• Marion Moriceau, 37 ans, sera l’héroïne d’une série documentaire sur 6Ter, ce jeudi, avec cinq autres femmes qui exercent une profession soi-disant réservée aux hommes.
  • Cette native des Sables d’Olonne est scaphandrière depuis plusieurs années.
  • Avant ce job, la jeune femme de 37 ans est passée par de profondes remises en question et des expériences étonnantes.

Un message pour les femmes ? « N’ayez pas peur. N’écoutez pas les autres. Croyez en vous. » Marion Moriceau, 37 ans, sera l’héroïne d’un documentaire sur 6Ter le 23 juin, avec cinq autres femmes qui exercent une profession soi-disant réservée aux hommes. Cette native des Sables d’Olonne est scaphandrière. « Je suis une ouvrière de la mer, ouvrière hyperbare, c’est-à-dire sous pression de la mer, de l’océan, d’un fleuve… Et on nous demande d’effectuer des travaux sous l’eau, jusqu’à 50 m de profondeur. »

Une quinzaine de femmes exercent ce métier en France. Marion est souvent la seule sur les chantiers. Ce qui provoque parfois des remarques blessantes. « « Ah, t’es la secrétaire ? » », a-t-elle déjà entendu. « Il faut avoir du caractère, ne pas avoir peur et persévérer sur la confiance en soi… », estime cette habitante à l’année de Saint-Calais dans la Sarthe. La résilience personnelle, c’est d’ailleurs l’histoire de sa vie. Car pour arriver à exercer ce métier, Marion a emprunté un chemin semé de remises en question et de réinventions personnelles permanentes.

Elle travaille dans la communication à Paris

Dès le plus jeune âge, Marion est envoûtée par la mer. Issue d’une famille de pêcheurs et habitant le quartier du Passage, à quelques encablures du remblai des Sables d’Olonne, l’enfant puis l’adolescente surfent sur un gun – une petite planche de surf – offert par son oncle. « J’étais sur l’eau ou sous l’eau toute l’année. » A 17 ans, poussée par une volonté d’indépendance financière, Marion rallie la Capitale. Elle y étudie la communication en alternance à la SNCF mais aussi un créateur de mode. La jeune femme n’est pas épanouie. Elle étouffe même. « J’étais éteinte, je n’avais pas de souffle. L’environnement et les gens ne m’inspiraient pas. » Elle gère la com’ interne à la SNCF, mais « au fond de moi, je me disais que je faisais ça pour faire plaisir à ma maman qui voulait que je fasse des études ».

Marion Moriceau a toujours été attirée par la mer.

A temps plein dans la com’, à 21-22 ans, un maelström de sentiments « d’échec et de souffrances » remue Marion. Le hasard va venir à son secours. « Un jour, sur le port des Sables, je découvre le métier de scaphandrier. Une société locale réalise une intervention sur la porte d’écluse. » C’est comme une révélation pour Marion. « Je me suis dit que c’est ça que je voulais faire. Cela a été un très gros déclic. J’ai senti une nouvelle énergie en moi. » C’est décidé, la jeune Vendéenne s’affranchit des recommandations d’une maman, architecte, et d’un papa, dessinateur en bâtiment, pour tracer la route dont elle a toujours rêvé.

La peur de sa vie en zone de guerre en Libye

A 23 ans, Marion rentre alors dans la Marie nationale à Paris pour devenir plongeurs démineurs. « On se moque alors de moi car il n’y a quasiment aucune femme qui fait ce métier. On m’a dit que je n’avais aucune chance. Cela m’a rendu dingue et très en colère. Je suis devenue obsédée. » La Sablaise s’impose une préparation drastique. Footing, apnée, cours etc. Parallèlement, elle suit une préparation de maintenance navale en milieu subaquatique de huit mois. La jeune femme « se réinvente » et « laisse les convictions transmises derrière elle », mais « se sent libre ». Elle réussit les sélections. Son pari est remporté. Très vite, elle est envoyée sur des zones de guerre. Afghanistan, Somalie, Libye… Là-bas, elle vit d’ailleurs sa plus grande frayeur. Lors d’une extradition de civils, elle plonge dans une zone extrêmement dangereuse et une mer bourrée de mines.

« Après ça, je n’ai pas souhaité renouveler mon contrat avec l’armée. » La reconversion est toute trouvée. Marion intègre l’institut national de la plongée professionnelle à Marseille avec en tête le métier de… scaphandrière. Haut la main, elle réussit une nouvelle fois la formation. A 27 ans, elle plonge dans le grand bain du job de scaphandrier. Soudures, découpes, poses de coffrage, passage de câbles… Le tout à plusieurs dizaines de mètres de profondeur (50 m maximum, dérogation pour aller plus bas).

Elle fait le tour du monde à longueur d’années

La boucle est bouclée pour Marion. La flamme qui sommeillait en elle depuis le plus jeune âge scintille. Avec son statut d’intérimaire, cette célibataire sans enfant « voyage un peu partout dans le monde ». Sénégal, Dubaï, Suisse, Monaco etc. « Toutes les semaines, je reçois mon programme avec mes missions, certaines dans des conditions extrêmes avec une météo très compliquée. » Une carrière de scaphandrière qui fait la fierté de toute sa famille et qui est source d’inspiration pour beaucoup. « Il faut croire en ses rêves et se dire que rien n’est impossible », conclut Marion.

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