Dans cette comédie dramatique de Christian Vincent diffusée ce soir sur Chérie 25, Catherine Frot campe la nouvelle cuisinière du chef de l’État. D’après une histoire vraie… Récit.

Elysée, 1988. Le président de la République (Jean d’Ormesson) souhaite qu’un vent de changement souffle sur les cuisines. Il ne supporte plus les plats convenus que lui sert Pascal Lepiq. Pour ses repas privés, ce Président hédoniste souhaite des mets plus gourmands. Il confie cette mission à Hortense Laborie (Catherine Frot), une femme du terroir périgourdin aimant la truffe et le foie gras plus que son âme. Son arrivée aux fourneaux n’est pas du goût de la brigade en place. Mais grâce à sa personnalité bien trempée et à ses plats délicieux, Hortense séduit le chef de l’État et ses hôtes…

“Régalez-moi !”

Le personnage d’Hortense Laborie a réellement existé. Au début de son deuxième septennat, François Mitterrand a fait appel à une cuisinière personnelle. Sur les conseils de Joël Robuchon, il choisit Danièle Delpeuch, fermière du Périgord. Cette femme à poigne, mère de quatre enfants capable de diriger à la baguette vingt commis, a séduit Catherine Frot dès la première lecture du scénario. L’actrice a suivi pendant deux semaines ses cours de cuisine. Elle a découvert, fascinée, comment Danièle Delpeuch confectionne le chou farci au saumon, le filet en croûte de sel et les variations aux truffes qui ont arraché des cris d’admiration aux Présidents Gorbatchev et Reagan. Mais le cordon-bleu a aussi raconté à la comédienne l’accueil glacial de ses collègues, qui n’acceptaient pas d’être dirigés par une femme. Seule contre tous ces chefs toqués qui la regardaient de haut, elle a tenu deux ans. Enfin, elle lui a longuement parlé de François Mitterrand, un gourmet éclairé aux goûts sûrs, fou de foie gras et de fruits de mer, qui lui murmurait, les yeux dans les yeux : « Faites-moi la cuisine de ma grand-mère et régalez-moi…« 

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L’eau à la bouche

Lorsque le tournage débute, dans les mythiques cuisines du château de Chantilly, où officiait jadis Vatel, Catherine Frot connaît tous les secrets de la gastronomie périgourdine. Elle donne la réplique à un Jean d’Ormesson impérial qui prête son élégance naturelle au personnage de François Mitterrand. L’homme a d’autant plus de mérite qu’il s’agit de son premier rôle au cinéma. Il se la joue modeste : « Je connaissais bien Mitterrand, avec lequel j’ai eu la chance de dîner. Il avait un vrai panache et un appétit d’ogre. » Le soir, avant la fermeture du plateau, l’académicien et sa partenaire dégustent, complices, les pâtés en croûte concoctés pour les besoins du film par Danièle Delpeuch. Au fil des jours, le plateau se transforme en épicentre de la gourmandise. Les techniciens filment, l’eau à la bouche, des brouillades de cèpes, des chaudrées charentaises et des saint-honorés à la crème qui défilent sur la table de Jean d’Ormesson. Le soir, la production les autorise à emporter ces délicieux plats chez eux. Catherine Frot, elle, tombe définitivement amoureuse des truffes, qu’elle déguste à l’écran mais aussi entre les prises. Ce péché mignon l’amuse : « D’habitude, sur un tournage, je maigris. Là, ce ne fut pas le cas…« 

Les saveur du palais : lundi 3 août à 21h05 sur Chérie 25

Jean-Baptiste Drouet

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