• La pastille humoristique diffusée de 1999 à 2003 devrait revenir dans les prochains mois en prime time sur TF1.
  • Si Alexandra Lamy et Jean Dujardin ne reprendront pas leur rôle, de nouveaux duos devraient rejouer les meilleurs sketchs de la série.
  • Près de 20 ans après la fin de diffusion, certaines blagues aux relents sexistes ou homophobes ont mal vieilli… TF1 va-t-il le prendre en compte ?

Un vent de nostalgie va souffler dans votre téléviseur : dans les prochains mois, TF1 va diffuser en prime-time les meilleurs sketchs d’Un Gars, une Fille, programme phare de France 2 dans les années 2000. Lors de sa conférence de rentrée, le directeur des antennes du groupe TF1, Xavier Gandon, a parlé de la pastille humoristique comme d’un « patrimoine français de la télévision ». Si Jean Dujardin et Alexandra Lamy ne reprendront pas leur rôle, Xavier Gandon a parlé de duos « inattendus et inédits » qui vont réinterpréter certaines scènes emblématiques. De quoi raviver des souvenirs.

Près de 500 épisodes, diffusés entre 1999 et 2003, ont révélé au grand public le duo Jean Dujardin/Alexandra Lamy dans les rôles de Chouchou et Loulou. À travers ces pastilles humoristiques, le quotidien d’un couple lambda : ses vacances, ses amis, ses joies, mais aussi ses drames… Un programme auquel reste attaché le public, en témoigne le succès de leur rediffusion sur les réseaux sociaux : la chaîne YouTube officielle compte plus de 686 000 abonnés, et des  extraits sont régulièrement partagés sur Twitter. Rien d’étonnant alors à ce que TF1 capitalise sur le concept. Pourtant, quand on regarde Un Gars, une fille en 2022, on peut parfois ressentir… un malaise.

#Mariage, #échange, #rupture … les #discussions sont animées 😂 😂#chouchouetloulou #ungarsunefille pic.twitter.com/xKK5It8Z1u

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Sexisme, homophobie : un programme qui fleure bon les années 2000

Certaines séquences ont quelque peu mal vieilli, et on ne parle pas seulement du vieux téléphone à clapet ou des tenues en crochet. En présentant Chouchou et Loulou, Un gars, une fille nous donne à voir une caricature des hommes, des femmes, et plus largement du couple hétérosexuel du début des années 2000. Au programme, une belle-mère insupportable et qui s’immisce dans la vie du couple en permanence, des amis plus ou moins bien intentionnés, et un gimmick humoristique régulier : Jean râle sur l’attitude d’Alex… Et inversement. Jean est décrit comme un macho, avec des réflexions limites, qui drague pleins d’autres femmes, passionné de foot et incompétent pour toute tâche ménagère. Alexandra est présentée comme hystérique, jalouse au possible, qui tient absolument au mariage et aux enfants, et est une bonne maîtresse de maison. Un couple « normal », en définitive, caricaturé à l’extrême. Problème : le second degré ne sert-il pas parfois à la complaisance avec une certaine forme de sexisme ou d’homophobie ordinaire ?

« Le ménage, ça fait pleurer » … oui ou non ??? 👍👎 … 😉😉😉#chouchouetloulou #ungarsunefille pic.twitter.com/kwFlF6SfQO

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Comme l’expliquait Valentin Garnier dans L’Obs en 2021, le programme « se jouait des codes sexistes et machistes, mais sans y échapper elle-même ». « Si la série se joue des clichés, elle capitalise aussi sur l’image du « beauf » qu’incarne parfaitement le personnage de Jean. Imagine-t-on aujourd’hui le personnage principal d’une sitcom déblatérer, à l’instar de Jean, sur les femmes bonnes à rien sauf à faire le ménage ? », ajoutait le journaliste. Symptôme d’une époque peut-être, plusieurs sketchs abordent la question de l’homosexualité par le dégoût, le rejet, la peur. Par exemple, chez le coiffeur, où Jean demande à son coiffeur de ne plus le toucher quand celui-ci le drague, ou bien au restaurant, où il explose de colère à l’annonce de l’homosexualité du psychologue qui s’occupe de leur thérapie de couple. Et cette phrase assassine : « Vous ne savez pas ce que c’est de vivre avec une femme ! » « Mais il sait ce que c’est de vivre avec un homme », lui répond Alexandra. « Non, il sait ce que c’est de vivre avec un gay, c’est pas pareil. » Ambiance. Oui, c’est du second degré, et on peut y voir une critique des personnes homophobes… Mais il n’empêche qu’on a du mal à imager une telle réplique être diffusée en prime time sur TF1.

