Deuxième films réalisé par l’acteur américain Edward Norton (Fight Club, L’Illusionniste), Brooklyn Affairs colle aux codes du film noir en reconstituant le New York des années 50 avec un soin maniaque. Sur les écrans à partir du mercredi 4 décembre, une histoire alambiquée avec une petite folie à la clé : le syndrome de Gilles de la Tourette…

Harlem

Lionel Essrog (Edward Norton) enquête sur l’assassinat de son mentor et détective (Bruce Willis). Atteint du syndrome de Gilles de la Tourette, il ponctue ses phrases de propos incompréhensibles qu’il ne peut maîtriser. Son handicap va devenir un atout dans ses investigations. Elles le mènent sur le terrain de l’immobilier et d’un nabab véreux à New York.

Warner Bros.

Comme Orson Welles qui voyait la mise en scène comme « un grand train électrique« , Edward Norton créé le sien. Son train à lui, c’est de réaliser un film noir dans la plus pure tradition, comme s’il avait été réalisé à la grande époque (Le grand Sommeil, Le Faucon maltais, La Soif du mal…). Il actualise le genre en y introduisant une thématique raciale, l’intrigue tournant autour de la conquête de Harlem au dépens des populations afro-américaines qui l’habitent. On pense à Chinatown autre histoire de famille, le monde de l’immobilier remplaçant celui de la distribution d’eau dans le film de Polanski.

Rien n’a changé

Edward Norton charme par sa reconstitution au cordeau du New York des années 50, il capte l’attention dès la première scène avec Bruce Willis, puis séduit avec son héros atteint du syndrome de la Tourette qui le fragilise. Parsemée de rencontres, son enquête est parasitée par ses propos incongrus. Mais son handicap génére des trésors d’associations mentales qui aident ses déductions de  détective.

Alec Baldwin et Edward Norton dans « Brooklyn Affaires » de Edward Norton. (Copyright Warner Bros. France)

Adapté des Orphelins de Brooklyn de Jonathan Lethem (Editions de l’Olivier), Brooklyn Affairs remplit son contrat avec une excellente intrigue qui résonne aujourd’hui, avec la résurgence des nationalismes aux Etats-Unis et dans le monde. Situé avant la reconnaissance des droits civiques aux Etats-Unis (1964), Brooklyn Affairs, le traitement des afro-américains de l’époque fait écho aux discriminations d’aujourd’hui, comme les Mexicains refoulés à la frontière ldes Etats-Unis, les réfugiés vénézuéliens, d’Afrique et du Proche-Orient. Pour Edward Norton, rien n’a changé.

FRANCE 2

La métaphore fonctionne et bénéficie d’une très belle mise en images. On ne peut qu’adhérer, d’autant que le récit fonctionne à merveille. Dommage qu’Edward Norton joue ce détective handicapé un peu gauchement. Visiblement, sa mise en scène complexe l’a plus accaparée que son jeu. Mais on se laisse indéniablement porter par le charme et la beauté de ce film ambitieux et abouti

L’affiche de « Brooklyn Affairs » de Edward Norton. (Warner Bros. France)

La fiche

Genre : Thriller
Réalisateur : Edward Norton
Acteurs : Edward Norton, Gugu Mbatha-Raw, Alec Baldwin, Willem Dafoe, Bruce Willis

Pays : Etats-Unis
Durée : 2h25
Sortie : 4 décembre 2019
Distributeur : Warner Bros. France

Synopsis : New York dans les années 1950. Lionel Essrog, détective privé souffrant du syndrome de Gilles de la Tourette, enquête sur le meurtre de son mentor et unique ami Frank Minna. Grâce aux rares indices en sa possession et à son esprit obsessionnel, il découvre des secrets dont la révélation pourrait avoir des conséquences sur la ville de New York… Des clubs de jazz de Harlem aux taudis de Brooklyn, jusqu’aux quartiers chics de Manhattan, Lionel devra affronter l’homme le plus redoutable de la ville pour sauver l’honneur de son ami disparu. Et peut-être aussi la femme qui lui assurera son salut…

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