• Lambert Wilson est impressionnant d’autorité glacée dans « Les Traducteurs ».
  • L’éditeur qu’il incarne veut contrôler celles et ceux qui traduisent un best-seller de portée internationale.
  • Il est l’épine dorsale de ce film choral au suspense diabolique.

Lambert Wilson glace le sang des spectateurs dans Les Traducteurs de
Régis Roinsard. Avec une classe impondérable, il devient un éditeur manipulateur confinant une troupe de linguistes dans un bunker afin de leur faire traduire le dernier tome d’une saga de best-sellers.

Entouré par une belle troupe de comédiens européens (dont Olga Kurylenko, Riccardo Scamarcio, Sidse Babett Knudsen, Eduardo Noriega, Alex Lawther et Frédéric Chau) Lambert Wilson entre dans l’engrenage d’une intrigue diabolique où la littérature n’est qu’un prétexte pour broder un suspense malin. Si tous sont impeccables en plumitifs apparemment, Lambert Wilson est impérial. Il a parlé à 20 Minutes de son rôle et de sa carrière.

Est-il satisfaisant d’incarner un méchant de cette trempe ?

Satisfaisant je ne sais pas, car on a toujours peur de se faire détester par le public. On s’éclate à jouer un personnage qui est en contrôle, bien coiffé, manucuré, bien habillé et à qui tout va échapper. Il est en perpétuelle déconstruction et c’est ça qui m’a emballé. J’ai aimé le construire et le détruire.

Quelles ont été vos influences pour le créer ?

Mon personnage a un côté méchant des années 1970 qui pourrait sortir d’un film de James Bond. Je l’ai rendu volontairement suave, un peu démodé pour que sa chute soit plus spectaculaire. Il est finalement le seul à ne pas savoir ce qui se trame autour de lui. Tous cachent quelque chose qu’il va découvrir progressivement.

Etait-ce difficile ?

Ce qui est difficile est de ne pas se répéter, de surprendre constamment même si on a déjà joué le même type de rôles. C’est ce qui vous angoisse quotidiennement sur le plateau. C’est aussi ce qui fait que je refuse certains films pourtant très prometteurs. Si je n’ai pas l’impression de pouvoir apporter quelque chose de nouveau, je passe mon tour.

Vous aviez l’impression d’être l’épine dorsale du film ?

C’est un film entièrement choral, basé sur le jeu d’acteurs car il s’agit principalement d’un huis clos. Ce qui était passionnant était de voir comment un groupe de comédiens travaille ensemble alors qu’ils sont issus de cultures différentes. On n’avait pas forcément la même approche de notre métier mais l’accord était parfait dès qu’on tournait. Même si le plateau donnait une impression de Tour de Babel.

Existe-t-il une spécificité française dans le jeu d’acteur ?

Je crois qu’on a beaucoup lissé notre culture pour obtenir une voix unique, celle qui passe bien à la télévision. Les autres Européens jouent davantage sur les accents et les idiomes régionaux. En France, cela ne se fait pratiquement pas. Tout le monde parle de la même façon ce que je trouve dommage.

De quoi rêvez-vous pour la suite ?

J’aimerais pouvoir me métamorphoser mais j’ai un physique compliqué, marqué. Je suis grand. J’ai un visage sculpté. Je suis intrinsèquement un obstacle à la transformation. Je viens de jouer De Gaulle mais il était physiquement assez proche de moi. J’aimerais pouvoir raboter mon nez. Hélas, le maquillage permet de rajouter des choses, pas d’en enlever.

N’êtes-vous pas satisfait de votre carrière ?

Je trouve qu’on ne me propose pas assez de choses différentes. C’est donc à moi de prendre les devants comme a pu le faire Alex Lutz pour Guy. Je veux éviter de me fossiliser. Il est dangereux pour un acteur de pas évoluer. Etre moi-même à l’écran ne m’intéresse pas.

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