Pour la cinéaste américaine Greta Gerwig, la situation reste « terrible » pour les réalisatrices, même si elle s’est « un peu améliorée » ces dernières années. « Bien sûr, je suis écartée« , lâche-t-elle dans un entretien à Paris, après la publication le 9 décembre de la liste des nommés aux Golden Globes, qui seront décernés le 5 janvier à Los Angeles.
La sous-représentation, voire la descrimination des femmes à Hollywood est le sujet du documentaire de Tom Donahu, Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood » qui sort en France le 19 février 2020. Le film s’appuie notamment sur une méthode inédite d’étude des données chiffrées, accompagnés, de centaines de témoignages accablants. Plus important encore, le film cherche et propose des solutions qui vont au-delà de l’industrie du cinéma et bien au-delà des frontières américaines, à travers les témoignages de nombreuses voix d’Hollywood, dont Meryl Streep, Cate Blanchett, Natalie Portman, Reese Witherspoon, Sandra Oh, Jessica Chastain, Chloë Grace Moretz, Shonda Rhimes, ou encore, Geena Davis, également productrice exécutive du film
« Il y a tellement de beaux films réalisés par des femmes cette année »
Le film de Greta Gerwig Les Filles du docteur March (Little Women), en salles mercredi 1er janvier en France, une semaine après sa sortie aux Etats-Unis, y est cité seulement deux fois: dans la catégorie meilleure actrice pour Saoirse Ronan, et meilleure musique pour le compositeur français Alexandre Desplat.
Malgré plusieurs films réalisés par des femmes remarqués cette année, dont L’Adieu de Lulu Wang ou Queens de Lorene Scafaria, aucune femme n’est nommée dans la catégorie meilleure réalisation, une absence qui a déclenché un début de polémique à Hollywood.
« J’adore le film qu’on a fait« , souligne Greta Gerwig, qui a fait le pari d’une nouvelle adaptation du classique de Louisa May Alcott auquel elle donne une résonance moderne, avec de surcroît un casting quatre étoiles, de Saoirse Ronan à Laura Dern, Timothée Chalamet ou Louis Garrel.
« Et il y a tellement de beaux films réalisés par des femmes cette année« , ajoute cette New-yorkaise, qui s’est fait connaître comme actrice dans Greenberg ou Frances Ha de Noah Baumbach avant de réaliser Lady Bird, Golden Globe de la meilleure comédie en 2018.
« Le féminisme, c’est pour tout le monde »
« Evidemment, les films coûtent cher, ils prennent beaucoup de temps, ils nécessitent beaucoup d’argent et d’accords, et la plupart de ceux qui les donnent sont des hommes« , analyse-t-elle. « Mais je pense qu’au cours des deux dernières années, ça s’est amélioré. Je pense que les gens sont plus enclins à prendre des risques en pariant sur des voix différentes, des auteurs, scénaristes et réalisateurs différents« . Les femmes réalistatrices aux Etats-Unis représentent moins de 10% de la profession, alors qu’elles sont 25% en France.
Pour Greta Gerwig, même si aucune réalisatrice n’est nommée aux Golden Globes, « le fait que leur travail existe et qu’il puisse continuer d’exister, c’est aussi très important« .
En adaptant Les Quatre filles du docteur March, un livre dans lequel les femmes s’émancipent – en particulier Jo March, écrivain en devenir au caractère frondeur -, Greta Gerwig revendique une démarche féministe, à l’image de celle de Louisa May Alcott, prônant « un féminisme qui n’exclut pas, mais qui veut élever tout le monde et trouver une meilleure forme de masculinité« . « Pour moi, le féminisme n’est vraiment pas que pour les femmes« , souligne la cinéaste. « C’est pour tout le monde« .
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