Le premier film de l’acteur Jesse Eisenberg (Mark Zuckerberg dans The Social Network), une plongée noire et mystique à Barbès, des films inclassables venus de Téhéran, de Colombie ou du Royaume-Uni… La liste des onze films qui seront projetés pour la 61e édition, du 18 au 26 mai au modeste Espace Miramar, à un kilomètre du tapis rouge de l’imposant Palais des Festivals a été dévoilée mercredi 20 avril.

Ils sont fidèles à l’esprit de défrichage de cette section, qui prend un nouveau départ dans un créneau encombré : la Quinzaine des réalisateurs, qui cherche un successeur à son patron, le quadra Paolo Moretti, programme elle aussi de nombreux premiers longs, et du côté du Festival, le délégué général Thierry Frémaux recentre la sélection « Un Certain Regard » sur les jeunes talents.

Ava Cahen, nouvelle déléguée générale

A 35 ans, Ava Cahen, spécialiste notamment de Woody Allen et des séries, présente sa première sélection de la Semaine de la Critique. Elle prend les manettes d’une institution qui entend continuer de découvrir des talents, de Ken Loach, Guillermo Del Toro ou Wong Kar Wai au siècle dernier, jusqu’au cinéma ultra-contemporain de Julia Ducournau, venue à la Semaine avec Grave en 2016, et couronnée l’an dernier de la Palme d’or pour son deuxième film, Titane.

La plus jeune sélectionneuse de l’histoire de cette section succède au sexagénaire Charles Tesson, qui a tenu la barre pendant dix ans, et dont elle veut « poursuivre la même ambition », qui passe par une radiographie permanente de la jeune création.

1% des 1100 films visionnés

Cette année, les sélectionneurs ont visionné 1100 longs métrages, pour n’en retenir… que 1% ! « Il faut être très près du sol quand on est cueilleur de jeunes talents », résume Ava Cahen, qui écume avec ses équipes ateliers aux quatre coins du monde et commissions de lecture de scénarios pour dénicher des pépites. La sélection a été conçue « comme une invitation au voyage, à la rêverie, à l’imagination », résume-t-elle.

Dans un monde du cinéma qui peine à laisser toute sa place aux femmes, sa nomination est un signal de plus, le paysage des festivals restant dominé par les hommes, du patron de la Mostra de Venise, Alberto Barbera, 72 ans, au directeur artistique de la Berlinale, Carlo Chatrian, 50 ans, en passant par José Luis Rebordinos (61 ans) à San Sebastian.

La nouvelle déléguée générale a confié la présidence du jury à la cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania, jeune talent à la fois politique et onirique, remarquée avec La Belle et la meute (2017), sur les violences sexuelles, et L’Homme qui a vendu sa peau (2020), sur l’immigration.

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« Porte-voix de la jeune génération »

Mais « il ne faut pas trop intellectualiser les choses », précise Ava Cahen, qui doit son prénom à « l’amour éternel » de ses parents pour l’actrice hollywoodienne Ava Gardner : « Le cinéma, on le vit, on le sent, il passe à travers notre peau et notre corps ». Journaliste critique de cinéma, elle est aujourd’hui l’un des piliers du Cercle, l’émission cinéma de Canal+, dUne heure en séries sur France Inter, et a lancé FrenchMania, une revue sur le cinéma français.

A l’heure des réseaux sociaux, et du streaming à tout va, le métier de critique, né avec les salles obscures, a de l’avenir devant lui, défend-elle : « C’est un travail fondamental de porte-voix vis-à-vis de la jeune génération d’auteurs. Le critique doit mettre en mouvement le spectateur, l’engager à aller au cinéma. C’est d’ailleurs aussi toute la mission de la Semaine de la critique ».

Les longs métrages sélectionnés 

En compétition 

Aftersun de Charlotte Wells
Alma Viva de Cristèle Alves Meira
Dalva d’Emmanuelle Nicot
La Jauría d’Andrés Ramírez Pulido
Nos cérémonies de Simon Rieth
Tasavor (Imagine) d’Ali Behrad
Metsurin tarina (The Woodcutter Story) de Mikko Myllylahti

Séances spéciales, longs métrages

When You Finish Saving The World de Jesse Eisenberg (film d’ouverture)
Goutte d’Or de Clément Cogitore
Tout le monde aime Jeanne de Céline Devaux
Da-eum-so-hee de Jung July (film de clôture)

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