Même lieu, même heure chaque semaine. Un ordre du jour en trois parties. Dans le salon Murat de l’Élysée se tient tous les mercredis depuis 1959 le huis clos du pouvoir. Rien n’a changé au Conseil des ministres ou presque. Les réputations politiques s’y font et s’y défont. Il est source de fantasmes et de mille interprétations. Et malgré la règle non écrite instituée par le général de Gaulle, les secrets qui s’y disent ne restent pas toujours secrets. Bérengère Bonte, qui a déjà publié une enquête fouillée sur cette assemblée au sommet, poursuit son travail avec Ella Cerfontaine dans un film en trois parties pour LCP.

Le premier volet s’intitule «Le fauteuil du roi». Car, oui, tout est affaire de place dans ce rituel issu de la monarchie. «De Gaulle était le premier des Français. Il occupait le fauteuil souverain du souverain», expliquait l’ancien ministre corrézien Jean Charbonnel, disparu en 2014. Une affaire de symbole aussi, comme l’avoue l’ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin: «Tout est un peu clandestin au Conseil. Tout le monde semble trouver cela naturel alors que chacun se dit qu’il est en train d’écrire une page d’histoire de sa vie.» Mitterrand a sévi d’emblée. Chirac pas assez. Sauf lorsque Jacques Toubon, alors numéro deux du gouvernement, est arrivé en retard. Il est resté à la porte. Hollande a fixé les règles de ce cénacle: «De l’amitié mais pas de familiarité.»

Impossible de manifester le moindre désaccord au Conseil. Jean-Pierre Chevènement l’a éprouvé en janvier 1991: «Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne.» Nicolas Sarkozy a tenté d’instaurer un débat. Mais l’exercice a tourné court. On ne bouscule pas si facilement la République et ses usages.

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