• Scream, le cinquième film de la saga, sort au cinéma en France le 12 janvier 2022.
  • En 1997, le premier Scream est une petite révolution, à la fois réflexion sur le cinéma de genre et pur slasher qui relance alors une mode.
  • De la parodie Scary Movie au déguisement de Ghostface prisé pour Halloween, Scream a marqué la pop culture grâce à ses personnages et ses suites.

La sortie d’un nouveau – le cinquième – Scream en salle mercredi a forcément réveillé quelques souvenirs, et traumas, jusqu’au sein de
la rédaction de 20 Minutes. En effet, même si elle est plus jeune que ses grandes sœurs (de sang) Halloween, Vendredi 13 ou Freddy, la franchise a laissé sa trace (de sang… ok on arrête) dans l’histoire du
slasher en particulier, et du cinéma de genre en général. Et même du box-office.

Judith de la chaîne YouTube Demoiselles d’horreur, qui met un coup de projecteur sur les personnages féminins des films d’horreur, n’a pas découvert le premier film à sa sortie en 1997, mais plus tard : « On m’avait dit que c’était un film assez drôle, avec de l’autodérision, mais moi, je me souviens surtout de la première scène, un choc ».

« « Scream » a participé à ma découverte du genre »

Elle avait 12 ans et donc pas forcément toutes les références avec lesquels jouent le scénariste Kevin Williamson et le réalisateur Wes Craven : « C’est le premier slasher que j’ai vu, mais j’aimais déjà le cinéma d’horreur et des films comme La Nuit du chasseur ou La Mouche. Scream a, en revanche, clairement participé à ma découverte du genre, et ses sensations effrayantes et stimulantes ». Marie Casabonne, une des autrices de l’ouvrage collectif Slashers (Vents d’Ouest), réussit à voir le film « grâce à un petit trafic de VHS avec ceux qui avaient Canal+ à l’époque ». Mais surtout, elle découvre Scream en même temps que Les Griffes de la nuit, soit le film méta et les références, et une « bonne période Wes Craven », puisque les deux sont réalisés par le master of horror.

« Il faut rappeler le contexte, détaille la spécialiste. Le slasher est un peu mort, depuis au moins le milieu des années 1980, et l’horreur en général est sur le déclin, avec des sagas qui s’enlisent dans des suites comme Jason va à Manhattan, en enfer ou dans l’espace. » Si Scream doit beaucoup à la mise en scène de Wes Craven, il ne serait rien sans l’apport de Kevin Williamson, alors scénariste inconnu de 25 ans et fan de films d’horreur. Ce script, sous le titre original Scary Movie, est sa dernière chance pour percer à Hollywood. La légende, parce qu’il en faut toujours une, raconte qu’il s’est enfermé trois jours pour l’écrire, avant de le vendre pour 400.000 dollars à Miramax, la société d’Harvey Weinstein et son frère Bob.

Des personnages plus consistants et plus identifiables

Si l’approche méta participe à l’originalité de Scream, explique-t-elle à elle seule le succès critique et public du film ? Judith rappelle que le film Popcorn de Mark Herrier était déjà passé par là en 1991, avec ses meurtres en plein festival de films d’horreurs organisé par des étudiants en cinéma, ainsi que Freddy sort de la nuit sorti trois ans plus tard et réalisé par un certain Wes Craven. « Lorsqu’un genre s’essouffle, le revisiter de manière consciente permet de le redécouvrir et le ressusciter, c’est ce que Scream a réussi avec le slasher, et à une échelle encore jamais vue alors. »

Pour Marie Casabonne, le film est aussi et surtout le mélange parfait de deux genres, le slasher donc et le teen movie à la John Hughes, « avec des personnages plus consistants et plus identifiables. Ils ne sont plus juste de la chair à canon ». Mieux : « Ils sont fans de films d’horreur comme les spectateurs et spectatrices dans la salle, ils connaissent les codes du film qu’ils sont en train de vivre et peuvent agir en conséquence… ou non. » Ils cherchent aussi, comme nous, qui est le tueur.

Les vrais héros sont les survivants et non le tueur

Car Scream opère un changement de paradigme, note l’autrice de Slashers : « Avant, c’était le tueur qui revenait de film en film, à l’instar de Michael Myers, Jason Voorhees ou Freddy Krueger. Mais là, le tueur meurt à la fin et une autre personne revêt le masque de Ghostface. Les vrais héros sont les survivants, le trio Sidney, Gale et Dewey ». Ils sont d’ailleurs de retour dans le nouveau Scream. Judith de Demoiselles d’horreur abonde : « Sidney Prescott, interprétée par Neve Campbell, redéfinit la figure de l’héroïne de slasher, la fameuse final girl, car elle reprend le contrôle de l’histoire. Ce n’était pas le cas avant, et c’est important pour les nouvelles générations, d’avoir ces nouvelles représentations, des personnages forts et complexes ».

Des suites de qualité

De la parodie Scary Movie au déguisement de Ghostface, l’un des plus vendus à Halloween, Scream a marqué la pop culture, et traversé les décennies et les générations grâce à des suites « toujours de qualité », commente Marie Casabonne. « Il n’y a pas eu de lassitude comme avec d’autres sagas, et bien qu’elle soit méta, la franchise n’est jamais tombée dans la parodie, est restée sérieuse et respectueuse. » Selon Judith, Scream a beau avoir lancé la mode du néo-slasher, avec Souviens-toi l’été dernier ou Urban Legend, il est resté le maître étalon du genre.

La franchise a également accompagné l’évolution du cinéma de genre, du public, voire de la société, en s’amusant avec les notions de suite, de film-dans-le-film et même de célébrité à l’ère des réseaux sociaux dans Scream 4. Et le prochain film, qui avance masqué… à la fois suite, revival ou reboot ? Le contexte est différent 25 ans après. L’horreur règne sur le box-office avec les productions Blumhouse, s’invite dans les festivals et les cérémonies avec l’elevated horror de Jordan Peele et Ari Aster, et même
la saga Halloween  est revenue d’entre les morts. Sans oublier une autre franchise devenue culte : Scream !

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