Les institutions s’avèrent le cheval de bataille du cinéma de Grand Corps Malade, slameur originaire de Seine Saint-Denis, passé à la réalisation. Après l’hôpital dans Patients, il signe avec son coréalisateur Mehdi Idr un film sur un collège en zone d’éducation prioritaire (ZEP), La Vie scolaire, sorti en salles le mercredi 28 août.
Complicité créatrice
Samia (Zita Henrot) débarque d’Ardèche à Saint-Denis (Seine Saint-Denis) pour prendre ses fonctions de Conseillère Principale d’Education (CPE). Elle doit gérer des problèmes de discipline bien plus difficiles que ceux de ses postes précédents. Face à des têtes brulées, elle découvre leur vitalité et réparties, mais se reconnaît aussi dans leurs problèmes sociaux, pas si éloignés des siens, depuis son déménagement. Elle va aller à leur rencontre, s’y attacher, composer avec les professeurs qui l’entourent, pour les aider à construire leur futur.
On ne saurait trop dire quelle est la part de l’un, quelle est la part de l’autre, dans l’écriture et la réalisation de leurs deux films, puisque Grand Corps Malade et Mehdi Idr en cosignent toutes les étapes, sont complices depuis toujours et se côtoient tous les jours, selon leurs dires. On connaît mieux le premier pour ses albums de slam qui ont révélé un auteur aux textes ciselés, et un interprète à la voix et au flux reconnaissables entre tous. Une écriture dont la sensibilité se retrouve dans celle de Patients et aujourd’hui de La Vie scolaire.
Le fond et la forme
« La Vie scolaire » désigne dans le jargon de l’Education, le bureau du Conseiller (Conseillère) Principal(e) d’Education. C’est là que se règlent, entre autres, les problèmes de discipline, et d’une façon plus générale, ceux liés à la cohabitation entre élèves et administration ou professeurs. Samia est leur interlocuteur, leur médiateur, au cœur de tous les conflits. Grand Corps Malade et Mehdi Idr prennent à bras le corps ce sujet qui fait régulièrement la une de l’actualité et constitue une préoccupation dominante de la société française, s’agissant de l’Education.
Leur film reflète une grande qualité d’observation comme découlant d’un vécu. La Vie scolaire se détache de la forme d’un docu-fiction en intégrant une part de romanesque dans le personnage de Samia. Une dimension qui justifie son empathie envers les élèves. Ce rapprochement entre adolescents et adultes déborde sur ses collègues lors d’une scène où les uns et les autres passent une soirée chacun de leur côté, mais où ils exécutent pratiquement les mêmes gestes. De fait, ils ne sont pas si différents que cela. C’est peut-être là que réside la clé de leur cohabitation et d’une communication rendues possibles.
De fait, La Vie scolaire reflète de belles qualités de cinéma dans l’usage d’une forme qui épouse le propos du film, par l’usage de travelings, de ralentis et d’effets de montage pertinents sans être soulignés. Tous les acteurs sont à leur place, non professionnels compris, et participent d’une entreprise commune visiblement enthousiaste.
Le film aurait toutefois gagné à être un peu raccourci, les situations ayant tendance à se répéter, alors que l’on a compris le propos et que les conclusions sont quelque peu téléphonées. Il n’en demeure pas moins la confirmation d’un duo de cinéastes qui traite avec talent de sujets majeurs de la société française de leur temps, tout en divertissant. Genre : Comédie dramatique Fuente: Leer Artículo CompletoLa fiche
Réalisateurs : Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Acteurs : Zita Hanrot, Liam Pierron, Soufiane Guerrab, Alban Ivanov, Moussa Mansaly
Pays : France
Durée : 1h51
Sortie : 28 août 2019
Distributeur : Gaumont Distribution
Synopsis : Une année au coeur de l’école de la République, de la vie… et de la démerde ! Samia, jeune CPE novice, débarque de son Ardèche natale dans un collège réputé difficile de la ville de Saint-Denis. Elle y découvre les problèmes récurrents de discipline, la réalité sociale pesant sur le quartier, mais aussi l’incroyable vitalité et l’humour, tant des élèves que de son équipe de surveillants. Parmi eux, il y a Moussa, le Grand du quartier et Dylan le chambreur. Samia s’adapte et prend bientôt plaisir à canaliser la fougue des plus perturbateurs. Sa situation personnelle compliquée la rapproche naturellement de Yanis, ado vif et intelligent, dont elle a flairé le potentiel. Même si Yanis semble renoncer à toute ambition en se cachant derrière son insolence, Samia va investir toute son énergie à le détourner d’un échec scolaire annoncé et tenter de l’amener à se projeter dans un avenir meilleur…