« 1917 », film très personnel et novateur de Sam Mendes sur la Première Guerre mondiale, est à peine sorti sur les écrans qu’il a déjà été propulsé vers la gloire par sa victoire surprise dimanche aux Golden Globes. Saura-t-il se frayer un chemin jusqu’aux Oscars dans les semaines à venir?
Inspiré au réalisateur par les histoires que lui racontait son grand-père, ancien combattant enrôlé à l’âge de 19 ans, lorsqu’il était enfant, le film suit la course contre la montre de deux jeunes soldats britanniques sur le front franco-allemand. Ils sont chargés d’une mission quasiment impossible destinée à stopper un ordre d’attaque contre les lignes allemandes.
« 1917 » a remporté le prix du « meilleur film dramatique », récompense phare des Golden Globes, qui ont également distingué Sam Mendes en tant que réalisateur, face à des pointures comme Martin Scorsese (« The Irishman ») et Quentin Tarantino (« Once Upon a Time… in Hollywood »).
« C’est le plus gros travail d’équipe jamais fourni », s’est enthousiasmé juste après cette consécration George MacKay, l’un des deux acteurs principaux, confiant à l’AFP être « complètement ravi ».
Tour de force cinématographique, Sam Mendes et son directeur de la photographie Roger Deakins ont conçu le film comme un plan-séquence long de deux heures, des tranchées enfumées aux champs de bataille labourés par les obus en passant par une ville française dévastée.
« Ni l’un ni l’autre n’avaient jamais réalisé un film en un unique plan. Aucun d’entre nous ne l’a fait », soulignait l’autre acteur du duo, Dean-Charles Chapman, lors d’une interview avec l’AFP à Beverly Hills.
Chapman et MacKay ont tous deux décrit comment ils ont passé six mois à répéter méticuleusement leurs scènes, « lisant le texte dans un champ », reproduisant sans cesse leurs déplacements et leurs dialogues jusqu’à ce qu’ils deviennent des réflexes.
Pendant ce temps, l’équipe du film dressait petit à petit les décors autour d’eux.
« Nous marchions en suivant des piquets dans le sol comme repères, ici le mur, ici le point de départ, là l’arrivée (…) Lentement, le plateau devenait une tranchée », se souvient Dean-Charles Chapman, jusqu’à présent connu du grand public pour son rôle de Tomen Baratheon dans la série « Game of Thrones ».
– Les spectateurs dans l’incertitude -L’audace aura payé car les Golden Globes, qui ouvrent traditionnellement la saison des prix cinématographiques à Hollywood, peuvent parfois flécher la voie vers les plus prestigieux d’entre eux, les Oscars.
Les spécialistes estiment que « 1917 » devrait au moins se retrouver en lice pour le meilleur long-métrage et le meilleur réalisateur, sans compter une kyrielle de catégories techniques, lors de l’annonce des nominations aux Oscars, le 13 janvier.
Les chances de George MacKay et Dean-Charles Chapman, relativement peu connus, sont plus incertaines.
Sam Mendes affirme avoir délibérément évité les vedettes au casting pour inciter les spectateurs à se sentir plus proches des comédiens, et surtout à les maintenir dans l’incertitude sur leurs chances de survie.
« Peut-être que les deux vont être tués… Alors que si c’est Leonardo DiCaprio, vous vous doutez sans doute qu’il va survivre », expliquait-il à l’AFP le mois dernier à Paris.
« 1917 » aligne bien quelques stars confirmées, comme Colin Firth, Benedict Cumberbatch et Andrew Scott, mais uniquement dans des petits rôles.
L’intrigue du film a été soufflée à Sam Mendes par une histoire de son grand-père Alfred, qui jouait le rôle de messager dans les tranchées.
« J’imagine que c’est mon film le plus personnel, car il vient directement de moi, même si je n’ai pas l’impression d’avoir fait un film qui n’était pas un tant soit peu personnel », dit-il.
Le film a aussi été une prise de conscience pour les acteurs. En menant des recherches pour son rôle, Dean-Charles Chapman a ainsi découvert le nom de son arrière-arrière-grand-père dans un ouvrage consacré aux journaux tenus par les soldats durant la Grande Guerre.
Même si le film a été tourné en Angleterre, les comédiens se sont rendus sur les champs de bataille en France et en Belgique, où ils ont découvert les conditions de vie effroyables dans les tranchées.
« C’est vraiment merveilleux que cette expérience spéciale connaisse un accueil aussi positif », savoure George MacKay.
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