Ce soir Arte lève le voile sur les secrets du Colisée avec le documentaire Monuments éternels. Construit il y a près de deux mille ans, le célèbre amphithéâtre de Rome est le modèle de l’industrie du spectacle : bon nombre d’innovations, encore utilisées aujourd’hui, y ont vu le jour. Explications.

Une capacité de 50 000 places, 138 mètres de long, 50 de haut ! Au cœur de Rome, le Colisée est l’un des édifices les plus spectaculaires de l’Antiquité. Les travaux, lancés en 70 après Jésus-Christ, sous l’empereur Vespasien, furent achevés dix ans après sous le règne de son fils, Titus. Un record pour l’époque ! Le vaisseau de pierre présente un remarquable travail d’ingénierie. Des prouesses techniques dont s’inspirent encore les architectes de nos stades. Le documentaire de ce soir révèle les plus surprenantes d’entre elles.

Des ascenseurs

Les organisateurs ne reculaient devant aucun effet pour épater les spectateurs. Comment faisaient-ils apparaître les animaux dans l’amphithéâtre ? Les profondes rainures sur les murs qui vont du sous-sol à l’arène ont mis les archéologues sur la piste d’un système de monte-charge. Ils vont en dénombrer vingt-huit. L’ingénieur italien Umberto Baruffaldi a reconstruit in situ un de ces ascenseurs. À l’aide de cabestans, de cordes et de poulies, les scientifiques sont arrivés à hisser un loup enfermé dans cette cage… d’ascenseur !

Un lac au cœur de l’arène

L’un des grands moments des spectacles du cirque était les reconstitutions de batailles navales, ou naumachies, dans une arène transformée en bassin. Pour ce faire, les concepteurs avaient imaginé un réseau hydraulique détournant les eaux des aqueducs alimentant Rome. Les archéologues ont identifié les quarante bouches d’où jaillissaient les flots chargés d’inonder l’arène. Pour obtenir le mètre cinquante de profondeur nécessaire, il fallait cinq millions de litres ! Puis l’eau était évacuée par quatre collecteurs d’égout.

Une circulation fluide et efficace

Il ne fallait pas plus de huit minutes pour évacuer les 50.000 spectateurs du Colisée ! On ne fait pas plus efficace. Les concepteurs de stades modernes s’inspirent aujourd’hui encore de ce système : de nombreux accès, de larges couloirs, des escaliers, et enfin six rangées de gradins permettaient aux spectateurs d’atteindre rapidement leurs places. Les quatre voies d’accès principales étaient reliées à des escaliers intérieurs. Chaque individu recevait un jeton numéroté qui indiquait le parcours pour atteindre son siège.

À lire également

Gladiator (TMC) Le film de Ridley Scott est-il conforme à la réalité historique ?

Un toit rétractable

Un immense auvent rétractable avait été imaginé pour protéger le public de la pluie ou du soleil. Il était soutenu par quatre-vingts mâts dressés autour du front de l’amphithéâtre, d’où partaient des cordes reliées à un gigantesque anneau posé à plat sur l’arène. On le soulevait ensuite grâce à un système de treuil et de poulies, emprunté à la marine à voile. Une fois cette toile d’araignée hissée, on déroulait dessus de larges bandes de lin.

Des brumisateurs

Tout avait été pensé pour le bien-être des spectateurs. Pour les soulager de la canicule, les concepteurs avaient équipé l’amphithéâtre de brumisateurs, les sparsiones. Selon Sénèque, « le public recevait une brume rafraîchissante et parfumée« . Philippe Fleury, professeur à l’université de Caen, s’est attelé à reconstruire l’une de ces machines en se basant sur les indications de l’ingénieur romain Vitruve. Il a conçu une pompe à air qui plonge dans un réservoir d’eau pour pulvériser une légère bruine en jets réguliers.

Monuments éternels est diffusé samedi 9 mai à 21h05 sur Arte

Hacène Chouchaoui

Source: Lire L’Article Complet