Il ravit ses fans en plein cœur de l’été. Brad Pitt sera à l’affiche, mercredi 3 août, de Bullet Train, une comédie policière se déroulant à bord d’un train dans lequel sept meurtriers tentent de se liquider. A l’occasion de sa promotion à Paris, l’acteur et producteur au sein de la société Plan B Entertainment s’est livré au 20 heures de France 2, dans une interview à retrouver en intégralité sur franceinfo.fr. Il y évoque son nouvel opus, ses souhaits pour l’avenir et son sentiment vis-à-vis de l’état de santé du cinéma aujourd’hui.
France 2 : Vous êtes à l’affiche de la comédie de l’été, Bullet Train. C’est une histoire complètement folle où vous jouez le rôle de Coccinelle, un tueur à gages malchanceux, pas très pro. Qu’est-ce qui vous a plu dans ce rôle ?
Brad Pitt : (Rires) Dans la traduction, vous dites que c’est un peu un loser, c’est ça ? Oui, vraiment, ça l’est, c’est un crétin et jouer un crétin est vraiment ce qu’il y a de plus drôle. Il fait toujours un peu de la merde, est-ce qu’on peut dire ça ? Il a toujours de bonnes intentions, mais il se plante tout le temps.
L’action se déroule dans un train à grande vitesse, au Japon, entre Tokyo et Kyoto. C’est le pays de la modération, où les transports sont parfaits, propres, silencieux… Là, vous arrivez et vous cassez tout dans ce train.
Oui, effectivement, mais je suspecte que dans la vraie vie, ce ne soit calme qu’en apparence et qu’en coulisses, ils soient aussi fous que nous. Je fais ce voyage magnifique entre Tokyo et Kyoto… C’est vrai, dans le film, rien ne se passe comme prévu ! Tout explose.
« Pour résumer, c’est un film où six ou sept sociopathes se retrouvent dans ce train. Chacun a ses propres intentions, sa raison d’être à bord et tout le monde se met en travers de ça. C’est ce qui crée tout le conflit et l’humour. »
à France 2
C’est un film très drôle, très esthétique, très brutal aussi. Vous savez combien de personnes vous tuez dans ce film ?
C’est l’empreinte de David Leitch [le réalisateur de Bullet Train], qui est un vieil ami et qui a commencé comme cascadeur. Il a continué en travaillant sur John Wick, puis a été réalisateur de DeadPool 2. Sa patte, c’est la rencontre entre l’ultraviolence et l’humour avec grande énergie cinétique, c’est ça qui rend le film fun et parfait pour l’été.
Vous parlez de votre relation avec David Leitch. Il a commencé comme cascadeur ; il a même été votre doublure dans certains films comme Fight Club. Vous vous connaissiez donc depuis très longtemps ?
Tout à fait ! La première fois qu’on s’est rencontrés, c’était sur Fight Club : il était ma doublure cascade. Il était très bon, expert en entraînements au combat. Ensuite, on a fait Le Mexicain, Mr et Mrs Smith, Troie… Ça fait trois films. A chaque fois, il m’a aidé à développer le personnage, ce que je voulais voir à l’écran, et maintenant c’est lui l’auteur du film et je travaille pour lui, et c’est à lui que j’obéis. La boucle est bouclée en quelque sorte… Mais il m’avait déjà dit à l’époque de Mr et Mrs Smith qu’il voulait devenir réalisateur. J’avais répondu : « Ouais, ouais, comme tout le monde… Bonne chance, mon pote ! » Et voilà, il a réussi.
Dans ce film, vous réalisez vos propres cascades, comme vous l’aviez fait dans Once Upon a Time in Hollywood. Ça s’est bien passé ? Il n’y a pas eu de blessures ?
(Rires) Ah, on rentre toujours chez soi avec des bleus, parfois un peu de sang ! C’est très clairement arrivé à Aaron [Taylor-Johnson, acteur à l’affiche de Bullet Train]. Mais on a fait ça avec beaucoup de prudence, tout était sécurisé. C’était dans un studio car nous étions en plein confinement. Et ce n’étaient pas seulement des combats : il y a beaucoup de comédie dedans, un peu à la Jackie Chan, vous voyez – qui est quelqu’un de vraiment sous-estimé, pour qui on a beaucoup de respect. Donc tout a été conçu avec beaucoup de sécurité, pour créer de l’humour, pour servir les personnages… mais également pour rajouter cette ultraviolence.
Donc ça y est, vous êtes un cascadeur ? Vous avez aimé ?
