Lancée ce soir sur TF1, la mini-série « Le Bazar de la charité », avec Julie de Bona, raconte l’histoire vraie d’un incendie qui a coûté la vie à 120 personnes en 1897 à Paris. Comment ont été réalisées les angoissantes séquences de feu ? Décryptage.
Réalisée par Alexandre Laurent (La Mante) et portée par Julie de Bona, Camille Lou, et Audrey Fleurot, Le Bazar de la charité débute enfin ce soir sur TF1 avec la diffusion des deux premiers épisodes de cette fresque historique événement, qui a nécessité cinq mois de tournage et a bénéficié d’un budget d’environ 17 millions d’euros. Une somme conséquente qui aura notamment servi à reconstituer avec un réalisme saisissant et anxiogène l’incendie bien réel qui a fait plus de 120 morts le 4 mai 1897 au Bazar de la charité, un édifice qui abritait une manifestation caritative très courue.
Relaté durant le premier épisode de la série, cet incendie tragique a évidemment demandé beaucoup de préparation en amont du tournage, comme nous l’expliquait Alexandre Laurent lors d’une conférence de presse organisée en septembre dernier au Festival de la fiction TV de La Rochelle : « Dans un premier temps, tout a été storyboardé pour pouvoir se projeter et pour savoir combien de personnes il fallait mobiliser. Ça a été beaucoup de préparation. On n’a pas toujours suivi le storyboard mais en tout cas on avait une base afin de pouvoir travailler chaque jour. Je crois qu’on a dû passer 50% du temps, sur les 6-7 mois de préparation, à parler de cet incendie. Où est-ce qu’on le faisait ? Comment ? Il fallait trouver un studio qui puisse accueillir de telles séquences. Je ne le savais pas, mais un truc aussi gros n’avait jamais été fait en studio en France. C’était toute une logistique à mettre en place. Un gros jouet pour moi. C’était Noël (rires) ».
C’est finalement dans des studios situés à Bry-sur-Marne, en Ile-de-France, que l’intérieur du Bazar de la charité a été reconstitué. Et c’est donc là que toutes les équipes de la série ont tourné durant dix jours les fameuses séquences d’incendie au coeur du premier épisode. Avec un mot d’ordre pour Alexandre Laurent : faire monter l’angoisse des téléspectateurs. « Je ne voulais pas tout montrer tout de suite », explique le réalisateur des huit épisodes. « Un peu comme dans un film d’horreur où on ne veut pas que le monstre apparaisse trop vite. On fait monter l’angoisse, le feu est tout d’abord très loin, et puis ça devient vite anxiogène. Petit à petit le feu grappille pour rejoindre nos héroïnes. Et on vit ce drame à travers leur regard. C’était le maître mot de la mise en scène. Se rapprocher de plus en plus de ce feu qui nous étouffe, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus en sortir ».
Afin de rendre ces scènes les plus réalistes et les plus spectaculaires possibles, la production et les différentes équipes en charge des décors et des effets spéciaux ont eu recours à du vrai feu ainsi qu’à des flammes numériques, ajoutées en post-production. « En France, c’est une première ! », raconte Yves Demenjoud, spécialiste en effets spéciaux réels pour le studio Les Versaillais, qui a collaboré avec le chef décorateur Hervé Gallet sur toutes les séquences d’incendie. « Il n’y avait jamais eu de flammes de cette hauteur en studio pour une si longue durée. Le challenge était de tourner sur une dizaine de jours avec un seul décor. En réalité, nous ne faisions le feu qu’avec le gaz. Quand je le coupais après avoir allumé le feu, les flammes s’arrêtaient aussitôt. (…) Nous avons travaillé en collaboration avec l’équipe des effets visuels numériques dès le départ. Nous leur disions ce que nous pouvions faire et ils nous demandaient ce dont ils avaient besoin. Nous avons tourné des éléments sur fond noir ou vert pour qu’ils puissent les incruster ensuite. Par exemple, tout le toit du bâtiment du Bazar n’existe pas. Il a été construit numériquement et ils se sont ensuite servis des éléments que nous leur avons fournis pour l’embraser. En réunion, je m’étais engagé sur des flammes d’1,50 mètre. Quand j’ai vu la qualité du décor d’Hervé Gallet, j’ai pu me permettre de monter. Nous avons finalement réussi à faire des flammes de 7 mètres ! ».
Et si le résultat à l’écran, des plus impressionnants, est à la hauteur des moyens logistiques mis en place par la production, le tournage n’aura évidemment pas été de tout repos pour les comédiens, et notamment pour Julie de Bona et Camille Lou, dont les personnages, Rose et Alice, se retrouvent pris au milieu des flammes. « Ça faisait très peur », avoue Camille Lou. « On s’est retrouvées très près du feu et il se dégageait une chaleur insupportable. Face à ce feu, on n’avait même plus à jouer, on était dedans, c’était dingue. Ce qu’ont vécu ces gens est terrible et à chaque fois que je me disais que tout ça était vrai je fondais en larmes ». Et si Julie de Bona se souvient d’un moment où tout ne s’est pas passé comme prévu et où le stress s’est fait sentir (« Je me rappelle d’une prise où le feu a été plus fort qu’à la répétition. Ça partait trop loin, trop haut, et on s’est regardées avec inquiétude »), tout a évidemment été fait pour que la sécurité des comédiens, des 200 figurants mobilisés, et de toutes les équipes techniques soit assurée en permanence.
« Tout était ignifugé, les décors comme les vêtements », explique Alexandre Laurent. « Rien ne pouvait brûler en vrai si on ne dépassait pas 40 secondes pour chaque séquence ». D’énormes ventilateurs ont également été installés au plafond du studio et étaient actionnés entre chaque prise pour désenfumer le plateau, tandis que les gaz toxiques créés par le feu devaient être extraits au fur et à mesure. Le décor était quant à lui mouillé entre chaque prise par précaution et des pompiers étaient présents pour surveiller le bon déroulé du tournage et éviter tout problème.
La bande-annonce du Bazar de la charité, diffusée chaque lundi sur TF1 et disponible courant décembre sur Netflix :
Source: Lire L’Article Complet