Considérée comme le programme fondateur de la téléréalité, l’émission The Real World de la chaîne musicale américaine MTV a réuni les membres de la toute première édition, de 1992, pour un spin-off intitulé The Real World Homecoming : New York et proposé sur la nouvelle plateforme de streaming
Paramount+. Six épisodes seront disponibles.

Avant 1992, plusieurs chaînes avaient déjà tenté l’expérience de la téléréalité ; mais aucune émission n’avait encore eu le retentissement de The Real World, qui a fait beaucoup pour permettre à MTV de rester pertinente auprès d’un public jeune, alléchant annonceurs, diffuseurs et producteurs, au point de décliner la recette à l’infini. Sept jeunes gens, âgés de 19 à 26 ans, qui ne se connaissaient pas, partageant, durant trois mois, un immense loft de Soho, et filmés quasiment en permanence. Tel était le principe, aujourd’hui classique, de l’émission de 1992.

Le retour de The Real World évoque ce qu’il fut à ses débuts, une fenêtre sur la vraie vie, un moment d’authenticité quand la télévision n’offrait que des objets fabriqués. Il rappelle aussi le fossé entre cette première saison et ce qu’est devenue aujourd’hui la téléréalité, où l’artifice et l’outrance l’ont emporté sur tout le reste.

Et pour ces retrouvailles, The Real World confirme que sous son côté léger, avec des jeunes gens bien de leur personne, idéalistes et souvent naïfs, il offrait ce qui a disparu de beaucoup de déclinaisons du genre : un peu de fond. « C’était la première fois, en dehors de la couverture du mouvement pour les droits civiques qu’on voyait, dans une émission de télé, des Noirs et des Blancs avoir des discussions engagées sur la question raciale et le racisme », fait valoir Kevin Powell, l’un des deux participants noirs de la première saison.

Des candidats devenus respectueux et matures

« Quand on avait une explication, c’était un débat », se souvient, dans le premier épisode des retrouvailles, Rebecca Blasband, la « Becky » de la première saison. « C’est différent d’une foire d’empoigne où deux personnes ne s’écoutent pas. » Et cette nouvelle cuvée tranche encore davantage car, trois décennies plus tard, se sont installés de l’affection et du respect entre ces sept quadras ou quinquas, ainsi que de la maturité, toutes choses propices au dialogue, devenu rare dans une société américaine polarisée.

« Je ne suis pas sûr qu’on pourrait la vendre aujourd’hui », disait de l’émission originelle son co-créateur, Jonathan Murray, au site du magazine The Hollywood Reporter en 2012. C’est presque trop pur, sans beaucoup de choses qui font du bruit. Aujourd’hui, il faut en faire quelque chose d’assez tapageur pour que cela puisse attirer l’attention des gens. »

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