- Le premier épisode de la série Les Papillons noirs est diffusé mercredi 7 septembre, sur Arte.
- L’intrigue principale se passe dans la maison d’Albert, tueur à la retraite, une demeure particulière que la production a eu du mal à trouver.
- Un régisseur a fini par tomber, par hasard, sur cette maison normande perdue dans la campagne d’Artois, dans le Pas-de-Calais.
Il est de ces films dont l’ambiance des lieux fait la saveur. La série Les Papillons noirs, dont le premier épisode est diffusé mercredi 7 septembre sur Arte, en fait partie : l’histoire d’un ancien serial killer qui décide d’engager un écrivain en manque d’inspiration pour rédiger ses mémoires. L’intrigue principale se passe dans la maison d’Albert, tueur à la retraite, une demeure où le temps semble s’être arrêté.
Mais trouver une maison qui corresponde exactement aux désirs du réalisateur et aux exigences du scénario n’a pas été de tout repos. « Il fallait répondre à plusieurs critères », explique à 20 Minutes Frédéric Alexandre, assistant régisseur free lance qui s’est spécialisé dans la prospection de décors pour le cinéma.
« Une maison qui baignait dans son jus »
« La boîte de production, GMT productions, cherchait une maison qui baignait dans son jus, avec du vieux papier peint, au milieu d’une forêt. Le décor devait exprimer l’idée que le temps s’était arrêté », ajoute-t-il.
Coproduite par Pictanovo, le fonds régional d’aide au cinéma dans les Hauts-de-France, la série devait être tournée, en grande partie, dans le Nord ou le Pas-de-Calais. Or, le tour des maisons forestières n’avait rien donné. « Souvent, c’était trop isolé, sans électricité », se souvient Frédéric Alexandre.
Et le temps passait. A trois semaines du début du tournage, l’équipe n’avait toujours pas trouvé la perle rare. « C’était tendu. J’ai eu l’autorisation de m’éloigner de Lille pour aller prospecter vers Arras », indique-t-il. Et un jour, un concours de circonstances a fait basculer le destin de la série.
Certains habitants ignorent son existence
« Il pleuvait averse, je me suis embourbé près d’un village entre Arras et Cambrai, raconte-t-il. J’ai appelé un ami agriculteur qui habitait dans le coin pour venir me dépanner. Quand j’ai vu arriver un tracteur sur un petit chemin, j’ai cru que c’était lui. Je me suis engagé à pied dans ce chemin pour venir à sa rencontre et là, je suis tombé, par hasard, sur cette maison qui semblait abandonnée, avec un entourage boisé. C’était quasiment magique. »
Car, dans la réalité, cette demeure renferme aussi sa part de mystère. Même dans le village, certains habitants ignorent son existence. « C’est une résidence secondaire qui est effectivement méconnue car elle n’a aucun voisinage direct », confirme l’adjointe administrative de mairie, Sabine Dhorne.
Dispensaire allemand pendant la Seconde guerre
Restait à trouver le propriétaire et à le convaincre. Frédéric Alexandre est allé voir un voisin. « Un monsieur très gentil m’a dit que la maison appartenait à un dentiste près de Douai. J’ai pris contact avec lui et nous avons pu tourner en temps et en heure. » Car, en plus, l’intérieur de la bâtisse avait gardé une âme des années 1970.
Mais comment une telle maison de style normand s’est-elle retrouvée dans la campagne artésienne ? « A la base, il y avait un château qui a été détruit pendant la Première guerre mondiale, souligne la femme du propriétaire, contactée par 20 Minutes. La maison a été reconstruite après guerre, puis elle a servi de dispensaire allemand pendant la Seconde guerre. Elle appartenait à une demoiselle qui habitait à Paris et qui a fini par la vendre à mon beau-père, ingénieur des mines. Pour lui, cette maison était un vrai bol d’air car il habitait en ville, dans un appartement. »
Second tournage
Et depuis cinquante ans, cette maison de vacances n’a pas changé. « Mon mari y a gardé des souvenirs de son adolescence et nous n’avons jamais fait de gros travaux pour la rénover », avoue-t-elle. Tant mieux pour l’équipe de réalisation de la série qui n’aura que quelques retouches à faire.
Le tournage a duré trois semaines, fin mai, début juin 2021. « C’était la première fois que notre petite commune de 300 habitants accueillait une équipe de tournage. Nous leur avons prêté la salle des fêtes pour servir de cantine », explique la mairie.
Depuis, cette mystérieuse maison a fait des émules. Une autre boîte de production a contacté Frédéric Alexandre et un second tournage a eu lieu en juin, pendant trois jours, pour le film Lumière Noire de Karim Bensalah. « Papillons noirs, Lumière Noire… Cette demeure inspire visiblement la noirceur », plaisante Frédéric Alexandre. En tout cas, un parfum de cinéma semble s’y être ancré.
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