“Les retraites spirituelles viennent nourrir nos valeurs en fonction de notre fonctionnement propre”, commence Elya Hasson, adepte des retraites spirituelles depuis de nombreuses années, qui écrit en ce moment même un livre sur ce thème. Qu’elle soit initiée par un tiers dans le cadre bien particulier, qu’elle marque une étape importante de la vie ou qu’elle soit prise comme un refuge pour s’absoudre de nos vies à 100 à l’heure, les retraites spirituelles sont souvent vécues comme une expérience à part, une émotion forte, une accalmie.

Qu’importe la retraite, pourvu qu’on ait l’harmonie

De son côté, Elya est ce que certains adeptes de spiritualité appellent une “seeker” (chercheuse, ndlr), et ce depuis l’enfance : c’est à dire une personne en quête d’une vérité à découvrir personnellement, “en recherche d’alignement et d’harmonie interne et externe”, précise-t-elle. Après une première retraite à Saint-Jacques de Compostelle, elle s’est essayée à d’autres expériences plus alternatives dans le célébrissime centre d’Esalen en Californie, où elle a pu suivre des retraites thématiques. “Plus récemment, je me suis intéressée à la non-dualité, un courant mondial dérivé de la tradition mondial”, continue-t-elle.

“La démarche même de la retraite, c’est aller au plus profond de soi”, explique Astrid 48 ans, elle-aussi habituée des retraites spirituelles, “chrétiennes uniquement”. Avant de poursuivre, “dans une retraite chrétienne, l’idée c’est de développer son lien intime avec dieu. Généralement, je fais des retraites prêchées : six jours en silence total à écouter des prêches et où on relit les Évangiles, et ce tous les deux ou trois ans depuis la naissance de ma fille. Ça m’aide à me réaccorder comme un instrument, et à harmoniser mon moi profond et ma foi”.

Partir pour mieux se retrouver

L’harmonie, voilà donc ce que cherchent tous les amateurs de retraites spirituelles. “A chaque fois et quel que soit le programme quivi, les retraites m’apportent plus de compassion, de paix intérieure, de joie, d’ouverture d’esprit et surtout d’harmonie”, témoigne Elya. “Peu importe en soi, la destination de la retraite, ce qui compte réellement c’est de pouvoir s’aligner avec plénitude”, continue-t-elle. Une sorte de décroissance personnelle à l’autre bout du monde : “une retraite, c’est l’occasion d’arrêter le hamster de son cerveau, de disrupter ses habitudes”, analyse Elya.

Une sensation partagée par Astrid qui rappelle qu’une retraite, c’est avant tout “cool”. “On s’y repose. Le silence pendant six jours aide à voir l’essentiel, à faire le vide dans sa vie trop pleine, mais surtout à cultiver son lien avec dieu, source de vie de joie et d’amour”, raconte-t-elle. Toujours selon Astrid, cette fonction de la retraite rappelle le Chabbat dans la religion juive par exemple : s’extraire de son quotidien pour réfléchir, se poser, respirer.

La retraite spirituelle, en bas de chez soi

S’il est difficile de quantifier le nombre de personnes partant chaque année en retraites spirituelles, on observe une multiplication des offres – qu’elles soient dans un cadre religieux ou non – et ce depuis plusieurs années. Pour Astrid, cette diversification des offres n’est qu’une réponse à la croissance de la demande, qui elle-même découle de la mutation des moeurs. On est de plus en plus coincé dans un quotidien bruyant et hyperconnecté, d’où le fait qu’on ressente la nécessité de souffler de temps en temps. D’ailleurs, on n’a pas forcément besoin de partir loin ou longtemps : il existe des retraites express qui durent le temps d’un week-end, pour faire le point sur sa vie ou répondre à une question existentielle.

“Moi, sans partir, j’essaie de faire un truc nouveau chaque semaine”, raconte Elya. “Cela peut être simplement me forcer à regarder ailleurs quand j’emprunte une rue régulièrement, changer de trottoir. Cela permet de changer de point de vue et donc de perspectives, de disrupter son quotidien”, termine-t-elle.

Dernier point commun de tous les adeptes de la retraite spirituelle ? La volonté de repartir, encore et encore, pour ressentir ce calme et cette harmonie totale.

A chacun sa retraite spirituelle

Chrétienne, bouddhiste, non-dualiste, détachée de toute doctrine … la retraite spirituelle n’a pas une forme précise, ni en ce qui concerne la durée ou la destination. Seule compte cette (re)connexion à soi ou à une force divine. Deux aventuriers spirituels nous racontent une retraite qui a marqué leur vie.  

  • “Je suis parti en retraite pour préparer mon mariage”

Julien, 30 ans, parti en retraite à Clamart  (92)

“L’an dernier, ma fiancée et moi, on a fait un séminaire de préparation au mariage chez des Jésuites à Clamart, dans un centre spécialisé dans ce type de retraites. Le concept, c’est de partir tout un week-end avec d’autres couples, certains très religieux, d’autres moins, et de se déconnecter complètement du monde extérieur pour se concentrer sur notre couple. On a alterné des temps d’échange à deux et en groupe, des ateliers où on répondait à des questionnaires sur nous, sur notre couple et des moments de silence, comme le petit-déjeuner. L’ambiance était feutrée, romantique … surtout le soir où l’on a dû se lire mutuellement une lettre d’amour. C’était une expérience plutôt agréable, pas vraiment centrée sur la religion, qui te pousse à te poser des questions sur l’avenir à deux, hors du temps. Un week-end reposant et constructif. “

  • “Ma retraite spirituelle m’a aidé à faire le point en pleine crise des 30 ans”

Amaury, 32 ans, parti en retraite au Népal pour faire le point sur sa vie

“Ma première retraite spirituelle ? C’était en 2016. J’étais en pleine crise des trente ans : pendant que mes proches avançaient dans la vie (mariage, bébé, …), je me sentais bloqué, pas vraiment en phase avec moi-même et avec ce à quoi j’aspirais. J’étais assez loin des objectifs que je m’étais fixé plus jeune et je n’étais pas vraiment sûr de vouloir suivre ce schéma classique finalement. Et surtout, j’avais besoin de challenge. Ça faisait plusieurs mois que je voulais changer mes habitudes : alimentation, sport, acupuncture et autres démarches pour harmoniser mon corps et ma tête. Du coup, j’ai décidé de prendre un billet d’avion pour le Népal avec un seul objectif : me laisser le temps de me retrouver, seul et sans téléphone et sans programme à l’autre bout du monde.

J’ai compris pas mal de choses sur ma vie, mes émotions et surtout, j’ai commencé à penser autrement

L’expérience était dingue : j’ai fait des rencontres aussi riches que puissantes, j’ai vécu une semaine dans une ferme au milieu des montagnes à découvrir mon hôte, sa culture, à méditer avec lui, à écouter ses chants pour sa déesse rythmé par son djembé… Puis je me suis baladé dans les montagnes, j’ai assisté au plus beau lever de soleil de toute ma vie, j’ai pris le temps de ne rien faire, de lire, d’écrire aussi et de m’ouvrir à de nouvelles pratiques comme le yoga ou les massages énergétiques. J’ai compris pas mal de choses sur ma vie, mes émotions et surtout, j’ai commencé à penser autrement. Si je repartirai ? Evidemment ! Où je ne sais pas encore. Déjà, je m’emploie à faire des breaks d’une semaine de temps en temps pour faire une detox digitale, et je réfléchis à ma prochaine destination. Seul conseil de je donnerais à celles et ceux qui veulent partir ? Reposez-vous avant la retraite spirituelle. On pense moins bien quand on est fatigué !”

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