Le Point révèle ce 17 janvier que l’équipe de Zone Interdite a eu un impact considérable sur une enquête de la douane, concernant un réseau de blanchiment d’argent. En filmant d’un peu trop près les douaniers pendant leur travail, les journalistes ont permis aux accusés d’être relaxés par la justice et d’éviter de payer une amende de 37 millions d’euros.

Les douaniers français n’auraient peut-être pas dû ouvrir la porte aux journalistes de M6 pendant une de leurs missions, en septembre 2015. À cette période, l’équipe deZone Interdite est autorisée pour la première fois à suivre l’unité d’élite des douanes. Le reportage, intitulé "Drogue, argent sale, la grande traque des services spéciaux" s’appuyait sur le travail de plusieurs enquêteurs concernant un réseau de blanchiment d’argent.

Les reporters ont ainsi eu le privilège de suivre les autorités durant leurs interpellations, visites domiciliaires ou encore leurs réunions de travail à la douane, comme l’indiquent nos confrères du Point ce 17 janvier. Filmés pendant leurs moindres faits et gestes dans le cadre de l’enquête, les douaniers se sont, par la même occasion, comportés comme à leur habitude. Sans tabou, ils se sont laissés aller à plusieurs remarques quelques peu incongrues, à l’instar de : "Il fume sa cigarette comme un con", "Regarde comme il s’en va tête baissée, on dirait un âne", "Je vais voir s’il est un peu moins con [que sa femme, NDLR]", ou encore "Mets-lui les menottes, comme ça, il va comprendre beaucoup plus vite et sa femme pareil". De son côté après plusieurs années, la justice a décidé de relaxer les prévenus, notamment grâce à l’argument de l’avocat Maître David Père, qui a estimé qu’il y avait notamment des violations du secret de l’enquête.

Des poursuites abandonnées à cause de certains passages du reportage

Les douaniers s’intéressaient à un important réseau de blanchiment d’argent basé à Aubervilliers, dans la communauté asiatique. Au total, ce sont entre 100.000 euros et 250.000 euros en liquide qui étaient directement envoyés en Chine. Une enquête a été ouverte en novembre 2013 et le procès a lieu en mai 2018. Les peines vont alors jusqu’à 4 ans de prison, comme l’expliquent nos confrères du Point et une amende douanière atteint les 37 millions d’euros. C’est lors d’un nouveau procès qui s’est tenu en mai 2019 que l’avocat d’un des accusés met en évidence le reportage de Zone Interdite. Les poursuites sont donc abandonnées mais la douane et le parquet font appel de cette décision. Selon la loi, il est question de violation du secret d’une enquête si un journaliste "a pu capter le déroulement d’une perquisition par le son ou l’image". Comme le rappellent nos confrères, "la simple présence d’un tiers lors de l’accomplissement d’un acte d’enquête doit entraîner la nullité de cet acte".

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