La place des réalisatrices dans les fictions télé françaises reste largement minoritaire. Selon Laurence Bachman, productrice et coprésidente de l’association Pour les Femmes Dans les Médias, 8 % des fictions françaises sont réalisées par des femmes et 18 % sont coréalisées par une femme. Ces chiffres ont été communiqués lors d’un débat mené jeudi dans le cadre du 22e Festival des créations télévisuelles, qui se tient jusqu’au 9 février à Luchon (Haute-Garonne).

Ce déséquilibre hommes/femmes se retrouve également dans les postes de production. Et même dans les rôles présents à l’antenne. La réalisatrice Claire de La Rochefoucauld estime ainsi que les hommes représentent 70 % des personnages.

Le débat regroupait aux côtés de Laurence Bachman (membre du jury Fiction du festival) et de Claire de La Rochefoucauld, la directrice déléguée à la diffusion et à l’innovation à l’INA Agnès Chauveau et la productrice Julie Gayet. Cette dernière présente à Luchon le troisième volet de son documentaire Filmmakers qui explore les conditions de travail des réalisatrices à travers le monde. Les quatre femmes ont réclamé la mise en place de quotas pour favoriser la parité dans les fictions télévisuelles françaises.

Une position qui se veut mesurée

Si la parité est l’objectif à long terme, les femmes présentes lors de ce débat ne réclament pas des quotas à 50 %. « On n’est pas extrémistes, on est plein de bon sens et on fait avec la réalité », explique Laurence Bachman, citée par l’AFP. Face à la crainte répandue qu’une obligation légale nuise à la créativité, les créatrices réclament dans un premier temps un niveau minimum de 30 % de femmes.

L’INA prépare par ailleurs une grande étude sur la place des femmes dans les fictions françaises de ces dix dernières années. « Pour que les femmes comptent, il faut les compter », justifie Julie Gayet, citée par une consœur du Parisien
envoyée spéciale à Luchon.

Le ministre sur la réserve

Le ministre de la Culture Franck Riester a indiqué vendredi qu’il préférait aux quotas « des mesures incitatives » pour augmenter le nombre de femmes réalisatrices à la télévision. Côté cinéma, Le CNC a déjà créé l’année dernière un bonus de 15 % dans ses subventions aux films dont les équipes intègrent autant de femmes que d’hommes à des postes d’encadrement clés.

Le ministre ne s’oppose cependant pas totalement à l’idée de quotas obligatoire. Franck Riester a indiqué que « s’il fallait passer » par cette méthode, il s’y résoudrait.

A Luchon, Nadège Beausson-Diagne a rappelé que ce combat pour l’égalité femmes/hommes ne devait pas oublier la diversité des créatrices. En 2018, la comédienne avait cosigné le livre Noire n’est pas mon métier, dans lequel les actrices françaises noires témoignaient du racisme subi dans leur carrière.

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