La représentation des minorités sur les écrans est cruciale. Depuis longtemps, on assiste par exemple au whitewashing qui, aujourd’hui, est souvent décrié. Si la diversité prend peu à peu le dessus au cinéma, qu’en est-il de la représentation des couples mixtes ?
La question de la diversité à Hollywood fait de plus en plus débat grâce à une parole qui se libère véritablement. Mais si les moeurs évoluent, et tant mieux, il faut veiller à ne faire rentrer aucune minorité dans des cases. C’est sans aucun doute là que se pose la question de la place des couples mixtes dans l’industrie du cinéma comme du petit écran.
Durant un temps, la pop culture a représenté des relations diverses mais pas forcément mixtes, sans aucun doute dans un souci de repésentation quelque peu lisse de la société américaine et ses familles. Les années 90, par exemple, ont le mérite d’avoir fait émerger des sitcoms où les familles noires étaient représentées. Le Prince de Bel Air, le Cosby Show ou encore Ma famille d’abord un peu plus tard… Les familles noires comme les familles blanches du petit écran font rire les foyers américains. Mais quelle est la place de la mixité dans tout cela ?
La mixité au centre de l’enjeu narrative
La pop culture a tenté, certaines fois, de mettre en avant les couples mixtes. Elle a fait du cinéma un outil pour dénoncer le manque de considération des familles métissées et la difficulté pour ces dernières à trouver leur place au sein de la société. Car en effet, elles ne rentraient dans aucune case préfabriquée. Elles ne ressemblaient à aucun stéréotype. Un héritage lourd qui pourrait fait croire à la pensée collective que blancs et noirs sont incompatibles. Ashton Kutcher, star des comédies romantiques, a formé un couple mixte à l’écran aux côtés de l’actrice Zoe Saldana. Dans le film Black/White, ils incarnent Theresa et Simon, deux tourtereaux dont la relation surprend le papa de la jeune fille. Son futur beau-fils est blanc et il ne s’attendait absolument pas à cela. Le pitch du film est clair : la mixité pose problème.
Ainsi, le cinéma a, quelque fois, dénoncé le regard de la société sur les couples mixtes. Parfois même historiquement. C’est le cas de Loving, qui a mis en lumière Mildred et Richard Loving, premier couple métissé à avoir rendu légal leur mariage aux Etats-Unis. Si le film dévoile l’aspect militant et la figure sociale qu’est devenu ce couple, il pose un regard bienveillant sur eux. Loving dépeint l’histoire d’un couple au final banal qui n’a jamais eu la prétention de défendre les droits civiques bafoués de l’Amérique ségrégationniste en 1958. On découvre alors que, malgré eux, ils sont devenus le symbole du droit à s’aimer pour tous, sans distinction d’origine. La banalisation des couples mixtes au cinéma serait-elle donc la clé pour une représentation idéale de ces relations ?
Le couple mixte comme non-dit
Certes, ces 20 dernières années, on a vu quelques films évoquer la mixité comme sujet principal, mettant ainsi en lumière des oeuvres sociétales. Mais Hollywood a également laissé la place à la diversité sans en faire un sujet central pour autant. Le nouveau Spiderman, interprété par l’acteur Tom Holland, s’éprend d’une camarade de classe métisse. On découvre alors la vie de famille de la jeune fille : sa mère est donc noire et son père blanc, interprétés respectivement par Garcelle Beauvais et Michael Keaton. A aucun moment ce métissage n’est évoqué, rendant les familles mixtes aussi banales que les autres, ne remettant jamais en question leur légitimité. Cette mixité a fait débat à la sortie du film, déplorée par certains mais saluée par d’autres, ravis de voir de la diversité dans un film grand public.
Le couple mixte aurait-il encore du mal à trouver sa place auprès du public malgré les efforts des studios ? Lorsque le succès de Friends battait son plein, David Schwimmer, l’interprète de Ross, s’était vraisemblablement battu pour que la série soit « moins blanche ». Dans une interview accordée à The Guardian, il a récemment expliqué : « J’étais bien conscient du manque de diversité et j’ai fait campagne pendant des années pour que Ross sorte avec des femmes de couleur » explique-t-il. En effet, son personnage est en couple avec Julie dans la saison 2, une jeune femme d’origine asiatique, avant de tomber sous le charme de Charlie, une collègue afro-américaine dans les saisons 9 et 10. Un choix de casting judicieux quand on sait qu’au sein de la narration, les origines de ces jeunes femmes ne sont jamais un obstacle face à la relation qu’elles entretiennent avec Ross.
Les exemples de couples mixtes sont de plus en plus nombreux dans les productions de divertissement. Une nouvelle ère se faire resentir. A présent, l’enjeu semble tel que la diversité doit être majoritairement acceptée par le public lui-même comme étant une banalité, sans conséquences sur une narration quelconque.
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