter, sous emprise et amoureuse de son tortionnaire.
- Victime ou témoin de violences, à qui m’adresser ?
- Le violentomètre, l’outil pour mesurer si vous êtes en danger dans votre couple
En cela, Big Little Lies offre au petit écran l’une des meilleures représentations de la difficulté à sortir des violences conjugales. Elle montre clairement, dans de nombreuses scènes de violences, physiques ou verbales, le cercle vicieux dans lequel se trouve Celeste.
On souffre de la voir prisonnière de montagnes russes émotionnelles, puisque son mari sait aussi se montrer très affectueux, comme bon nombre de compagnons violents, ce qui est encore mal compris du grand public. À ce titre, Big Little Lies aura fait beaucoup pour aider à mieux comprendre le mécanisme pernicieux des violences conjugales, ponctuées de promesses et excuses toujours avortées, mais auxquelles les victimes se raccrochent pour compenser l’horreur de ce qu’elles subissent.
En résulte un état de détresse et d’incrédulité immense chez cette femme brillante, qui a arrêté sa carrière d’avocate pour se consacrer à sa famille. Une façon, aussi, de rappeler que les violences conjugales touchent toutes les catégories sociales, et que les victimes peuvent être des femmes accomplies.
- L’actrice de "Supergirl", Melissa Benoist, révèle avoir subi la violence d’un ex-conjoint
- Ce que Louise, femme battue pendant dix ans, veut que vous sachiez sur les violences conjugales
Ce qui fait la différence ? La mise en scène de Jean-Marc Vallée, réalisateur québécois ayant déjà fait jouer Reese Witherspoon et Laura Dern dans le magnifique film Wild. Pas de surenchère ni de plans kitsch quand il filme ces scènes de violence, montrées avec réalisme. Y compris les scènes de sexe, dérangeantes, qui concluent parfois ces violences. La série montrant bien que Celeste n’y consent pas réellement, mais qu’elles font partie de la « normalité » de ce couple à la dynamique toxique.
Au-delà de Celeste, toutes les femmes de Big Littles Lies sont en proie à des conflits intérieurs qui les rongent : de vieux démons liés à d’anciennes relations, des agressions sexuelles, les difficultés à communiquer avec leurs enfants, ou conjoints, et à être satisfaites de leur vie aux allures de conte de fées californien.
- "Unorthodox", mini-série poignante et haletante sur une jeune femme en quête de liberté
- Little Fires Everywhere, série haletante et réflexion passionnante sur la maternité et le racisme
Un casting de rêve
Le tourment intérieur de ces femmes est aussi sublimé par le style de montage distinctif de Jean-Marc Vallée, juxtaposant des bribes de souvenirs très rapides, sans son. De quoi accentuer le poids du passé sur le présent, et obliger le téléspectateur à être attentif au moindre indice glissé discrètement.
Bien sûr, tous ces effets seraient vains sans le travail formidable accompli par le casting. Chaque actrice excelle dans son rôle : Reese Witherspoon agace autant qu’elle émeut quand son personnage ne se donne pas en représentation, et affronte une famille qui ne supporte plus son côté donneuse de leçons et son envie de tout contrôler.
On rêve d’avoir Laura Dern pour coach de vie, tant son interprétation est pleine de rage. De son côté, Nicole Kidman montre une fragilité inquiétante, assortie d’une face sombre qui se révèle face à son mari, croyant alors être davantage son égale. Tandis que Shailene Woodley attire l’empathie en se posant en jeune mère prudente débarquée au milieu de grands requins, qui tente de fuir un traumatisme.
Pour ne rien gâcher, Big Little Lies offre une esthétique bouleversante, servant le propos, aussi bien dans l’image que le son. Les paysages sont superbes, l’océan déchaîné pouvant servir de miroir aux peurs et regrets des personnages, tandis que leurs maisons, somptueuses, laissent songeurs. La bande-son, faisant la part belle à des tubes récents de blues, folk et au rock notamment, finit de sublimer le tout.
On a le sentiment d’un projet maîtrisé de A à Z, d’être plongés dans l’univers doré de ces battantes soudées, qui ne sont pas parfaites, simplement humaines.
Big Little Lies, diffusée sur TF1 à partir du mardi 25 août, avec Nicole Kidman, Reese Witherspoon, Laura Dern, Shailene Woodley et Zoë Kravitz
- Watchmen : pourquoi il faut absolument voir la série la plus nommée aux Emmy Awards
- "I May Destroy You", la série cathartique qui ose une réflexion difficile et réaliste sur le viol
Source: Lire L’Article Complet