Suspense et adrénaline à 20 000 lieues sous les mers. Pour ses débuts, Antonin Baudry, avec la complicité d’un équipage galonné, signe un grand film de sous-marin qui n’a rien à envier à Hollywood.

« Invisible et silencieux, je porte la mort », telle est la devise des sous-mariniers de la Marine nationale. Elle est au cœur du scénario sous haute tension de cette bataille navale aux allures de tragédie antique. À dessein, le film s’ouvre sur une citation apocryphe d’Aristote : « Il y a trois sortes d’hommes, les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer. » Écrit et réalisé par Antonin Baudry, ancien diplomate au cabinet de Dominique de Villepin, à qui l’on doit la BD à succès Quai d’Orsay, qui a inspiré la savoureuse comédie de Bertrand Tavernier, Le Chant du loup s’inscrit dans le brillant sillage d’À la poursuite d’Octobre rouge, référence du genre. Pour son passage à la réalisation, Baudry s’illustre avec ce coup de maître

Intrigue crédible et solide

C’est à la faveur d’une invitation à bord d’un submersible qu’il a eu le déclic : « J’ai découvert un monde mystérieux et fondamentalement humain. À bord, seuls comptent la compétence et le courage, tout y est question de vie ou de mort. » Sur fond de dissuasion nucléaire, il imagine un scénario fictif, mais 100 % crédible, qui nous plonge au bord de l’apocalypse atomique.

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Croyant le pays attaqué par la Russie, le président de la République, selon une procédure que l’on ne peut pas annuler une fois enclenchée, donne ordre à un sous-marin nucléaire indétectable de riposter. Pour stopper le vaisseau qui a coupé tous ses moyens de communication, l’amirauté lance à sa poursuite un autre bâtiment. Un duel fratricide, dont dépend l’avenir de l’humanité, s’engage dans les abysses. Pour info, dans le film, le chant du loup est une expression qui signifie que votre bâtiment vient d’être détecté par un sonar. Au-delà de l’intrigue géopolitique solide concoctée par un expert, le film plonge le spectateur, avec une vérité vertigineuse, dans le quotidien des sous-mariniers. Baudry a écrit le scénario sous la mer, au cours de séjours prolongés au sein d’un équipage. 

Oreille d’or

Baudry a conservé le langage si particulier du bord et beaucoup de figurants sont des sous-mariniers. Stage en immersion de rigueur aussi pour les acteurs, tous embarqués pour trente-six heures de plongée. Pour son premier film, il a su convaincre Omar Sy, Reda Kateb et Mathieu Kassovitz, bluffés par la qualité du scénario. Au point de laisser le premier rôle à François Civil, qui incarne donc l’Oreille d’or du bâtiment : celui qui, dans cet univers de haute technologie, analyse tous les sons perçus par les submersibles. En dernier recours, son avis l’emporte. L’intrigue part d’ailleurs d’une erreur d’appréciation acoustique. 

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François était impressionné par ses partenaires plus capés, mais, très vite, à l’image des sous-mariniers qui abandonnent leurs grades en plongée pour ne plus former qu’une équipe à égalité : « Tout le monde était au service de la mission : faire le meilleur film possible. » Une réussite totale, plébiscitée par 1,5 million de spectateurs. 

Le Chant du loup est diffusé le 13 décembre à 21h00 sur Canal+

Julien Barcilon

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