Chez les Royal Watchers, Arthur Edwards est une institution. Depuis 1975, il suit la famille Windsor pour le tabloïd britannique «The Sun». Clin-d’oeil et consécration à la fois, pour ses 80 ans le 12 août, le prince Charles, le futur roi d’Angleterre s’est fendu d’un post spécial sur Twitter pour souhaiter un bon anniversaire à celui qui malgré ses 80 printemps n’est pas prêt à poser ses appareils.

Avez-vous été surpris de ce message du prince de Galles ?

Arthur Edwards. Je dois avouer que j’ai passé une journée d’anniversaire extraordinaire notamment avec ce message particulier du prince de Galles que je photographie depuis plus de 40 ans et pour lequel j’ai beaucoup d’estime. Hier soir j’ai eu aussi le secrétaire privé de William qui tenait à me faire passer les meilleurs vœux du prince pour mes 80 ans. Le Sun, mon journal pour qui je travaille depuis 1975, a fait un cahier spécial avec une sélection de mes photos et mon portrait sur un coin de sa Une. Comme m’a dit un de mes potes : quel hommage, alors que tu n’es même pas encore mort !

Happy Birthday to Royal photographer @ArthurJEdwards

Arthur has snapped photos of members of the Royal Family in 69 countries worldwide.

He took his first Royal photo in 1975 and it was of The Prince of Wales feeding sugar lumps to a polo pony! pic.twitter.com/oq4SsdIott

Le prince de Galles qui envoie un message d’anniversaire à un photographe d’un tabloïd, ça n’arrive pas tous les jours, non ?

On se connaît depuis toujours. C’est un homme avec qui j’ai voyagé dans le monde entier, qui m’a présenté deux Papes, par exemple. Le fait qu’il ait pris le temps de me faire ce gentil message, un jour si particulier alors qu’il a un emploi du temps si chargé, cela vous montre quel type d’homme il est. Vous savez, c’est un visionnaire. Il a alerté le monde sur les dangers du réchauffement climatique depuis plus de 20 ans et développé la nourriture bio avant tout le monde. C’est un homme qui n’a pas peur de parler. Plus on le connaît, plus on se dit que nous aurons de la chance qu’il devienne roi un jour.

Est-il difficile à photographier ?

Je ne trouve pas. Cela m’est arrivé de lui demander de faire une photo spéciale pour moi, comme la fois à Mullaghmore en Irlande là où son grand-oncle Lord Mountbatten a été tué par bombe par l’IRA. J’étais le photographe de pool et on voulait une photo sur le lieu de l’attentat. Le gouvernement irlandais n’avait pas prévu cette photo. Je lui ai demandé de poser et malgré sa réticence, il l’a fait. Quand il a vu le lendemain que tous les journaux avaient cette photo en Une, il a compris. Il sait que si je fais une demande particulière, c’est pour une bonne raison. Il a cette gentillesse comme sa femme Camilla, la duchesse de Cornouailles, qui comprend qu’un photographe doit rapporter une bonne image à sa rédaction. C’est un vrai rêve de travailler avec elle, tout le monde vous le dira à Londres.

Avez-vous toujours eu une bonne relation avec lui ?

Notre première rencontre n’a pas été terrible. C’était en 1980 quand il a acheté sa propriété de Highgrove. Je m’étais rendu là-bas et j’essayais de trouver un bon angle pour mes photos, quand j’ai trouvé ce chemin en bas de sa propriété. Et je l’ai vu arriver au galop sur son cheval. Il m’a demandé ce que je faisais sur ses terres. Je lui ai répondu que j’étais juste sur un chemin, pas chez lui. Il m’a répondu : «C’est un chemin pour marcher, pas pour prendre des photos !». Et moi sans réfléchir, je lui ai répondu que je faisais mon boulot. «Quel boulot !» a-t-il répondu ironiquement. J’ai rebondi en disant «au moins j’ai un boulot !», ce qu’il a très mal pris. Il est reparti au galop furieux vers chez lui. « Vous êtes supposé me garder et Arthur Edwards est dans mon jardin » a-t-il lancé à son officier de sécurité !

