Alejandro Jodorowsky, Stanley Kubrick, Steven Spielberg se sont inclinés devant le défi d’adapter Dune (Editions Robert Laffont). David Lynch en a tiré l’un des pires films de science-fiction, deux mini-séries ont remporté deux Emmy Awards, et Denis Villeneuve (Premier contact, Blade Runner 2049) en réalise la nouvelle adaptation, en salles mercredi 15 septembre.
Publié en 1965, le premier projet d’adaptation remonte à 1975, une production française qui devait transformer la science-fiction au cinéma, sans jamais voir le jour. Qu’est-ce qui fascine tant dans Dune ?
L’empire de « Dune »
Quand Dune est publié aux Etats-Unis en 1965, l’Amérique est en pleine ébullition. Le pays s’engage massivement au Vietnam la même année, la Beat Generation a laissé place aux hippies, plus radicaux. La contre-culture prend le pouvoir. Liberté, solidarité, pacifisme, écologie et spiritualité participent d’une idéologie subversive dont Dune est un des catalyseurs. Les hippies seront récupérés dans les années 70, annihilés en 1980.
Sur le papier, ce Dune est prometteur. Lynch vient de découvrir son acteur fétiche Kyle McLachlan pour jouer Paul Atréides, Jürgen Prochnov est parfait en Duc Leto, Sting est Feyd-Rautha Harkonnen, Max von Sidow, Brad Dourif, Dean Stockwell, Patrick Stewart sont de la partie. Jusqu’ici tout va bien. Résultat : un des pires films de SF jamais réalisés, à l’esthétique hideuse et à la simplification scénaristique indigne.
Pas de quartier sur un tel fiasco, la critique est assassine et le film un échec réduit au seul opportunisme de se raccrocher à la vogue des films de l’espace post-Star Wars. Les enfants qui ont vu le film à l’époque en ont gardé le souvenir d’un film culte des années 80, qu’il représente bien. Les amateurs de SF, de Dune et de Lynch sont affligés. Jodo est ravi. Le film n’arrive pas à la cheville de son projet. Un produit, tout ce contre quoi il crée. Enterrement de première classe.
Denis Villeneuve, le messie de « Dune » ?
Dune est ainsi resté dans les cartons, le film n’ayant pas bénéficié d’une adaptation digne de ce nom. HBO en tire deux mini-séries, Dune et Les Enfants de Dune (adaptation de la suite de Frank Herbert), récompensés par deux Emmy en 2000 et 2003. Encore victime d’une conception esthétique ratée, et d’effets spéciaux tout numérique aujourd’hui datés. « C’est pas ça »…
La Warner, qui détient les droits du roman, ressert le couvert en annonçant en 2018 une nouvelle version qui sort le 15 septembre prochain, après moult reports dus au Covid. A la réalisation, Denis Villeneuve rassure. Révélé par Incendies (2010), le Québécois a deux films de science-fiction majeurs derrière lui, Premier contact (2016) et Blade Runner 2049 (2017), un grand film et un chef-d’œuvre.
L’univers de Dune est emblématique de la SF : espace interstellaire, planète désertique, vers géants, costumes militaires et impériaux, palais, guerre technologique… Tout Star Wars en fait. Les versions précédentes ont mal vieilli. Sauf celle de Jodorowsky qui, sur le papier, a toujours une longueur d’avance. Qu’en ferait-il aujourd’hui ? Personne ne lui a demandé. Villeneuve connaît toute l’histoire. Comment s’en sortira-t-il ? Réponse le 15 septembre.
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