Environ 1,1 million de spectateurs est allé au cinéma en France entre le 22 juin, date de la réouverture des salles, et le 30 juin, selon Comscore, qui relève les entrées en France. Un résultat « très encourageant », pour le directeur de la plateforme audiométrique, Eric Marti, alors que les films à l’affiche étaient pour la plupart déjà sortis en mars.
Une envie de cinéma
C’est le cas de La Bonne épouse de Martin Provost, grand gagnant du box-office. Il a rassemblé près de 170.000 spectateurs pour cette première semaine, soit autant qu’en quatre jours en mars, « un score plutôt très honorable« , selon le distributeur du film Alexandre Mallet-Guy.
« Ce qui nous a vraiment rassurés, c’est l’envie des spectateurs d’aller au cinéma« , indique le délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), Marc-Olivier Sebbag, qui constate qu’en comparaison, « l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne redémarrent difficilement », en raison notamment d’une offre de films nationaux moins forte.
« On est au-dessus du niveau qu’on craignait, au moins au niveau moyen qu’on imaginait, et donc on est plutôt contents », ajoute-t-il. Même s’il précise que les chiffres restent « en-dessous de l’équilibre économique » et « inférieurs aux années passées« , dans une semaine qui coïncide d’habitude avec la Fête du cinéma.
Les cinémas d’art et essai grands gagnants de la reprise
Ce sont les cinémas d’art et essai qui s’en sortent le mieux car l’offre de films, en l’absence de blockbusters américains, correspond plus à ce type de salles qu’aux multiplexes.
« On a retrouvé vraiment nos spectateurs fidèles, assidus« , se réjouit Christine Beauchemin-Flot, co-présidente du Scare (Syndicat des cinémas d’art, de répertoire et d’essai) et directrice du Select à Antony (Hauts-de-Seine).
Son cinéma a engrangé 1 971 entrées sur une semaine – 20% de moins que l’an dernier -, un résultat « encourageant » pour elle.
Pour certains cependant, le constat est plus amer, comme pour Olivier Aubry, directeur du Méliès à Bayeux, en Normandie. « Ça repart très mal« , avec seulement 220 entrées sur la semaine dans ses trois salles (contre 1.000 l’an dernier), dit-il. « On n’a pas de films et on nous demande de faire des miracles« .
Car les exploitants partagent un constat : ils manquent de films – principalement de nouveautés – maintenant et pour les semaines à venir. Les sorties américaines prévues en juillet, le Disney Mulan et Tenet de Christopher Nolan, ont été repoussées au minimum à la mi-août, en raison de la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis.
« Il faut des films, plus de films »
« On est optimistes, parce que les gens veulent venir au cinéma, mais quand il n’y a pas de matière, il n’y a pas de matière. Ce qui nous arrive des Etats-Unis est compliqué« , analyse Jocelyn Bouyssy, directeur général du groupe CGR, qui compte 73 complexes en France.
« Il faut des films, plus de films« , lance-t-il, alors que l’été est traditionnellement la saison des blockbusters américains et films populaires.
Les exploitants reportent pour l’instant leurs espoirs sur quelques nouveautés françaises, comme les comédies Tout simplement noir et Divorce club en juillet, ou le film de François Ozon Eté 85. On peut ajouter le joli film avec Emmanuelle Devos, Les Parfums sorti le 1er juillet.
Mais, souligne Jocelyn Bouyssy, « on va espérer qu’il y ait de plus en plus de distributeurs français qui jouent le jeu » en profitant de la place libre pour leurs films, à l’image de Terrible jungle avec Catherine Deneuve et Vincent Dedienne, avancé au 29 juillet.
« Le décalage de Tenet et Mulan laisse de la place pour des sorties début août« , mais « l‘exercice est assez compliqué » car la promotion des films s’arrête pendant l’été, tempère Alexandre Mallet-Guy, qui doit sortir Enorme avec Marina Foïs à la rentrée.
Reste que pour certains, comme Olivier Aubry, les craintes sont fortes avant un été qui pourrait être « catastrophique« , selon lui.
« Pour moi, juillet et août vont être mauvais parce qu’on n’aura pas de films« , estime-t-il. « Comment des entreprises privées peuvent survivre en travaillant un trimestre dans l’année ?« .
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