Depuis vos débuts dans les années 70, le travail de «royal watcher» a-t-il beaucoup changé ?

Oui bien sûr, nous ne sommes plus aussi intrusifs dans notre travail, on ne ferait plus ce genre de trucs, d’aller au contact comme ça. Bien sûr les journaux sont toujours aussi critiques, comme par exemple récemment envers Meghan et Harry qui font des sermons sur l’environnement et qui prennent des jets privés pour leurs vacances. Les journaux n’hésitent pas à les épingler et à raison, je trouve.

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Dans le passé Le duc d’Edimbourg était terrible pour les photos !

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Quels sont vos meilleurs souvenirs ?

Je me suis toujours débrouillé pour avoir le meilleur angle possible. Mais quand je jette un coup d’œil à ma carrière, il y a bien sûr des milliers de photos dont j’ai fait des livres, mais ce sont surtout les moments et les gens extraordinaires que j’ai approchés dont je me souviens. J’ai rencontré Mère Teresa, Nelson Mandela, des papes, le Dalaï-lama, je suis allé dans le Bureau ovale à Washington, au Kremlin. Parfois quand je regarde la télé, je vois tous ces gens que j’ai eu l’occasion de photographier avant qu’ils deviennent superstars. Je repense à combien ces personnes ont été sympas et j’ai tendance à ne pas me souvenir de tous ces moments en reportage que j’ai passés à attendre dans le froid ou sous la pluie pour avoir la bonne photo.

Avez-vous des photos préférées ?

Certaines photos de Diana, du prince de Galles et de la reine, bien sûr. Mais quand je pense à Diana, je me remémore les conversations que j’ai eues avec elle. Pareil pour la reine quand elle m’a décoré et que nous avons eu un petit aparté bien loin de la première fois où je l’ai rencontrée et que je n’arrivais pas à aligner deux mots pour la saluer tellement j’étais intimidé.

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Être photographe, ce n’est pas simplement un boulot mais une manière de vivre

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Qui est la personne de la famille royale la plus difficile à photographier ?

Le duc d’Edimbourg, le mari de la reine ! Les photos ou être dans les journaux, il s’en moque. Il est là pour faire le job pour être aux côtés de la reine, le reste lui importe peu. II est âgé de 99 ans maintenant et il y a quelques semaines, nous avons eu le plaisir de le revoir pour une cérémonie pour le transfert de son titre de colonel en chef à Windsor. On ne l’avait pas vu depuis sa retraite en 2017, il était de bonne humeur et nous a souri mais je me souviens dans le passé qu’il était terrible pour les photos.

Et les « Royals » les plus agréables à photographier ?

Le prince Harry, bien sûr avant qu’il ne commence son exil ! C’était l’un des membres préférés de la famille pour nos lecteurs. Fabuleux avec les photographes, un esprit libre. Vous vous rappelez cette super série où il défie Usain Bolt ? Et quand il joue avec les gamins sur la plage de Copacabana au Brésil ou dans la jungle au Lesotho. Il ne faut pas oublier aussi William et Catherine, délicieux, qui portent le fardeau maintenant que Harry et Meghan ont quitté la firme. Catherine est top, elle fait des magnifiques photos de ses enfants et les partage avec nous.

Avez-vous le sentiment d’avoir dû tout sacrifier à la photographie ?

J’ai travaillé dur, je viens d’une famille modeste. Mon père était routier et j’ai quitté l’école à 15 ans. J’ai eu la chance d’épouser, il y 59 ans, une femme fantastique avec laquelle j’ai eu deux enfants. Elle a été infirmière et comme moi dévouée à son métier. Pour moi, l’actualité est reine. Être photographe, ce n’est pas simplement un boulot mais une manière de vivre. Dans le boulot, il y a de la compétition entre nous pour avoir la meilleure photo car on est des pros mais on est toujours prêts à s’entraider. Une vraie camaraderie, comme j’ai pu le constater avec tous les messages reçus pour mes 80 ans !

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