• Un couple de Français expatriés se heurte à des paysans dans un petit village de Galice.
  • Marina Foïs et Denis Ménochet sont emportés dans un engrenage de violences.
  • « As bestas » secoue le spectateur avec une virtuosité telle qu’il en reste le souffle coupé.

Il existe des films qui vous attrapent, vous secouent et vous laissent pantelants comme après une séance intense de fitness. As bestas de Rodrigo Sorogoyen, découvert à Cannes dans la section Première, est à classer dans cette catégorie. La tension est si puissante entre un couple de Français installé dans un petit village de Gallice et des paysans locaux qu’on a l’impression de ne reprendre sa respiration qu’à la fin de la projection. Et encore : il faut un petit moment pour y arriver.

 « C’était le but que je recherchais, confie Rodrigo Sorogoyen à 20 Minutes. Parvenir à ce que le spectateur se sente pris entre deux feux et puisse comprendre et blâmer chacun des protagonistes. » La situation tourne au vinaigre entre le duo formé par Marina Foïs et  Denis Ménochet et deux frères du cru joué par Luis Zahera et Diego Anido en paysans qu’on sent vite capables de toutes les violences. Le choc de ce quatuor brillant est d’une intensité presque insoutenable.

Des intérêts contradictoires

« Chacun à ses raisons et des intérêts contradictoires », insiste le réalisateur d’El Reino. Les citadins expatriés ont mis toutes leurs économies dans leurs projets d’agriculture bio et de gîtes de vacances. Les villageois espéraient changer de vie grâce à l’argent promis par une société comptant installer des éoliennes dans leurs champs. « De leur point de vue, les nouveaux venus leur volent leur avenir. Ce qu’ils prennent pour du mépris les fait sombrer dans une forme de folie. » Les provocations et dégradations vont crescendo jusqu’à ce que l’engrenage emporte tout le monde dans un processus irréparable.

« Je me suis inspiré d’une véritable histoire pour montrer comment les choses peuvent dégénérer sans que personne ne l’ait vraiment voulu à la base, précise le réalisateur. Le refus de l’étranger et l’incommunicabilité sont les thèmes que ma coscénariste Isabel Pena et moi voulions aborder. » La mise en scène implacable du cinéaste met le spectateur dans la situation d’un témoin conscient mais impuissant devant le drame qui va se dérouler. Si Rodrigo Sorogoyen parvient à surprendre, ce n’est pas par l’issue de son film mais par la justesse des réactions de ses personnages.

Le titre As bestas fait référence à des chevaux sauvages. Une scène d’ouverture fascinante montre comment des « aloitadores » (cow-boys locaux) parviennent à les monter au péril de leur vie. Rodrigo Sorogoyen capte la brutalité de ces hommes dans son thriller, l’un des meilleurs de l’année 2022.

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