En pleine COP 26 à Glasgow, sort au cinéma mercredi 10 novembre « Marcher sur l’eau »un documentaire sur les conséquences les plus dramatiques du changement climatique dans un des pays les plus pauvres du monde. Sécheresse, manque d’eau, des familles éclatées, un peuple nomade obligé de se sédentariser et contraint, en même temps, à la migration. La réalisatrice et co auteure du documentaire Aïssa Maïga a posé sa caméra au Niger, dans un village très loin des centres urbains à Tati, au nord du pays, dans la région de l’Azawad, à 15 heures de route de la capitale, Niamey.

Ici, les Peuls, le peuple nomade, qui se déplacent entre Niger et Mali, se fixent sur un territoire en fonction de la présence ou pas d’eau. Cette eau si précieuse dans ces régions durement frappées par le réchauffement climatique. Il faut encore aller la chercher à des kilomètres des campements, l’extraire de puis qui tarissent vite au gré des 9 à 11 mois de saison sèche. Et ce sont les femmes qui occupe cette fonction vitale pour leur communauté. Le film se déroule sur une année entière. On suit l’école qui tente malgré tout de fonctionner avec un instituteur totalement héroïque et des personnages qui se détachent, comme Oulaï, 14 ans, regard qui accroche la caméra. Elle s’occupe seule de ses deux petits frères quand ses parents s’en vont le père pour nourrir le troupeau, la mère pour aller chercher du travail dans un autre pays africain. Et on attend avec elle qu’enfin soit installé un forage promis par les autorités du pays.

« J’ai voulu créer aussi une pulsion de vie très forte »

« Quand on m’a proposé de réaliser ce film, j’ai tout de suite exclu la possibilité de faire un film d’expert ou un film didactique démonstratif avec une voix off, des chiffres etc. », explique Aïssa Maïga. « Je voulais surtout qu’on soit à hauteur d’êtres humains, qu’on soit dans une rencontre avec les personnes qui habitent ce lieu, poursuit-elle. Et je me suis servi vraiment des outils de la fiction narratif pour créer ce documentaire, créer l’empathie. Faire en sorte que le spectateur et la spectatrice passent un moment avec ces personnes, pleurent avec elles, mais aussi rient avec elles. J’ai voulu créer aussi une pulsion de vie très forte qui correspond à la réalité sur place », détaille la réalisatrice.

« Marcher sur l’eau » montre aussi un paysage transformé en quelques décennies par le réchauffement climatique, « en raison de l’empreinte des pays industrialisés sur le sur le climat ». « Aujourd’hui, cette région qui était relativement verte encore il y a 20 ou 25 ans est devenue hyper aride », raconte Aïssa Maïga. 

« J’ai voulu restituer la beauté du Sahel »

Pour la réalisatrice, faire de belles images était primordial. « Je viens d’Afrique de l’Ouest. Je suis née d’une mère sénégalaise. Je suis née au Sénégal et d’un père malien qui a tenu à m’emmener très tôt au Mali, au nord du Mali, dans la région de Gao. » « Quand j’étais enfant, se souvient Aïssa Maïga, quand j’avais 5 ou 6 ans, puis adolescente, puis adulte, à chaque fois que je descendais de l’avion, qu’on prenait une voiture ou un car et qu’on traversait le Mali, ou quand j’arrivais de Niamey, du sud du Niger, qu’on traversait, qu’on allait vers l’ouest pour aller vers Gao, ce qui me prenait le cœur, ce qui me capturait au niveau des émotions avant de retrouver ma famille, c’était les paysages. » « J’ai voulu restituer la beauté du Sahel. Ce regard esthétique est pour moi très important parce qu’on filme le dénuement et les personnes confirme sont tellement dignes qu’elles méritent cette force esthétique. »

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