Entre drame social et polar, Dérapages est une série intéressante et hybride. A ne pas manquer sur Netflix !
A l’instar de Get Out, The Eddy et Space Force, Dérapages est à ne pas manquer en mai sur Netflix. Diffusée en avril dernier sur la chaîne Arte, la série est désormais disponible sur la plateforme de streaming Netflix. Avec cette mini-série adaptée du roman Cadres Noirs de Pierre Lemaître, Ziad Doueiri est du retour du côté du petit écran après avoir signé le thriller politique Baron Noir. Tout en gardant une tonalité similaire à cette dernière, le réalisateur choisit cette fois-ci avec Dérapages d’interroger le système capitaliste à travers l’histoire d’Alain Delambre (Eric Cantona), ancien DRH licencié il y a six ans pour son âge trop avancé, contraint désormais d’enchaîner les petits boulots. L’espoir renaît cependant lorsque Alain est contacté par un cabinet de recrutement. Derrière celui-ci, le PDG d’Exxya, une multinationale de l’aéronautique en difficulté dirigée par Alexandre Dorfmann (Alex Lutz) qui prépare un plan massif de licenciement pour une de ses filiales. A cette fin, le Président souhaite trouver la personne qui sera en charge d’un tel processus, et est prêt à tout, même à simuler une prise d’otage.
Thriller social, Dérapages pourrait rappeler au premier abord les drames sociaux tels que La Loi du Marché avec Vincent Lindon pour lequel l’acteur recevait le Prix d’Interprétation Masculine à Cannes en 2015. Comme Thierry dans le film, Alain Delambre tente dans la série, tant bien que mal de trouver un emploi et va de déceptions en déceptions. Avec son épouse, Nicole (Suzanne Clément), il doit gérer un budget serré à mesure que les factures s’accumulent. Ils essaient à tout prix de sauvegarder l’essentiel : leur appartement. Et cela parfois au détriment de leur relation. Dans les premiers épisodes, on rentre dans l’intimité de ce couple de cinquantenaire redoutant la misère qui est sur le point de les accabler. Aucun détail n’est épargné, à mesure que la dépression d’Alain prend de l’ampleur, ce dernier se faisant le narrateur de sa propre descente aux Enfers.
Une vision qui apparaît originale mais aussi particulièrement théâtrale, lorsqu’elle est couplée à l’intrigue principale de la série. Si Dérapages a l’ambition de mettre en scène une prise d’otage fictive, cette mini-série filme aussi les coulisses des grandes firmes internationales ainsi que les rouages du monde du travail. Poussif et abusif, ce jeu de rôle n’est finalement qu’une métaphore afin de dénoncer les travers du système libéral. Engagée, Dérapages est au service d’un propos militant mais aussi divertissant. Sur six épisodes, le personnage incarné avec justesse par Eric Cantona dévoile sa noirceur et sa dualité, l’homme parfois brut de décoffrage se révélant tour à tour, attachant, désespéré mais aussi imprégné d’une certaine folie.
Le comédien nous offre une palette d’émotions qu’il ne cesse d’aiguiser grâce au talent du casting qui l’entoure. Suzanne Clément, Alex Lutz et Gustave Kervern viennent en effet compléter une distribution épatante. Malgré quelques longueurs, Dérapages se veut être un polar prenant alliant la fresque familiale à la chronique judiciaire. Plusieurs éléments se mêlent et l’image de la prise d’otage prend finalement plusieurs aspects. Aux otages fictifs se mêlent, ceux du système. Bien qu’elle se permette par moment certaines caricatures et effets de scénario simplistes, Dérapages est toutefois une mini-série intelligente qui en mélangeant les genres, vaut le détour ! Dans un tout autre registre, découvrez aussi White Lines, la nouvelle série à suspense du créateur de La Casa des Papel disponible aussi sur Netflix.
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