Réalisateur de « Monstres Academy », Dan Scanlon évoque son deuxième long métrage chez Pixar : « En avant », récit de quête et de deuil dans un monde d’heroic fantasy, dont l’inspire s’inspire de son vécu.
Sept ans après Monstres Academy, Dan Scanlon persiste chez Pixar et les créatures fantastiques, mais avec une histoire plus originale. En avant est en effet inspiré par le décès de son père, comme il nous l’a expliqué en compagnie de sa productrice Kori Rae, au moment de nous présenter ce long métrage qui parle de deuil dans un univers d’heroic fantasy.
AlloCiné : Le sujet principal de « En avant » vous est très personnel, Dan. Combien de temps vous a-t-il fallu pour en faire un film ?
Dan Scanlon : Oui, le film est très librement basé sur la perte de mon père lorsque j’étais jeune. Mon frère et moi n’avions aucun souvenir de lui, mais nous nous demandions à quel point nous lui ressemblions alors que nous grandissions et c’est une question qui a conduit vers ce film. Beaucoup devraient d’ailleurs partir d’une question. Mais il m’a ensuite fallu du temps pour transformer cette interrogation en histoire, et trouver un monde pour que celle-ci s’y déroule. Nous sommes arrivés avec l’idée « Et si vous pouviez passer une journée avec une personne que vous aimez ? », ce qui me paraît être une question universelle à laquelle les gens, s’ils n’y ont pas déjà pensé, peuvent adhérer. Cela nous a menés vers un monde de magie, puis d’heroic fantasy, ce qui a apporté un côté plus amusant à cette histoire émouvante.
Quelles ont été vos inspirations pour cet univers ?
Kori Rae : Nous avons fait beaucoup de recherches, vu beaucoup de films, lu des livres… Lorsqu’il a été établi que la magie serait au coeur de l’histoire, nous nous sommes tournés vers un monde fantastique, mais nous ne voulions pas tomber dans la haute fantaisie. Car l’histoire était moderne. Donc nous cherchions à créer un monde fantastique situé dans l’époque actuelle. Grâce aux films et livres que nous avons vus et lus, nous avons pu identifier quelques tropes du genre pour ensuite tenter de les approcher différemment. Pour les rendre plus actuels.
J’espère que ce film redonnera une peu d’humanité à nos relations sociétales
À quel point les jeux de rôle vous ont aidés à concevoir la structure de l’histoire ?
Dan Scanlon : Il était amusant, pour nous, de penser que nous pourrions écrire une histoire de quête avec des éléments de jeu de rôles dedans. Surtout que, dans ce monde, les jeux n’ont pas été créés : ils revêtent un caractère historique et véridique. Kori et moi-même n’avons pas beaucoup joué à ces jeux en grandissant, mais beaucoup de personnes chez Pixar oui, et ils y sont très bons. Nous y avons joué une ou deux fois, pour en saisir l’idée générale, mais nous avons heureusement pu compter sur des artistes pour nous aider à rendre cela crédible.
Sur le plan de l’émotion, « En avant » rappelle « Là-haut ». Mais visuellement, il ne ressemble pas aux précédents Pixar : était-ce votre plus gros défi, de tenter de renouveller l’approche visuelle du studio ?
Kori Rae : Dans la mesure où nous nous attaquions à une fantaisie moderne, nous savions que nous voulions que l’ensemble soit stylisé d’une certaine manière. Qu’il ait l’air différent des Pixar précédents. Mais avons dû faire attention à ce que ce ne soit pas trop cartoon, et nous sommes parvenus à trouver le bon équilibre entre le monde et les personnages, pour qu’ils aillent bien ensemble.
Dan Scanlon : Pour nous, le monde devait être amusant mais crédible aussi. Qu’il soit assez riche.
Quels thèmes teniez-vous à mettre tout particulièrement en avant ?
Dan Scanlon : Ce film traite avant tout du concept de l’amitié inconditionnelle entre les êtres, surtout quand on se retrouve dans une situation délicate comme nos héros, qui ont perdu leur père, tentent de le retrouver et, par là-même, de se reconstuire en tant qu’individus. Nous avons tous quelqu’un dans notre vie qui a joué un rôle crucial pour nous aider à devenir l’homme ou la femme que nous sommes aujourd’hui.
Kori Rae : C’est effectivement un film sur les relations humaines, au-delà des relations entre créatures fabuleuses. J’espère que les gens qui verront ce film penseront aux diverses personnes qui comptent ou ont compté dans leur vie. Aujourd’hui, nous oublions trop souvent que nous formons une grande famille où chacun doit soutenir l’autre. J’espère que ce film redonnera une peu d’humanité à nos relations sociétales.
Pourquoi l’heroic fantasy est-elle aussi populaire aujourd’hui, alors que c’était une niche il y a quelques décennies ?
Dan Scanlon : J’aime cette idée que beaucoup de choses considérées comme trop niche, trop geek, soient aujourd’hui plus exposées et aimées pour ce qu’elles sont. C’est une époque stimulante à vivre, surtout que l’heroic fantasy a connu quelques succès récents, ce qui a fait grandir le nombre de gens qui l’aiment. Je ne saurais pas dire pourquoi cela se produit maintenant, mais je suis content que ce soit le cas.
Puisque ce film est plein de magie, quel est le sort, le pouvoir que vous aimeriez avoir dans votre quotidien ?
Dan Scanlon : Pour moi ce serait le pouvoir de voler au-dessus des embouteillages qui me prennent plus d’une heure pour me rendre à mon lieu de travail. Pixar se trouve de l’autre côté d’une baie où j’habite. Il me faut prendre un pont plein à craquer. Donc ce serait un rêve que de pouvoir survoler la baie et d’arriver sur mon tapis magique chez Pixar.
Kori Rae : J’aimerais avoir le don de pouvoir vivre au fond de l’océan. Je suis certaine que mon loyer serait moins cher que celui au-dessus des flots, en plein San Francisco, où je réside en ce moment.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette & Emmanuel Itier à Paris et Los Angeles
« En avant » est sorti dans nos salles ce mecredi 4 mars :
Source: Lire L’Article Complet