imaginez cette scène en 2022, à l’époque c’est passé normal 😭 https://t.co/aCtmZj4dt6 pic.twitter.com/ck9b6bbyix

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Garder le meilleur et le rire

Dire qu’il faut jeter tous les épisodes d’Un gars, une fille au bûcher serait exagéré, et faux. Si la série reste autant regardée (et rediffusée sur NRJ12, YouTube, Twitter…) comme une madeleine de Proust télévisuelle, c’est qu’elle comporte beaucoup d’éléments humoristiques qui fonctionnent, des chamailleries de couple qui peuvent parler à tout le monde aux problématiques du quotidien. Ces dynamiques continuent à être reproduites dans beaucoup de programmes courts diffusés avant le journal de 20 h, et notamment Scènes de Ménages, s’il ne fallait en citer qu’un. On aime y voir un amour imparfait (quel couple est parfait tout le temps ?), auquel on peut s’identifier et dont on peut critiquer les défauts pour se rassurer sur sa propre relation (ou sur son célibat).

De plus, Un gars, une fille illustre, à la manière d’une capsule temporelle, ce que c’était, un couple « moderne » dans les années 2000 : deux partenaires qui travaillent, qui ont des projets, chacun leur entourage et leurs passions distinctes, qui communiquent. Mais le programme caricature aussi les rôles genrés, notamment quand Jean voit sa virilité attaquée, ou quand Alex se rebelle et envoie tout valser. Surtout, en revoyant la série 20 ans après sa dernière diffusion, ce qui marque, c’est la question de la charge mentale : Alexandra s’occupe de tout, planifie tout. Déjà en 1999, c’était un enjeu qui était montré, discuté et moqué, notamment par les excuses de Jean qui ne « sait pas où sont rangés ces trucs » ou qui lâche « mais pourquoi tu me l’as pas dit ? » Entre fiction et réalité, il n’y a qu’un pas.

Bon #samedi, tout en #beauté 😊#chouchouetloulou #ungarsunefille pic.twitter.com/H6TVfGAkeE

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Un changement de paradigme, y compris hors des studios

Reproduire Un gars, une fille en 2022, c’est aussi éliminer les attitudes de domination au sein même des studios de tournage. En 2018, lors d’une interview au média belge La Dernière Heure, Alexandra Lamy avait déclaré : « Pour Un gars, une fille, je ne touchais que le tiers du salaire de Jean Dujardin, alors que la série était produite par trois femmes et qu’on avait une directrice des programmes », tout en précisant son engagement pour l’égalité salariale dans le monde du cinéma. « Au bout de huit ou neuf mois, j’en parle à Jean. Il était d’autant plus scandalisé que c’était souvent moi qui réécrivais les textes ou les adaptais. Je faisais plus de boulot que lui et je touchais nettement moins » avait-elle ajouté. L’actrice avait également raconté comment Jean Dujardin était lui-même intervenu : « Il s’est rendu dans le bureau des productrices et a exigé que je gagne la même chose que lui, sinon il quittait le programme. » Les productrices, Isabelle Camus et Hélène Jacques, avaient démenti ces propos : « Cette affirmation est totalement erronée et nous tenons à rétablir la vérité quant à la différence de traitement de salaire dont celle-ci se dit victime. La première saison ayant été tournée il y a maintenant près de dix-neuf ans, Alexandra Lamy n’a probablement plus la mémoire des cachets qui lui ont été versés. » Aïe.

Depuis la fin du programme, en 2003, de nombreuses choses ont changé, et notamment dans l’industrie du cinéma. Le secteur a été particulièrement secoué par la vague #MeToo, qui a révélé les systèmes de domination et abus de pouvoir à l’œuvre hors-champ. De nombreuses actrices et cinéastes se sont mobilisées contre la nomination de Roman Polanski aux Césars en 2019, tandis que s’est créé le Collectif 50/50, pour plus d’égalité dans le secteur de l’audiovisuel et du cinéma. Les choses bougent, les programmes de télévision se diversifient et s’en prennent à des thèmes actuels qui secouent notre société : de Skam France à Plus Belle La Vie, on parle de violences sexistes et sexuelles, de racisme, on montre des familles LGBT+… Quitte à faire un reboot d’Un gars, une fille, autant lui donner un petit lifting pour le rendre en phase avec les problématiques de notre époque.

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