• On ne s’y attendait pas mais c’est « Titane » de Julia Ducournau qui a remporté la Palme d’or.
  • Elle est la deuxième femme et la première Française à remporter le trophée.
  • Ce film de genre aussi clivant que virtuose révèle Agathe Rousselle et défend l’inclusion avec passion en racontant l’histoire d’une psychopathe et sa relation étrange avec un pompier vieillissant joué par Vincent Lindon.

Quelle bonne surprise de voir Julia Ducournau remporter la Palme d’or pour Titane ! La réalisatrice est la deuxième femme (après Jane Campion pour La Leçon de piano en 1993 qui l’avait reçue ex aequo avec Chen Kaige et Adieu ma concubine) et la première Française à remporter le précieux trophée. « On est heureux que la Palme soit remise à une femme, a ajouté Jessica Hausner, réalisatrice du film Little Joe et membre du jury, mais cela n’a jamais été pris en compte dans nos discussions. »

Une palme à une femme… et pas n’importe quelle femme ! Elle n’a que 37 ans. Et seulement deux films à son actif. Découverte par la Semaine de la Critique pour Grave en 2016, en conte cannibale, Julia Ducournau signe ici le portrait d’une psychopathe incarnée par Agathe Rousselle, révélation magnétique d’un film dérangeant.

Attirée depuis toujours par le cinéma de genre, Julia Ducournau se réclame de David Cronenberg qu’elle admire. « Dans ses films, on voit beaucoup de corps mutilés, blessés… ça peut paraître violent, mais il ne transige pas avec la mort. Il ne met pas de mots pour essayer de l’intellectualiser, de l’adoucir, mais des images. C’est très concret »,
expliquait Julia Ducournau à 20 Minutes au moment de la sortie de Grave. L’influence du maître canadien est indéniable dans Titane autant que dans Grave. « J’aime déranger sans répugner, nous confiait encore la réalisatrice. Plutôt que les films glauques, je préfère les films qui dégagent un souffle libérateur. » 

« Je suis ravie de voir Titane couronné car le cinéma de genre est trop souvent mésestimé », a précisé Mylène Farmer, autre membre du jury.

Clivant même pour le jury

Spike Lee et son jury ont visiblement eu du mal à se mettre d’accord comme ils l’ont révélé lors de la conférence de presse donnée juste après le palmarès. « On avait vingt-quatre films mais pas vingt-quatre prix, a déclaré Spike Lee. On savait qu’on devait arriver à un résultat. Alors on a discuté, avec passion, mais sans jamais crier. C’était très respectueux. » Pas enthousiaste monsieur le président qui a, tout de même avoué concernant le personnage que joue Agathe Rousselle dans Titane : « C’était la première fois que je voyais une femme se faire mettre enceinte par une Cadillac. »

Quelques minutes auparavant, la cinéaste, très émue entre son actrice et l’autre star du film Vincent Lindon, a remercié le jury de « reconnaître le besoin viscéral qu’on a d’un monde plus inclusif et plus fluide et d’avoir laissé entrer les monstres ». La cinéaste, issue de la Fémis, avait signé plusieurs courts-métrages avant Grave. « Je n’aime pas les films glauques » confiait-elle à 20 Minutes au moment de la sortie de ce premier long. Titane n’est pas glauque. C’est un bien beau monstre qu’on peut déjà découvrir en salle.

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