Maurice le chat fabuleux explore les dédales anciens et influents du conte merveilleux. Le réalisateur allemand Toby Genkel (Yakari le film, Oups ! J’ai raté l’Arche), rodé à l’exercice (il réalise ici son cinquième film d’animation), accompagné par Florian Westermann, livre une adaptation bien ficelée du roman Le Fabuleux Maurice et ses rongeurs savants de Terry Pratchett publié en 2001. L’œuvre s’amuse à détourner les lieux communs des contes et à briser régulièrement le quatrième mur. Une recette qui n’est certes pas révolutionnaire mais à laquelle on prend goût, au fil d’un récit attendrissant, aux influences médiévales.
Après être restés trop longtemps près d’une école de magie, le gentil arnaqueur Maurice le chat (Hugh Laurie) et une bande de rats se sont dotés de pouvoirs bien concrets : ils parlent, raisonnent et élaborent. Accompagnés du jeune Keith (Himesh Patel), joueur de flûte, ils parcourent les villages en simulant des invasions de rats dont Keith viendrait à bout en jouant de la flûte. Dans un village fortifié, ils rencontrent Malicia (Emilia Clarke) avec qui ils tentent de résoudre un mystère qui plane sur la ville, œuvre d’un être maléfique : le roi des rats (David Thewlis).
Conte et reconte
Le pari n’était pas évident. Toby Genkel et Florian Westermann signent une aventure où la protagoniste Malicia – par l’entremise de la voix d’Emilia Clarke – est également la conteuse du récit. À chaque situation charnière, elle s’empresse alors d’énoncer les effets scénaristiques clichés des contes : retournements de situations prévisibles ou encore liens attendus que tissent les personnages. Une formule revisitée avec fraîcheur et appuyée par des moments d’humour qui font mouche.
La version originale est très réussie : on se laisse porter par les voix des interprètes de Docteur House (Hugh Laurie), Games of Thrones (Emilia Clarke) ou encore celle d’Hamish Patel, que l’on a vu dans Don’t Look Up. Même chose côté version française, avec un casting moins enlevé que la version anglo-saxonne mais tout aussi efficace.
Il était une fois…
Les personnages s’adressent à intervalles réguliers au spectateur, rompant ce fameux quatrième mur, à tel point que cela pourrait ajouter de la confusion pour le plus jeune public. De nombreuses références et clins d’œil à des contes célèbres sont distillés dans le récit et les répliques des personnages, du Chat Botté à Hansel et Gretel.
Pour donner vie à l’histoire du romancier Terry Pratchett, les réalisateurs esquissent une patte graphique qui se rapproche des plans « mécaniques » vus au cinéma : travelling, actions au ralenti ou effet de plongée sont utilisées pour recréer des scènes réalistes. La désuétude assumée dans l’esthétique fonctionne également plutôt bien avec le ton du long-métrage.
Néanmoins, certains décors en extérieur peuvent paraître étonnement vides. L’histoire fera vite oublier ces manques aux plus jeunes. Malgré un combat final décevant, l’aventure reste rythmée, avec des ruptures maîtrisées et le chant de flûte assez envoûtant. Un attendrissant voyage d’une heure et demie aux côtés de la troupe de rats du chat Maurice.