- Denis Ménochet incarne un cinéaste tyrannique inspiré de Rainer Werner Fassbinder, créateur génial et caractériel au tempérament autodestructeur, dans « Peter Von Kant », le nouveau film de François Ozon.
- Le réalisateur de « Grâce à Dieu » a su encourager le comédien à lâcher prise notamment face à Isabelle Adjani en actrice sur le retour.
Et si Denis Ménochet était vraiment un immense acteur ? Il le prouve en tout cas dans Peter von Kant de François Ozon. Déjà épatant dans Seules les bêtes, Grâce à Dieu et Jusqu’à la garde, l’acteur atteint un palier supplémentaire en incarnant un cinéaste solitaire et tyrannique inspiré par Rainer Werner Fassbinder.
« C’est François Ozon qui m’a galvanisé, explique le comédien à 20 Minutes. Quand il m’a annoncé qu’il allait porter à l’écran Les Larmes amères de Petra von Kant en me confiant le rôle principal, j’ai d’abord eu du mal à me faire à l’idée. » Le cinéaste allemand avait adapté sa pièce de théâtre au cinéma en 1971. François Ozon transpose l’intrigue dans le monde du 7e art et choisit de la centrer sur trois personnages masculins.
Génial, mais odieux
« François Ozon m’a fait aller très loin dans l’impudeur, me poussant à un lâcher-prise total », insiste Denis Ménochet qui lui a accordé une confiance absolue. Entre son assistant mutique qu’il martyrise (Stefan Crépon, une révélation) et l’acteur dont il veut faire sa chose (Kalil Ben Gharbia à la beauté envoûtante), l’homme plonge dans une dépression qui n’épargne pas ses proches. « C’est un grand créateur mais un salaud autodestructeur, explique Denis Ménochet. Son génie n’excuse en rien son attitude odieuse. »
Isabelle Adjani en actrice sur le retour, Hannah Schygulla (qui fut la muse de Fassbinder dans la vraie vie) en mère dépassée et Aminthe Audiard en fille méprisée apportent des compositions féminines talentueuses dans ce huis clos plutôt masculin. Denis Ménochet, à la fois impérial et fragile, se fait haïr et aimer de son entourage comme du spectateur tant il fait ressentir la douleur d’une descente aux enfers qu’il est incapable de freiner.
Une forme de suicide
« Sa passion douloureuse est une forme de suicide, reconnaît Denis Ménochet. C’était un homme torturé et ce n’était pas facile de plonger dans sa tête. Heureusement que j’avais François Ozon pour m’aider à nager. » On retiendra une scène sensuelle où le héros danse en petite tenue avec l’homme qu’il aime comme un exemple parfait du naturel fracassant auquel est parvenu Denis Ménochet. « Me déshabiller devant l’équipe n’était pas facile pour moi, mais oser dépasser mes limites pour ce rôle m’a probablement fait du bien », reconnaît-il. Tout en bousculant son personnage, impitoyablement.
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