A l’occasion de la diffusion sur TMC ce mercredi 22 janvier du documentaire « Génération AB Productions », retour avec Jean-Luc Azoulay sur les sitcoms cultes des années 90 et sur la saga « Les Mystères de l’amour », qui va bientôt fêter ses 10 ans !

De toutes les sitcoms que vous avez créées, quelle est celle dont vous êtes le plus fier ?

Jean-Luc Azoulay : Toutes ! Ce sont toutes mes bébés. C’est comme si vous demandiez à un père lequel de ses enfants il préfère. C’est impossible de choisir. J’ai de la tendresse pour chacune, pour les personnages, pour les comédiens, pour tout ce qu’on a vécu ensemble.

La plus déjantée ?

Alors il y en a deux : Marotte et Charlie, c’était avec Jacky et Patrick Simpson Jones, habillés en femmes, avec une armoire qui parlait, un facteur qui se transformait en squelette, des huîtres pêchées dans les toilettes… Totalement déjanté ! Et l’autre, c’était Le collège des coeurs brisés, où on allait oublier ses chagrins d’amour, où les personnages « apprenaient à ne plus conjuguer le verbe Aimer ». 

La plus tendre ?

Elles l’étaient toutes, au fond. Mais je dirais Premiers Baisers et Hélène et les garçons, parce qu’elles racontaient l’adolescence. 

La plus drôle ?

Je dirais Salut les musclés, ou sa suite La Croisière Foll’Amour, c’était totalement rigolo.

La plus sulfureuse ?

Le miel et les abeilles sans hésiter ! Avec Giant Coucou, Mallaury Nataf (Lola) et tous les personnages qui gravitaient autour d’eux dans une sorte de grand happening underground.

La plus ratée ?

Aucune. Celles-ci ne sont jamais arrivées à l’antenne donc je ne peux pas vous répondre ! Plein de projets ne se sont pas faits. 

J’aimerais faire une suite de Premiers Baisers, 20 ans après.

A quand une sitcom autour d’Elsa Esnoult, qui est un peu votre « nouvelle Hélène » ?

J’adorerais. C’est vrai que maintenant c’est une star. Il faudrait demander aux diffuseurs. Les mystères de l’amour a sa propre histoire et plein d’aventures et de tons différents à l’intérieur. Donc on pourrait tout à fait faire un spin-off autour d’Elsa. C’est ce que j’avais fait avec Premiers Baisers, vous savez. Justine était dans Salut les musclés et au bout d’un moment elle prenait trop de place donc j’ai voulu qu’elle ait sa propre série. Idem pour Hélène, la soeur de Justine, qui a fini par avoir sa série, Hélène et les garçons… 

J’aimerais faire une suite de Premiers Baisers, 20 ans après. Les voir évoluer dans la vie active. Et les comédiens seraient d’accord, je pense. Mais il faut qu’un diffuseur le soit aussi pour ça.

Il y avait une rumeur de retour des Filles d’à côté à un moment donné. C’était vrai alors ?

Oui, ça aussi. Que ce soit pour Premiers Baisers ou pour Les filles d’à-côté, on en parle actuellement avec les plateformes de streaming, j’attends que ça se décante. Un revival c’est possible avec eux. Netflix, Amazon, Disney, Warner, Apple… Il y en a plein ! Les mystères de l’amour sont d’ailleurs sur Amazon en intégralité. 

Les Mystères de l’amour vont d’ailleurs fêter leurs 10 ans l’an prochain… et plus de 22 saisons ! Avez-vous prévu quelque chose de spécial ?

Et oui, déjà ! On fait à peu près 70 épisodes par an, donc l’équivalent de 2 ou 3 saisons de 26 épisodes. Là j’écris l’épisode 22 de la saison 22 ! On fera peut-être un prime, mais le problème avec les primes c’est qu’il faut avoir le temps de les tourner, dans de bonnes conditions, donc il faut que ça reste exceptionnel. On en a déjà un de prévu sur le mariage de Bénédicte, qui va peut-être épouser son prince… 

J’arrêterai en 2035.

Vous les écrivez toujours totalement seul tous ces épisodes ?

