« Ne donnez pas de coke à un ours. » C’est avec cette maxime que le film Cocaine Bear a fait sa promotion, mercredi 28 novembre, deux jours avant la diffusion de la bande-annonce par les studios Universal. Le pitch : une bande de policiers, de criminels, d’ados et de touristes se retrouvent poursuivis dans une forêt par un ours dopé malgré lui à cocaïne.
Réalisé par Elizabeth Banks pour une sortie prévue en février aux Etats-Unis et en mars en France, il met à l’affiche Keri Russell, la star de la série The Americans, et Ray Liotta (Les Affranchis). Il s’agit du dernier rôle de l’acteur, mort en mai à 67 ans.
Le scénario s’inspire d’une histoire vraie, aussi originale que le film. Le 11 septembre 1985, le corps d’un trafiquant de drogue est retrouvé dans une allée de quartier à Knoxville, dans le Tennessee. Andrew Thornton, fils de riches éleveurs de chevaux du Kentucky passé par l’armée américaine, ex-agent de la police des stupéfiants de Lexington et ancien avocat, porte des lunettes de vision nocturne, un gilet pare-balles et des mocassins Gucci, listeThe Independant*. Les enquêteurs retrouvent aussi sur lui 4 500 dollars en espèces, deux armes à feu, plusieurs couteaux et une clé d’avion.
L’appareil est retrouvé écrasé quelques heures plus tard dans les montagnes de Caroline du Nord. Neuf sacs de voyage remplis de cocaïne se trouvent autour de la carcasse. Selon les enquêteurs, cités dans une dépêche de l’époque de l’agence de presse AP*, Andrew Thornton a fait une chute mortelle lorsqu’il a sauté de l’avion en parachute parce qu’il portait une charge trop lourde sur lui.
Un ours découvert à côté d’un sac de cocaïne
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Trois mois plus tard, elle rebondit avec la découverte d’un ours mort dans la forêt nationale de Chattahoochee, au sud de la frontière entre le Tennessee et la Géorgie. Les enquêteurs tombent sur le grizzly alors qu’ils sont à la recherche du dixième sac de voyage tombé de l’avion. « L’ours l’a eu avant nous, il a déchiré le sac, a pris de la cocaïne et a fait une overdose », résume à la presse Gary Garner, un des policiers. Selon lui, l’animal était décédé depuis quatre semaines au moment de sa découverte.
« Il ne reste rien d’autre que des os et une grosse peau.″
à l’agence AP
Un sac de voyage et 40 paquets déchirés qui contenaient chacun un kilo de cocaïne sont identifiés près de l’ours, soit un festin de… 20 millions de dollars. Toutefois, le médecin légiste interrogé par AP* doute que l’animal ait tout absorbé : trois ou quatre grammes de cocaïne figuraient dans son sang, « bien qu’il ait pu en manger plus », précise l’autopsie.
Pour autant, le film va bien plus loin que la réalité : Elizabeth Banks a imaginé un ours déchaîné par la cocaïne, qui s’en prend à tout ce qui bouge. « Disons que le script s’inspire de l’histoire vraie de cet ours mais prend énormément de libertés, reconnaît auprès du magazine Premièrela réalisatrice. Qui sait à quoi ressemble vraiment un ours sous cocaïne ! » L’autopsie en donne en aperçu : « Hémorragie cérébrale, insuffisance respiratoire, hyperthermie, insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, attaque. Tout ce que vous voulez, cet ours l’avait », rapporte le médecin légiste au site de la marque Kentucky for Kentucky*, qui a pignon sur rue à Lexington.
Un périple jusqu’à Las Vegas avant de revenir dans le Kentucky
Selon Kentucky for Kentucky, l‘ours empaillé figure désormais dans ses locaux, après avoir été exposé dans un centre pour visiteurs, vendu au début des années 1990 par un prêteur sur gages à la légende de la country, Waylon Jennings. Ce dernier l’aurait offert à un ami parti faire fortune à Las Vegas. A la mort de ce dernier, l’ours aurait été vendu aux enchères pour 200 dollars, avant que Kentucky For Kentucky ne retrouve l’acheteur. Celui-ci aurait utilisé l’ours comme décoration dans son magasin de médecine traditionnelle chinoise.
Lorsqu’il est décédé en 2012, sa femme aurait vendu l’entreprise mais conservé l’animal et le donne à la marque. C’est ainsi que l’ours, rebaptisé « Pablo Eskobear », jeu de mots (« bear » signifie ours en anglais) en référence au baron de la drogue colombien Pablo Escobar.
Avant de finir sur grand écran, l’histoire du pauvre animal et surtout de l’opération de contrebande qui a conduit à son funeste destin a été racontée en 2016 dans le livre de la journaliste Sally Denton, The Bluegrass Conspiracy.
*Les liens avec un astérisque renvoient des contenus en anglais.
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