Star du petit écran dans les années 90-2000 (retrouvez 30 ans d’émissions cultes samedi 18 juin, à 21 h 10, sur TF1), Philippe Risoli porte un regard lucide sur son parcours. Rencontre avec un passionné, passé au théâtre grâce à son ami Jean-Pierre Pernaut.

Lorsque vous vous replongez dans vos années télé, quels sentiments vous reviennent ?

Philippe Risoli : C’était la concrétisation d’un rêve d’enfant. À chaque nouvelle émission, on pensait à moi, exactement comme aujourd’hui avec Camille Combal sur TF1 ou Cyril Féraud sur France 3. Le succès appelant le succès, les projets se sont enchaînés. Cela a duré dix-sept ans, jusqu’à ce qu’on me mette une petite peau de banane sous les pieds. C’est comme ça, c’est l’univers de la télé.

Quelles qualités sont nécessaires pour supporter cette frénésie ?

Être ultra-passionné, c’est ce qui réunit les gens qui réussissent dans ce métier, avec ce qu’ils ont dans les tripes, leur talent et l’aide d’un certain nombre de concours de circonstances. Il faut être là au bon moment. Ensuite, il faut avoir la chance d’obtenir l’adhésion du public, cette sympathie qui m’est tombée dessus tel un tsunami et qui perdure lorsqu’aujourd’hui, les gens viennent me voir au théâtre. Et de l’énergie. Quand tout marche pour vous, vous n’êtes jamais fatigué ! Et puis un jour, un nouveau directeur des programmes arrive et certains, dont vous pensiez qu’ils étaient vos amis alors qu’ils lorgnaient votre place, finissent par vous la piquer. Je n’ai pas voulu le faire sur le moment mais je raconterai tout ça un jour…

Comment fait-on pour gérer le téléphone qui ne sonne plus après la fin du Juste Prix (il a animé ce jeu sur TF1 de 1992 à 2001) ?

Tout s’est arrêté d’un coup : le 31 août 2001, j’étais à TF1, et le 1er septembre, je n’y étais plus ! À un certain niveau, le téléphone ne s’arrête pas du jour au lendemain. Il sonne moins et vous qui n’avez jamais appelé, vous finissez par passer quelques coups de fil, même si vous n’aimez pas quémander. Naïvement, je pensais que les qualités professionnelles finissent toujours par l’emporter. Mais il y a dans ce métier un ramassis d’envieux et d’aigris qui vous foutent la tête sous l’eau. J’ai donc eu deux-trois années difficiles, mais la chance d’avoir une famille qui m’a soutenu.

Avez-vous des regrets ?

Le seul, c’est La Ferme Célébrités. Parce qu’on m’avait dit que si je faisais cette émission, on m’en retrouverait immédiatement une autre à l’antenne. La première fois, j’ai refusé catégoriquement, puis ils ont été plus précis dans leurs propositions qui, finalement, ne se sont pas concrétisées.

Comment avez-vous décidé de vous réorienter vers le théâtre ?

Sincèrement, pendant un temps, vu le métier et le niveau de notoriété que j’avais acquis, je me disais que quelqu’un allait me passer un petit coup de fil. Ça n’a pas été le cas. J’avais 50 balais, je n’allais pas rester sur mon canapé et je ne suis pas trop pêche à la ligne !

Aviez-vous des soucis financiers ?

J’avais suffisamment travaillé pour ne pas avoir le couteau sous la gorge financièrement. Le problème n’était pas là : quand on a ce métier dans la peau, on ne le lâche pas du jour au lendemain ! Surtout quand on a peu d’estime pour celui qui vous a piqué votre place… Dans ce métier, il faut avoir plusieurs cordes à son arc. Entre-temps, j’étais revenu sur Gulli (pour une nouvelle version de L’École des fans, ndlr), mais moi qui suis cinéphile, le théâtre me trottait dans la tête. C’est alors que Jean-Pierre Pernaut, avec lequel j’étais ami depuis longtemps, m’a proposé sa pièce Piège à Matignon avec sa femme Nathalie. J’ai vraiment bossé avec un metteur en scène, puis les pièces se sont enchaînées.

Et la suite ?

Mon livre Je ne veux pas que tu me voies mourir – en hommage à la dernière phrase de mon père – sortira à la rentrée et passera au crible des thèmes qui me tiennent à cœur. La télé, à moins d’aller cirer les bottes de certains leaders comme je le vois parfois, je pense que je n’en referai plus. Et j’ai d’autres projets au théâtre. Ce qui me plairait bien, c’est d’avoir un rôle dans un téléfilm ou une série. Refaire de la télé d’une autre manière, ça, ça me ferait plaisir !

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