DÉCRYPTAGE – La cérémonie retransmise ce samedi soir sur TF1 est chaque année remise en question. Mais les reproches ne sont pas toujours justifiés.
Et si l’élection Miss France disparaissait? À l’heure de #Me Too, le concours organisé ce samedi soir à Marseille et retransmis en direct sur TF1 est plus que jamais remis en question. Pourquoi ne pas accueillir une miss ronde? Une miss transgenre? Faut-il continuer les défilés en maillot de bain? Quand en octobre dernier, une candidate recalée à l’élection de Miss Auvergne accuse le comité de «grossophobie», Sylvie Tellier, la directrice de l’organisation, est contrainte de monter au créneau. «Il n’y a aucune sélection sur le poids, assure-t-elle. On ne fait pas monter les filles sur des balances et on fait les costumes sur mesure, pour toutes les tailles», ajoute-t-elle.
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Le sacre en 2019 de Vaimalama Chaves, qui a toujours revendiqué ses rondeurs, est là pour prouver sa bonne foi. Mais les féministes peuvent-elles se contenter de cet argument? Beaucoup jugent cette cérémonie anachronique et dégradante. Il y a peu, Laurent Ruquier s’est érigé en porte-parole. «Puisqu’il faut arrêter de regarder les femmes comme des objets, cesser de les juger sur leur physique et systématiquement privilégier les plus jolies, je lance un appel: boycottons cette année l’élection de Miss France», a-t-il lâché dans «On n’est pas couché».
Culture générale solide
Alors, les Français sont-ils prêts à zapper les Miss ? Chaque année, ils sont entre 8 et 10 millions à suivre l’élection, l’un des programmes, hors compétition sportive, les plus regardés de la télévision française. «Les résultats d’audience montrent bien que pour un nombre important de personnes, ces valeurs (féministes) ne sont centrales», estime Séverine Barthes, maîtresse de conférences en sciences de l’information. «Miss France ne parle pas au même public que #MeToo. Ça peut paraître en décalage avec l’évolution de la société, mais ça montre bien que tout ce qui dénonce une sorte de patriarcat systémique, ne touche qu’une minorité de gens, souvent diplômés, souvent parisiens». Pour Sylvie Tellier, les Français ne sont «pas prêts à élire une Miss transsexuelle» comme certains ont pu le suggérer.
En presque cent ans d’existence, le concours a évolué. Depuis 2011 et le départ de Geneviève de Fontenay de la tête de l’organisation, les candidates sont soumises à un test de culture générale dont le niveau a été augmenté cette année avec la suppression des questions à choix multiples. La «belle plante», c’est bien, avec une tête bien faite, c’est mieux. Parmi les Miss élues au cours de ces dix dernières années, Laury Thilleman, Marine Lorphelin et Iris Mittenaere avaient obtenu la meilleure note à l’évaluation tant redoutée.
«La Miss élue va tout de suite aller au 13 heures de Jean-Pierre Pernaut, à “Quotidien” et dans “On n’est pas couché”. Je ne veux pas projeter une jeune femme fragile émotionnellement ou qui manque de solidité en culture générale pour affronter cette année de règne», explique Sylvie Tellier qui fait également passer un entretien d’embauche à chacune des 30 candidates 3 jours avant le Jour J. «Une candidate qui n’a pas la moyenne au test de culture générale ne fera pas partie de mes quinze demi-finalistes», jure-t-elle, pour parer une fois encore les attaques. Sois belle et ne te tais plus…
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