Toujours ! Vous savez, c’est comme la vie, il y a toujours de nouvelles histoires à raconter. C’est assez simple. Mais j’arrêterai en 2035. On a décidé ça. C’est sérieux ! 

Vous êtes passés à un épisode par semaine actuellement, au lieu des deux habituels…

Oui, essentiellement pour des questions de grille de TMC. Jusqu’à mi-février, un seul épisode. Et à partir de mi ou fin février, on repasse à deux.

Y-a-t-il des acteurs d’Hélène et les garçons que vous n’arrivez pas à faire revenir dans Les mystères ?

Oui, quelques-uns. Il y a David Proux (Etienne) qui ne veut pas revenir pour l’instant. Mais assez peu en réalité. Ils ont tous envie de revoir leurs copains. C’est une bande, une famille, avec les techniciens aussi, qui étaient là dès l’origine. 

S’il y a une chose dans votre carrière que vous pourriez changer, ce serait quoi ?

Rien. Enfin si : je voudrais faire encore plus de sitcoms !

De toutes vos casquettes de scénariste, de producteur, de producteur de musique… laquelle vous tient le plus à coeur ?

La musique peut-être, parce que c’est mon premier métier. J’adore faire des disques, rencontrer des musiciens, aller à Nashville, les spectacles… Ce qui me manque dans la télévision pure, c’est le contact avec le public. Alors quand je suis à un concert, j’aime bien voir les gens. Il ne faut jamais oublier que c’est pour eux que l’on travaille. Pas pour les médias, les critiques… Je suis attentif à ce qu’ils viennent me dire. Le public a envie de communiquer. Comme si on était des copains ! Et on l’est quelque part.

Vous prenez en compte les retours du public sur les intrigues des Mystères par exemple ?

Oui, mais je m’en méfie. Des tweets surtout. Ce ne sont pas les retours les plus valables. Les gens qui prennent le temps d’écrire un courrier ou d’envoyer un mail, c’est qu’ils ont vraiment quelque chose à dire. Mais les gens que je croise dans la rue, ou à des concerts ou des dédicaces ont des réactions réelles. Les tweets ce n’est pas représentatif. C’est 200, 500 personnes. Ce n’est pas le million de gens qui nous regarde chaque semaine. 

Si sexiste, c’est mettre les femmes en avant…

Et comment avez-vous renouvelé cette série au fur et à mesure du temps ?

On évolue avec la société et on essaye de proposer quelque chose de plus adulte. On va plus loin, on traite d’autres sujets. Les mystères mélange la comédie, le drame, la science-fiction, le surréalisme… On fait tout ! Et c’est pour ça que ça marche. Chacun y trouve quelque chose. Et c’est toujours surprenant. On ne fonctionne pas, comme beaucoup de séries, sur les enquêtes et les meurtres. C’est autre chose. Il y a du réalisme parfois, et de la folie aussi. C’est important d’être un peu en dehors du temps, de l’actualité, de la réalité. 

Dans le documentaire Génération AB Productions, la journaliste Emilie Mazoyer soulève un point intéressant : restrospectivement, les sitcoms étaient quand même hyper sexistes !

On dit sexiste, moi je dis le contraire. C’est à dire que si vous analysez un peu, vous vous rendez compte que ce sont toujours les filles qui ont le dessus. Sexiste peut-être parce qu’on disait « ah les filles sont comme-ci et comme-ça… » mais elles dirigeaient tout ! Et puis la plupart des séries étaient centrées sur des personnages féminins ! Justine, Hélène, Lola… Alors si sexiste, c’est mettre les femmes en avant… Il y avait des propos sexistes, ça oui. Car les garçons de nos sitcoms sont parfois très bêtes. Dans le Club Dorothée, cétait même le contre-pied. Un anti-sexime car sans Dorothée et Ariane il y n’y avait pas d’émission !

Dorothée n’est jamais apparue dans Les Mystères de l’amour, ça vous plairait ?

J’en ai déjà parlé avec elle, et elle n’est pas contre mais il faudrait trouver LA bonne idée…

Pour les 10 ans ?

Ce serait pas mal, absolument.

Jean-Luc Azoulay joue pour nous à reconnaître les stars de cinéma qui ont démarré dans les sitcoms AB !


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