- Lundi à 23 heures, France 3 Occitanie diffuse Terre de rap, réalisé par David Ctiborsky.
- Le documentaire part à la rencontre de quatre rappeurs de la région, Alanss, Yous MC, Devo TLR et Lombre.
- Il y est question de la représentation et de la portée du rap hors des grandes villes.
Ils se prénomment Léo, Younès, Tyler et Andreas. Ils ont entre 21 et 28 ans et viennent du sud de la France près de Toulouse, Rodez ou encore Montgiscard. Leur point commun ? Une passion pour le rap. L’un « rappe pour libérer son esprit », l’autre pour « digérer les phases plus sombres de sa vie ». Un troisième « écrit pour ceux loin des lumières » et le dernier pour être « soi-même ». Quatre parcours qui sont au cœur du documentaire musical Terre de rap diffusé ce lundi à 23 heures sur France 3 Occitanie, puis sur la plateforme de
France Télévisions.
Un film de 52 minutes réalisé par David Ctiborsky (qui a travaillé avec des artistes comme Aya Nakamura ou Iggy Pop et qui a récemment signé le film de présentation des JO 2024), où il est question de la représentation et de la portée du rap hors des grandes villes. Un documentaire qui bouscule les stéréotypes et les clichés autour du « rap de campagne ».
« Un vide dans l’imaginaire collectif »
Le point de départ de ce projet ? Un constat du réalisateur sur le manque de visibilité de cette musique en dehors des grandes agglomérations. « Le rap est la musique la plus écoutée en France et sûrement l’une des plus pratiquée. Mais d’un autre côté, on se rend compte qu’il y a une sorte de focalisation sur la région parisienne ou à Marseille, comme si au-delà de ces deux pôles la France du rap était déserte, » explique le réalisateur à 20 Minutes. Sa démarche : montrer que cette musique s’épanouit très bien hors des villes et que les codes urbains du rap voyagent dans des zones plus rurales. Et une certaine volonté de tordre le cou aux idées reçues.
« Dès qu’on parlait du projet, du rap et de la campagne, il y avait le spectre de Kamini qui rôdait. Huit fois sur dix les gens avaient un petit sourire et l’évoquaient. Une comparaison éculée mais ça prouve qu’il y a un vide dans l’imaginaire collectif autour de ça, qui ne demande qu’à être comblé », estime-t-il. A la suite d’un appel de projets de France 3 Régions, David Ctiborsky se penche sur l’Occitanie et y part à la recherche de rappeurs. Grâce à des recommandations ou via les réseaux sociaux, il fait la rencontre d’Alanss, Yous MC, Devo TLR et de Lombre, leurs noms de scène.
« Casser les clichés et les codes »
Quatre artistes, quatre trajectoires et autant de façons de rapper. Des histoires qui se racontent à travers des interviews, mais aussi en musique avec des clips inédits tournés spécialement pour l’occasion. « J’avais envie que ce soit un film nourri par l’imaginaire des rappeurs eux-mêmes, précise le réalisateur. Ce qui me fascine dans le documentaire c’est qu’il n’y a pas qu’une personne qui en filme une autre de manière passive. Il y a un échange entre les deux et cela crée des brèches dans le réel qui peuvent être vraiment intéressantes. » Terre de rap a aussi la spécificité de faire l’impasse sur la voix off afin de donner la parole uniquement aux rappeurs. « Si je filme ces gars c’est pour les entendre et pour que leurs musiques et leurs paroles parlent pour eux », souligne-t-il.
Au fil des séquences se révèlent aussi des rapports très différents au rap et à la ruralité. « Pour Lombre par exemple, dont les influences ne viennent pas plus des cultures urbaines que d’autres musiques, l’ancrage dans le territoire est quelque chose qui lui plaît vachement, il est fier de sa ville. Yous MC lui c’est différent, car son vécu est non seulement celui d’un rappeur qui vit à la campagne mais aussi d’un gars franco-marocain qui y vit », analyse-t-il. Dans le documentaire, le rappeur s’attache particulièrement au fait de ne pas être réduit à une image.
« Il sait qu’on est dans une société où on a énormément tendance à catégoriser, commente David Ctiborsky. C’est exactement contre tout ça qu’il aimerait se battre et continuer à s’exprimer librement. Casser les clichés et les codes c’est aussi quelque chose de commun à tous les quatre. » Et c’est aussi l’une des visées de ce documentaire.
« Montrer des images alternatives »
« J’ai découvert à leurs côtés qu’il n’y a pas de rap des campagnes, dit-il. Ils ont tous leurs univers et pourtant ils vivent sur des territoires assez proches les uns des autres. J’ai aussi découvert qu’il suffisait parfois de raconter ne serait-ce qu’un tout petit peu de l’histoire d’un artiste pour que les gens se mettent à écouter et comprendre beaucoup plus son travail, y compris des gens pas du tout intéressés à la base », explique le réalisateur. Une mise en perspective rendue possible par le format long du documentaire. « Sa force est aussi de pouvoir montrer des alternatives aux clichés et casser cette image associée à Kamini et tous ces folklores », affirme David Ctiborsky.
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