Pas vraiment… Non, je suis un acteur plus paresseux ! Vous voyez, il y a Tom Cruise : lui, il fait tout, du genre à s’accrocher à la carlingue d’un avion… Eh bien moi, je suis l’autre gars ! Je dis plutôt : « Non, écoute, vas-y, moi, je vais aller me prendre un café, je vais regarder et ensuite dire ‘merci beaucoup’. »
Ces dernières années, vous surprenez davantage dans vos rôles, avec des personnages qui sont assez éloignés de l’image qu’on pourrait avoir de vous…
Je suis un fana de films. J’ai toujours aimé tous les films. J’aime les films avec De Niro, j’aime les films avec Will Ferrell, j’aime ce que font les nouveaux acteurs ou actrices, comme Jodie Comer dans Killing Eve… Bref, j’aime beaucoup mélanger. J’aime plein de films différents, et je veux tourner dans autant de genres possibles.
« Et ce film, Bullet Train, est arrivé alors qu’on était en plein confinement. On commençait tous un peu à devenir fous, il y avait cette espèce de dépression et les gens devenaient vraiment angoissés. Et j’ai lu ce scénario et ça m’a juste fait rire. »
à France 2
Je me suis dit : vu l’époque, cette époque difficile, ce sera parfait de sortir ce film maintenant, quand les gens peuvent enfin ressortir et profiter de la vie.
Vous vous tournez aussi beaucoup vers la production, vous avez d’ailleurs obtenu un Oscar en tant que producteur en 2014 et un autre pour le meilleur acteur en 2020. A quand un Oscar en tant que réalisateur ? Est-ce que ça vous plairait ?
Non, ça n’a jamais été mon objectif. En réalité, on a eu beaucoup de chance, avec ma société de production, d’obtenir un Oscar dans la catégorie meilleur film. C’est une grande source de fierté, mais ça n’a jamais été le but. Mes partenaires et moi, ce qu’on aime, ce sont les histoires, on adore les artistes. On essaie d’avoir les meilleures histoires, d’aider les artistes à faire ce qu’ils veulent faire… et de faire les meilleurs films possibles. C’est ça, notre projet.
Vous produisez des films d’auteur, indépendants, en soutenant de jeunes acteurs. Qu’est-ce qui vous plaît dans ce rôle de mécène, de soutien pour le cinéma ?
Oui, on travaille avec des talents reconnus et des talents émergents. Ça nous rend très fiers de donner des opportunités à ces derniers. C’est une grande chance. Mais au fond, c’est juste le fait d’adorer ce que font les autres. Par exemple, on a Joey King dans notre film : elle en impose ! On a une autre série, Paper Girls, qui va sortir avec de jeunes femmes et c’est formidable de voir comment elles s’approprient les choses. Il y a toujours des décisions à prendre dans une scène. Vous regardez les acteurs et vous vous demandez s’ils vont aller à droite, s’ils vont aller à gauche… Et quand ils décident de faire quelque chose auquel je n’aurais jamais pensé, moi, parfois, je pourrais littéralement hurler de plaisir devant l’écran ! C’est juste le fait de faire partie de tout cela.
Quel est votre point de vue de producteur sur l’état du cinéma aujourd’hui ? Il y a eu le Covid ; en France, le nombre d’entrées continue de chuter. Et il y a la concurrence des plateformes, comme Netflix… Est-ce que ça vous inquiète ?
Pas vraiment. Il faut avancer avec son temps, suivre ce que l’époque nous dicte surtout. J’aime qu’il y ait des films en plus sur les plateformes de streaming.
« J’aime le fait qu’on puisse avoir l’expérience du grand écran et celle des plateformes. »
à France 2
Je ne pense pas que le grand écran va dépérir. Certes, c’est plus difficile de couvrir le coût des films qui sont diffusés ainsi, donc le streaming permet de trouver de nouveaux talents, de sortir plus de nouvelles histoires… Je suis allé voir Elvis au ciné avec le jeune Austin Butler. Il tue tout à l’écran ! C’était génial de voir ça et d’être avec d’autres personnes pour le voir. On a besoin de cette expérience pour ce genre de films, et Bullet Train est un bon exemple. Quand les gens commencent à rire dans une salle, c’est contagieux et c’est formidable. Mais encore une fois, il y a de la place pour le streaming et cette dichotomie me plaît.
Vous avez commencé votre carrière d’acteur très jeune, mais auparavant, vous aviez suivi des études pour être… journaliste. Alors le journaliste Brad Pitt, que demanderait-il à l’acteur d’aujourd’hui ?
Alors, je n’étais pas très bon là-dedans ; c’est d’ailleurs pour ça que ça n’a pas duré ! Donc je ne suis probablement pas la meilleure personne pour répondre à cette question. Je ne sais pas… Ce que je peux dire, c’est que je suis content qu’on puisse davantage parler des difficultés, des épreuves qu’on traverse. J’ai l’impression qu’avec le temps, on peut de plus en plus faire face à nos faiblesses, les mettre sur la table et même y trouver de l’humour. Et merci à la comédie et aux comédiens de nous permettre de rire de nous-mêmes. En réalité, je ne pourrais pas ajouter quoi que ce soit à ce que vous faites.
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