« C’est un message pour l’humanité« , proclame Yohann sur scène. « Ça m’emmerde le médicament, la pilule bleue, quand est-ce qu’on va l’arrêter ? Je suis mieux quand je suis sans (…) Je veux pouvoir réfléchir, ne pas passer ma vie à dormir« , dénonce Kevin, sur quelques notes de piano. « Ce qui me met en colère, c’est quand les gens se moquent de moi« , enrage Stanislas sur un déluge sonore énergique. 

Dans le groupe Astéréotypie, un projet à la fois éducatif et artistique monté en 2010 à Bourg-La-Reine, ils sont cinq à se relayer au chant : Yohann, Stanislas, Aurélien, Claire et Kevin. Cinq jeunes gens autistes dont les paroles atypiques et les phrasés lunaires aimantent l’oreille sur un genre de post-punk énergique tirant parfois sur le garage-rock ou le noisy.

Des chansons surréalistes et habitées

Ponyo sur la falaise, Le cachet, Marie-Antoinette, Alphabétix : leurs chansons intenses, dans lesquelles ces hypersensibles partagent leurs angoisses, leur humour, leurs colères et leurs enthousiasmes, tiennent sacrément la route, en particulier sur scène où ils sont accompagnés de quatre musiciens.

En live, tout peut arriver. Ces chanteurs singuliers, plutôt timides, anxieux ou confus en temps normal, acquièrent au micro une assurance nouvelle, voire un charisme de rock star, et imposent leurs personnalités et leurs scansions curieuses. Leurs déclamations, à la fois surréalistes et habitées, déménagent follement. Parce qu’elles nous font toucher du doigt leurs manières bien particulières d’être au monde et nous renvoient à notre propre étrangeté, elles touchent au cœur.

Une aventure humaine

L’énergie positive des Dieux nous entraîne dans l’intimité de leur processus créatif, en compagnie de Christophe L’Huillier, patience d’ange et sacré guitariste, qui veille comme le lait sur le feu sur cette aventure humaine et musicale démarrée au départ sans arrière-pensée. Il gère les séances d’écriture, les répétitions et les concerts mais aussi les humeurs, les difficultés et les oublis des uns et des autres, et donne lui aussi tout sur scène, en compagnie de trois autres musiciens (Eric Dubessay et Arthur Gillette du groupe Moriarty, ainsi que Benoît Guivarch), portant haut le « spoken word » des chanteurs.

Astéréotypie, terrain d’expression thérapeutique devenu proposition artistique remarquable, a déjà donné lieu à trois albums, dont le dernier, Aucun Mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme, a paru en avril. Ce film en immersion de Laetitia Møller, qui éclaire avec élégance un pan méconnu du handicap et en dit long sur le pouvoir de l’art et de la créativité partagé par tous, est tout simplement bouleversant.

L’Énergie positive des dieux de Laetitia Møller, le 14 septembre 2022 au cinéma

La Fiche

Genre : documentaire
Réalisation : Laetitia Møller
Pays : France
Durée : 1h10
Sortie en France : 14 septembre 2022
Distributeur : La vingt-cinquième heure

Synopsis : Leur musique est une déferlante de rock électrique. Leurs textes assènent une poésie sauvage. Accompagnés de quatre musiciens, Stanislas, Yohann, Aurélien, Claire et Kevin sont les chanteurs du groupe Astéréotypie. Issus d’un institut médico-éducatif accueillant de jeunes autistes, ils dévoilent sur scène leurs univers détonants, encouragés par Christophe, un éducateur plus passionné d’art brut que de techniques éducatives. Leur aventure collective est un cri de liberté.

Source: Lire L’Article Complet